Névrose

Chapitre 19 - L'arme du crime

C'est déterminé que Roman se rendit au bureau d'expertise. Il fut accueilli par un responsable, un homme âgé de la soixantaine, la silhouette généreuse et muni d'une longue barbe blanche.

- Je suis vraiment désolé pour votre frère, dit-il machinalement.

- J'aimerai être au courant de tout ce que vous avez découvert. Je ne suis pas seulement son frère, mais je suis l'avocat de la partie civile. Je dois découvrir qui a tué Georges.

- Je suis désolé monsieur, mais il y a une procédure à suivre. Le médecin légiste fera son rapport au chef de la police. Vous pourrez voir avec eux pour les détails.

- J'ai vraiment besoin de connaître ces détails avant la police...

Son interlocuteur resta stoïque.

- Je ne peux décidemment pas vous aider Monsieur Lucano. La personne de contact à la police est monsieur Denale. Thibaut Denale.

- Quoi ? Ne me dites pas que vous allez lui faire part des preuves découvertes sur le corps de Georges ?

- Bien sûr que si ! C'est lui qui est responsable de l'enquête.

Excédé, Roman quitta le bureau d'expertise. La rage au ventre, il se libéra de sa colère en donna un coup de poing au mur de l'établissement. Il cria de douleur avant d'apercevoir Thibaut s'avancer vers lui.

- Décidemment, nous n'arrêtons pas de nous croiser aujourd'hui, s'exclama Thibaut avec une certaine pointe d'ironie.

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- C'est plutôt moi qui devrais vous poser la question...

- Je vous rappelle que c'est le corps de mon frère qu'on examine.

- Et je vous rappelle que je suis responsable de l'enquête. Mon supérieur m'a directement envoyé ici pour parler au médecin légiste.

- Les résultats ne sont pas encore disponibles. Vous pouvez rentrer chez vous. On vous appellera dès que le médecin légiste aura terminé.

Thibaut sourit sournoisement.

- Vous me prenez vraiment pour un idiot, n'est-ce pas ? Depuis le début, vous essayez de m'évincer mon enquête. Vous n'êtes pas ici par hasard. Tout ce que vous faites est calculé dans le seul but de brouiller les pistes.

- C'est étrange, j'aurai pu vous rétorquer la même chose...

- Quoi ? s'exclama-t-il irrité.

Roman s'approcha de Thibaut d'assez près pour le rendre mal à l'aise. Sûr de lui, il débita en paroles telle une bête féroce.

- Vous êtes une ordure, Denale ! Depuis le début, vous avez menez tout le monde du bout du nez. Vous vous croyez intouchable, invulnérable parce que vous avez la chance d'être le chef de l'enquête du votre propre meurtre !

- Je ne vous permets pas ! dit-il en l'empoignant.

- C'est pourtant ce que je crois ! Qu'est-ce que vous croyez que j'ai fait ces deux dernières années ? Je ne me suis pas enfui, j'étais là et je vous observais, vous et votre femme ! J'ai vu à quel point cette enquête vous obsédait, tous les deux. Je comprends les motivations de Karin, mais les vôtres ? Je dois dire que vous avez été assez assidu dans votre travail. Ce n'est pas tous les jours qu'un enquêteur couche avec un témoin pour tenter de lui soutirer des informations !

- Espèce de...

Ne contrôlant plus sa fureur, Thibaut le frappa violemment au visage, le laissant tomber à terre, la lèvre en sang.