Chapitre 12 - Le chalet

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Dans la voiture, Lucie s'était assoupie. Cela faisait déjà plus d'une demi-heure qu'elle roulait en direction de cette fameuse adresse. Curieusement, elle avait perdu toute cette angoisse qui générait en elle une excitation hors norme. La sérénité avait pris la place de la crainte même si elle savait secrètement que ce n'était pas la première fois qu'elle parcourrait cette route. Elle avait l'étrange impression que c'était même devenu une habitude. Le tout était de savoir quel genre de porte ouvrait cette clé et pourquoi elle fréquentait cet endroit.

- Nous sommes encore loin ? demanda-t-elle au chauffeur.

- Encore une petite heure de route, mademoiselle.

- J'ai hâte d'arriver...

- Vous allez retrouver votre fiancé ? demanda-t-il muni d'un sourire complice.

Elle marqua une pause, interpellée.

- En réalité, je n'en sais rien.

- Vous avez peur qu'il ne vous pose un lapin, c'est ça ?

- Pourquoi pensez-vous que je vais rejoindre mon fiancé ?

- Je connais bien l'endroit où nous allons. Je passe les fêtes de fin d'année là-bas. Il y a de superbes chalets à louer... Pourquoi faire un si long chemin pour vous y rendre, si ce n'est pour rencontrer quelqu'un qui vous est cher ?

- Il y a des tas de raisons qui pourraient pousser quelqu'un à s'y rendre.

Elle ferma les yeux, c'était un endroit verdoyant qu'elle voyait. Un grand soleil, beaucoup d'arbres autour d'elle.

- Ces chalets sont magnifiques ! Spacieux et très accueillants. Personnellement, je préfère y aller en hiver. Mais je n'ai pas toujours le choix. En tout cas, ce sont les propriétaires qui sont chanceux, ils peuvent s'y rendre quand ils veulent.

Le brouillard qui régnait dans son esprit se dissipait lentement. L'image du chalet en question s'illuminait autour d'une pénombre encore floue et insondable. Ses souvenirs devenaient plus approchables, comme si elle arrivait à les toucher.

- Mais je vous sens hésitante, continua le chauffeur. Vous êtes inquiète ?

- Pour tout vous dire, je suis amnésique et je vais dans ce chalet pour stimuler ma mémoire.

Le chauffeur ne rétorqua rien. Il continua sa route sans mot dire, faisant comprendre à son interlocutrice que le sujet était trop délicat pour en débattre.

Une longue heure plus tard, ils arrivèrent enfin à proximité de la destination. Soudainement, le tracé de la route devint familier à Lucie qui demanda au chauffeur de s'arrêter sur le bas-côté.

- Attendez-moi ici. Je reviens rapidement.

« Je connais cet endroit », pensa-t-elle subitement affolée.

De part et d'autres de la route, une colonne infinie d'érables champêtre longeait l'asphalte encore humide. Les pluies récentes avaient semé des fragments de bois et des brins de feuilles un peu partout.

Le chauffeur avait allumé sa radio et tandis que le compteur tournait toujours, Lucie s'engagea à pied dans ce chemin encore inconnu. Tout ce qu'elle savait c'est qu'au bout de celui-ci un chalet devait l'attendre.

Cinq minutes plus tard, en haut de la vallée parsemée de feuilles vertes, la demeure tant attendue apparue enfin à ses yeux. Son cœur n'était plus qu'une symphonie de cymbales en folie, son sang bouillait si fort qu'elle faillit vaciller.

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