Névrose

Chapitre 16 - Voyages dans le temps

La journée s'annonçait ensoleillée aujourd'hui. Comme chaque matin, Lucie regardait par la fenêtre le paysage paradisiaque qui s'offrait à elle. Le temps doux et clément lui insufflait une sensation de bien-être, l'opium qui la plongeait régulièrement dans l'extase.

Soudain, on frappa à la porte. C'était Thibaut.

- Bonjour, dit-il en entrant timidement.

Elle sursauta au son de sa voix. Après lui avoir dit bonjour, elle l'invita à entrer.

- Je sais que hier tu étais trop fatiguée et bouleversée pour qu'on puisse parler. Mais aujourd'hui, je me suis permis de venir te rendre une petite visite... j'espère que ça ne te dérange pas.

- Non... à vrai dire, je t'avoue que ta présence m'intrigue.

- Je comprends. J'ai retrouvé et lu le carnet où tu écrivais tes moindres souvenirs. C'est pour cela que je suis là.

- Mon carnet ? Mais... où était-il ?

- Chez Christine. Tu l'as laissé tomber là l'autre jour quand nous nous y sommes rendus.

- Je préfère ne plus penser à ce jour là !

- Je te rassure tout de suite, ce n'est pas toi qui as tiré sur moi. Et tant que j'y suis, j'aimerai également m'excuser pour l'épisode du Thalys et pour ce que je t'ai fait subir. Je présume que Karin t'aura expliqué pourquoi j'ai fait ça.

- En effet... Je sais que vous l'avez fait pour m'aider. Même si sur le moment j'ai eu difficile à accepter vos méthodes...

Thibaut s'avança. Son visage était radieux, comme s'il n'avait jamais vécu la rupture quelques minutes auparavant.

- Je comprends. Mais j'ai vraiment mis tout en œuvre pour que tu te souviennes du passé et pour te disculper du meurtre de Georges. Je sais que tu es innocente.

- Tu es donc mon allié ?

- Peut-être même plus que ça...

Lucie s'étonna de voir ses mains moites. Son rythme cardiaque s'était accéléré. Quelque chose d'étrange se déroulait entre Thibaut et elle. Après tout, il s'était battu depuis deux ans avec Karin pour l'innocenter. Elle sentait qu'elle devait lui faire confiance. C'était un sentiment fort qui la poussa à parler.

- Est-ce que tu me crois si je te dis que j'ai envie de mourir ?

- Tu es si désespérée... ?

- Je ne sais plus du tout où j'en suis. Les évènements s'enchaînent les uns après les autres m'engouffrant de plus en plus dans un océan de doutes, d'incertitudes... c'est épuisant et terrifiant à la fois.

Captivé par ce qu'elle disait, il s'était installé confortablement face à elle. Ses yeux brillaient, son corps était en effervescence. La vérité allait enfin éclater, il en était certain.

- Je peux l'imaginer. Surtout après ce que tu as vécu hier. Tu es donc retournée à ce chalet...

Elle ouvrit grands les yeux, interloquée.

- Comment sais-tu que je m'y suis rendue ?

- Tu as écrit dans ton carnet de souvenir que tu t'y rendais une fois par semaine. Tu as également pris soin de cacher la clé et l'adresse dans la bouche incendie située dans le couloir à quelques mètres de ta chambre.

- Mon Dieu ! J'ai écris tout cela ?

- Et beaucoup d'autres choses aussi...

- Alors j'ai écrit mes voyages dans le temps ? Mes sauts vers le futur ?