Chapitre 39 - Confrontation

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Sa tête tournait si fort qu'elle dû s'assoir pour éviter de tomber à terre comme une vulgaire loque qu'on venait d'essorer violemment. La lettre s'échappa de ses mains, virevoltant lentement jusqu'à toucher le sol.

Elle n'avait plus de larme, pourtant son cœur pleurait. Elle n'avait plus de force, pourtant son sang bouillait tel un volcan prêt à exploser de plus belles. Pâle comme la mort, elle ne bougeait plus, fixant sans relâche la fenêtre qui lui offrait une vue panoramique des tristes monuments de Paris.

Un silence implacable lui collait à la peau et l'empêchait de hurler. Ses membres engourdis lui rappelaient qu'elle devait bouger pour survivre à nouveau à cette terrible épreuve. Ecrasée par le poids de la souffrance, elle dû s'extirper de sa torpeur pour revenir enfin à la réalité.

Le visage de Julian se dessinait encore sur les reflets de la fenêtre. Il souriait.

Effrayée, elle recula de quelques pas et détourna son regard. Elle avait beau respirer de toutes ses forces, elle étouffait. Toute l'intensité de ce qu'elle ressentait était quintuplée jusqu'à ce que la douleur déchire l'antre de son cœur, l'échafaudage de ses sentiments.

Elle eut à peine la force d'appuyer sur le bouton du téléphone avant de s'effondrer à terre, vidée complètement de ses forces vitales.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Adrien l'appelait doucement. Elle était couchée sur le divan.

- Est-ce que ça va, madame Andreotti ?

- Oui... oui... dit-elle en se relevant lentement. J'ai simplement eu un malaise.

- Vous feriez peut-être mieux de rentrer chez vous. C'est là qu'est votre place.

- Oui... je vais y aller, répliqua-t-elle encore troublée. Mais avant je dois examiner ces dossiers.

- Bien. Appelez-nous si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Oui, merci.

Il quitta le bureau peu rassuré tandis que Lucie rassembla toutes ses forces pour étudier les dossiers. Lentement, elle se rapprocha de son bureau. Elle s'assit tout en gardant à l'esprit la lettre qu'elle venait de lire. Elle était bouleversée, complètement anéantie par les mots pleins de compassion et d'amour de son défunt mari.

Elle n'arrivait toujours pas à croire que Charlotte était sa mère. Cette nouvelle était renversante et terrifiante à la fois. Ca ne pouvait que renforcer sa détermination à découvrir la vérité.

Elle ouvrit enfin le dossier sur la donation du domaine Turnon. Une infinité de paperasse juridique et légale l'alourdissait. Après quelques minutes de recherche, elle tomba enfin sur les papiers du notaire qui enregistrait la donation elle-même. Choquée, elle découvrit que le domaine appartenait à part entière à Viviane Jamboux avant qu'elle ne lègue l'entièreté à Jean-Jacques Turnon et à son épouse ! Elle tourna les pages rapidement. Après que Julian soit devenu propriétaire du domaine, elle recevait chaque mois un compte-rendu des dépenses effectuées pour les travaux d'entretien. Elle examina chaque facture avec attention. Elle tomba subitement sur une facture qui indiquait des frais à payer à une société de caméras de surveillance. Mais ce qui était le plus intriguant, c'est que celle-ci avaient été remplacées dans les caves. Lucie était bien placée pour savoir qu'il était inutile de placer des caméras dans cet endroit inhabité.

Soudain, son téléphone portable sonna. Elle sursauta avant de décrocher.

- Allô ? dit-elle affolée.

- Lucie ? C'est moi Christine ! Je viens d'apprendre pour Charlotte. Où es-tu ?

- Je suis au bureau. Il fallait que je cherche des preuves qui disculperaient Charlotte. Je viens de les trouver !

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant