Chapitre 45 - Jamais sans ma fille

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Les ronronnements du moteur chatouillèrent ses oreilles qui bourdonnaient encore. Tout restait flou. Ses yeux s'ouvrèrent dans le brouillard le plus complet. Quelqu'un lui tenait la main. L'atmosphère était tendue, elle pouvait l'éprouver malgré qu'elle était encore plongée dans une léthargie profonde. Une sensation contradictoire lui pinça le cœur. Une angoisse soudaine monta en elle et l'obligea à ouvrir les yeux sur la réalité.

Elle était dans la voiture qui roulait à toute allure sur l'autoroute. Thibaut était à sa droite tandis que Christine à sa gauche et Didier au volant.

Elle se redressa subitement.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquit-elle paniquée.

- Tu t'es évanouie, répondit doucement Thibaut.

Elle se retourna vers Christine qu'elle n'avait plus vue depuis trois long mois. Elle pleurait à chaudes larmes, essayant à tout prix de cacher son désarroi.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle à nouveau.

Thibaut la lâcha, rouge d'irritation. Christine essuya ses larmes. Didier n'osait pas se retourner et regarder le visage de Lucie défiguré par le doute.

- Où est ma fille ? s'écria-t-elle soudainement.

- Juliette devait nous rejoindre dans la voiture, répondit Thibaut à mi-voix. Mais elle n'est pas venue.

- C'est impossible ! cria-t-elle. Elle est partie avec Déborah dans le panier ! Je l'ai vu sortir !

- Je sais, mon amour. Je sais ! Je suis vraiment désolé.

Il n'en pouvait plus. Une émotion intense et profonde prit possession de son corps. Elle lui arracha un cri étouffé, un gémissement d'horreur.

- Juliette nous a trahis, déclara Didier hors de lui. Elle a volé Déborah !

Un sentiment de consternation transpirait des quatre complices. Une lourdeur à l'estomac torturait déjà Thibaut qui sentait tout lui échapper. Il ne pouvait se résoudre à entendre Lucie crier à l'injustice. Une partie d'eux-mêmes leur avait été arraché injustement et sans pitié. Une douleur inflexible tiraillait son cœur et envenimait ses veines empoisonnées. Il devait sauver sa fille ! Il devait aussi sauver Lucie !

- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle entre deux sanglots.

Thibaut prit la parole pour évacuer toute sa colère et son émotion persistante.

- Lorsque je suis entré dans ta chambre, nous avons fait comme prévu. On a prévenu le policer que Déborah avait disparu. Il était tellement paniqué qu'il est parti à la recherche de son coéquipier. Tu as erré dans le couloir en criant de toutes tes forces que ton enfant avait disparu. Comme nous l'avions imaginé, tout le monde sortit des chambres et il n'a pas fallu longtemps pour que le cahot règne dans le couloir. Nous sommes sortis tout naturellement de l'hôpital sans que personne ne se rende compte de rien. Nous avons rejoint Didier et Christine dans le parking. Mais Juliette n'était pas là !

- Pourquoi ne l'a-t-on pas attendue ? cria-t-elle à bout de force.

- C'était inutile. Elle devait être là depuis déjà bien longtemps et avant tout le monde. On a compris qu'elle avait choisi un autre moyen de quitter l'hôpital.

- Mais pourquoi ? hurla-t-elle.

- Je crois que nous avons trouvé la faille à Viviane Jamboux, s'écria Didier. C'est probablement sa complice depuis le début.

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