Chapitre 50 - Fin

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Le train roulait à toute vitesse. A chaque fois qu'elle le prenait, une appréhension s'emparait de son corps. Elle avait si peur de revivre à nouveau ses voyages dans le temps. Mais cette fois, toute l'attention de Thibaut lui procurait un sentiment de sécurité. Elle était paisible. Oui, elle avait perdu Deborah mais elle avait sous-estimé le pouvoir que l'amour pouvait avoir sur son état. Il pouvait soigner, réconforter, caresser, choyer, combler. Depuis sa tentative de suicide, l'amour était son seul remède, sa seule consolation.

Elle prit délicatement la main de Thibaut. Elle sourit, tentant à tout prix de profiter du moment présent.

- Vas-tu enfin me dire où va-t-on ? demanda-t-elle intriguée.

- Nous sommes dans le Thalys pour Paris ! Nous allons à la tour Eiffel !

- C'est une blague ?

- Non pas du tout.

- Qu'allons-nous faire là-bas ?

- Nous devons y rencontrer quelqu'un.

- Qui ?

- Une journaliste.

- Encore ? Je n'ai pas trop envie de dire ce que je suis devenue depuis toute cette triste histoire. On va encore me poser mille questions indiscrètes. Tu sais que je ne veux plus rien avoir à faire avec ces gens là.

- Il ne s'agit pas de la société ERM ou de Julian cette fois. Ils veulent parler de toi et moi.

- Je ne vois pas l'intérêt...

- Ils veulent écrire notre histoire dans un roman. Ensuite, s'il se vend bien, ils en feront un film !

- Tu rigoles ?

- C'est ce que m'a dit la journaliste.

- Mais que veux-tu qu'on leur dise ?

- Il y a beaucoup de chose à raconter... Je vois déjà d'ici un beau bouquin de 270 pages ! Les gens qui aiment la lecture et les rebondissements seront servis !

- C'est complètement surréaliste.

- Peut-être. Tout comme tes voyages dans le temps et tes amnésies répétées.

- Non, ça c'est réel !

- Alors crois en ce bouquin, il te changera la vie.

Le rendez-vous était pris pour quatorze heures tapante. Ils étaient ponctuels, comme toujours.

- La journaliste ne devrait pas tarder à présent.

- T'a-t-elle dit comment elle s'appelait au moins ?

- Oui... mais je ne me souviens plus vraiment de son nom de famille... une certaine « Lydie ». Quelque chose comme ça, je crois.

- En attendant, j'aimerai monter en haut de la tour.

- D'accord.

Pour lors, ils prirent l'ascenseur et montèrent jusqu'au dernier étage. Ils s'appuyèrent sur la rembarre, nostalgiques.

- Tu te souviens de notre rencontre ici même ? demanda-t-elle.

- Oui. Il pleuvait et tu restais là, sans bouger. Tu pleurais la mort de Georges. Tu venais d'avoir une crise d'amnésie, tu t'étais échappée de l'établissement et je m'étais fait passée pour Benjamin Bimaro.

- Quelle époque !

- Aujourd'hui tout est différent, répliqua-t-il tendu.

- Peut-être même un peu trop...

Ils se jetèrent un regard qui perçait leur amour profond. Tout doucement, leurs mains se rapprochèrent pour se serrer aussi fort que possible. Il n'y avait que cela de vrai : l'amour !

- Madame Clair et monsieur Denale ? demanda une jeune femme.

Elle avait des lunettes noires, des cheveux retirés et... un bébé sur les bras !

- Oui ? répondirent-ils à l'unisson.

- Je m'appelle Lydie.

- Ah ! répliqua Thibaut. Vous êtes la fameuse journaliste.

- En réalité, je ne suis pas journaliste. Je vous ai menti pour être certaine que vous viendriez.

- Qui êtes-vous ? demanda subitement Lucie angoissée.

- Je suis la sœur de Juliette, votre ex-femme d'ouvrage. Et l'enfant que je porte sur les bras est... votre fille !

Oui, au moment où ils se l'attendaient le moins, le bonheur était venu frapper à leur porte. La joie de toucher et de sentir à nouveau le petit cœur de Deborah battre dans leurs bras leur arracha des larmes d'allégresse.

Le passé venait de s'effacer subitement, les souffrances et les désillusions aussi.

Déborah vivante, une vraie nouvelle vie s'offrait à eux. Cette fois, le goût d'inachevé avait disparu et maintenant qu'ils tenaient la félicité en main, ils étaient bien décidés à ne pas la lâcher. Non, jamais.

FIN

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant