Chapitre 26 - Manipulations

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La nuit avait été longue pour Thibaut. Son compagnon de cellule avait été blessé lors d'une bagarre dans la cour. Il avait gémit toute la nuit, ce qui l'avait empêché de dormir. Il en avait profité pour réfléchir à nouveau à la situation. Les doutes étaient devenus des certitudes. Karin était l'instigatrice depuis le départ. Elle avait tué Georges parce qu'il la menaçait de tout révéler à Christine et quand Roman avait fait pareil elle l'avait éliminé aussi. Pourtant, ce tableau sombre et lugubre dépeint sur elle ne reflétait pas l'image qu'il avait eue de cette femme durant ces deux dernières années. Il l'avait connue comme une personne joyeuse, toujours pleine d'énergie, heureuse de partager, le cœur sur la main. Mais que lui était-il arrivé ?

Lorsqu'il fermait les yeux et qu'il repensait à elle, il la voyait encore avec ses minuscules chaussures laquées noire montée sur des talons démesurés pour masquer sa petite taille. Ses cheveux bouclés couleur feu tombaient merveilleusement bien sur ses épaules étroites. Son corps de petite fée venue du paradis se déhanchait gracieusement lorsque le son de leur musique préférée chatouillait leurs oreilles. Son sourire éclatant lui rappelait à quel point elle pouvait être radieuse et bénie jour après jour par la déesse de la beauté. Mais lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne pouvait s'empêcher de penser que cet éclat n'était qu'une façade qui dissimulait un cœur érodé et lacéré par un nid de verres tranchants. Son for intérieur ne pouvait être qu'habité par les rois de l'atrocité, les caves de son cœur rongées par des rats noirs affamés de vengeance. L'entre de ses désirs peuplés d'araignées virulentes échafaudant des pièges infaillibles, dressant leurs toiles sans remords dans l'attente de trucider leurs proies innocentes.

Le gardien interrompit ses pensées macabres. Thibaut recevait la visite de son avocat. En un clin d'œil, il se leva et suivit le gardien jusqu'à la pièce prévue à cet effet.

- Bonjour, monsieur Denale ! s'exclama vivement son avocat.

- Vous êtes bien matinal... je suppose que vous avez des nouvelles.

- Tout à fait. Je suis venu dès que j'ai su.

- Vous avez enfin les résultats d'expertise sur la voiture ?

- Oui... il ne s'agit pas d'un accident. On a la preuve qu'on a trafiqué la voiture de Roman. J'ai envoyé tous les documents au parquet. Il y a également autre chose.

- Quoi dont ?

- On a retrouvé un bijou coincé entre le moteur et les câbles. Nous avons pris une photo du bijou en question. Il s'agit d'un bracelet en or. L'explosion l'a un peu endommagé mais on peu encore clairement visualiser les initiales gravées.

Il lui tendit la pièce à conviction avec une certaine fierté. Les yeux écarquillés, Thibaut le reconnut en un instant.

- C'est le bracelet de Karin !

- Vous en êtes certain ?

- Il contient les initiales de sa mère. Et puis, il n'y en a pas deux comme ça. Karin ne l'enlevait jamais de son poignet. Allez la voir et s'il n'y est plus, c'est que c'est bien le sien.

- Je vais en informer le parquet. Soyez sûr que l'enquête va avancer. Si nous arrivons à prouver que votre future ex-femme est coupable du meurtre de Roman, nous pourrons faire le rapprochement avec son frère.

- Combien de chance j'ai de sortir d'ici ?

- Seul l'avenir nous le dira...

Au même moment, à une centaine de kilomètre de la prison, Karin ouvrait à peine les yeux. Il faisait sombre, l'atmosphère était lourde et les tentures fermées. Elle voulut bouger mais quelque chose l'en empêchait. Son corps était fatigué et endolori. Ses muscles criaient à la douleur tandis qu'elle avait du mal à battre des paupières.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant