Chapitre 10 - Suspicions

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L'hôpital dans lequel était alité Thibaut semblait regorger d'agitation. Néanmoins, seul dans sa chambre, il était des plus inquiets.

Soudain, on frappa à la porte. C'était Jean, son coéquipier.

- Salut Thibaut ! Comment vas-tu ?

- Je crois que je m'en suis pas mal sorti. Qu'en est-il du tueur ?

- On l'a rattrapé. Il n'était pas loin de la propriété de Christine Lodirat.

Il souffla, soulagé.

- J'avoue que j'avais peur qu'il ne revienne terminer son travail.

- C'est terminé maintenant. Mais je me pose quand même une question : que faisais-tu chez Christine Lodirat ?

- Je suivais Lucie Clair.

- Seul ?

- Oui... dit-il embarrassé.

- Tu aurais dû m'appeler.

- Je sais. Mais je préférais agir seul.

- Regarde où cela t'a mené. Pourquoi te bats-tu tant pour cette femme à moitié folle ?

- Elle est innocente et elle n'est pas folle, juste malade.

- Comment sais-tu qu'elle est innocente ?

- Je le sais, c'est tout !

- Je ne comprends pas votre engagement forcené pour Lucie Clair ! C'est très étrange le combat que vous menez, ta femme et toi.

- Je ne vois pas ce qui est étrange. Ma femme a toujours été une amie intime de Lucie. Elle l'aide comme elle peut.

- Et toi ?

- Et moi j'aide ma femme. Mais je ne t'ai pas fait venir pour ça. J'ai une question à te poser moi aussi, s'exclama-t-il solennellement.

- Je t'écoute...

- Je sais que c'est toi qui m'as trouvé chez Christine. Quand les ambulanciers sont venus, ils m'ont retiré ma veste.

- Oui, je l'ai prise et je l'ai apportée ici. Les infirmières ont dû la mettre dans ton armoire.

- Oui, je sais. Seulement, il y avait un carnet dans la poche intérieure de la veste. Il ne s'y trouve plus. L'aurais-tu vu, par hasard ?

Il réfléchit un instant.

- Non, je ne me souviens pas avoir vu un carnet tomber de ta veste. Peut-être s'est-il échappé à mon insu ?

Thibaut fronça les sourcils, soucieux. Ce carnet contenait les secrets enfuis de Lucie et malheureusement, il n'avait pas eu le temps de les lire.

Instinctivement, il ferma les yeux. La clé qui ouvrait la porte de la mémoire de Lucie venait de disparaître. Peut-être à jamais.

*********

- Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

- Je vais bien, merci.

- Il y a trois jours, vous me disiez étouffer et vouloir quitter l'établissement. Qu'en est-il à présent ?

- Je me sens mieux. Je pense avoir quitté cette crise. Je commence à m'accoutumer aux locaux. Je dirai même qu'ils deviennent familiers. Mais je n'ai pas l'impression de vivre dans la réalité. Est-ce l'effet de mes médicaments ?

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant