Chapitre 6 - La porte au fond du couloir

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Elle cligna des yeux. C'est les escaliers de son appartement qu'elle vit. Elle était rentrée chez elle.

Tant bien que mal, elle tenta de se relever. Son esprit logeait encore des sentiments d'angoisse et de peur. Elle était en transe, toujours hypnotisée par ce qu'elle venait de vivre. Livide, elle retourna dans son appartement, ouvrit la porte et entra au salon. Georges était toujours là.

- Je suis désolée, dit-elle dépitée. Je vais prendre mes médicaments, et tout ira mieux.

Visiblement heureux, il la prit dans ses bras. Il la serra très fort.

- C'est la meilleure solution, Lucie. Je suis content que tu aies repris tes esprits.

- Oui... moi aussi. Je vais me coucher maintenant, je suis exténuée.

- D'accord. Je prends congé aujourd'hui. Je vais rester avec toi.

- Non ! dit-elle d'un coup, ... ça ne sert à rien. Tu ne ferais que perdre ton temps. Ne t'inquiète pas pour moi, je ne vais pas faire de bêtises.

Elle s'échappa de son étreinte et retourna dans la chambre. Quelques minutes plus tard, elle entendit la porte d'entrée se fermer. Georges était parti.

Elle pouvait maintenant laisser libre cours à ses sentiments. Désespérée, elle tomba sur son lit et s'abandonna à des cris incontrôlés, des larmes, des gémissements. Son corps tout entier hurlait à la souffrance, son cœur se broyait, se détruisait par la tristesse.

Que se passait-il exactement dans sa tête ? Était-elle réellement malade ou vivait-elle des choses extraordinaires qui lui permettaient de voir ce que l'avenir lui réservait ?

Elle ne savait pas sur quel pied danser, qui croire, ni quoi faire. Mais elle devait tout de même se rendre à l'évidence, elle avait beau chercher dans son passé, elle n'avait aucun souvenir de son enfance, des moments forts de sa vie, de son mariage. C'était le néant complet. Pourtant, elle savait que sa mère avait disparu six mois auparavant, qu'elle vivait dans cet appartement depuis peu de temps et surtout, qu'elle aimait Georges.

De plus, elle se souvenait parfaitement de son amitié avec Christine. Alors pourquoi ? Pourquoi rien ne lui revenait sur les autres choses ?

« Georges doit avoir raison », se dit-elle entre deux sanglots, « je dois être amnésique ! »

Pourtant, elle n'arrivait pas à expliquer pourquoi elle avait ce fameux dont de pouvoir vivre son futur.

Mais soudain, les mots de Georges resurgirent tel un requin en surface :

« Tu es souvent atteinte d'évanouissements et tu dis souvent être victime de visions étranges. C'est comme si tu avais deux vies différentes. »

Elle ne pouvait cependant pas croire une chose aussi stupide ! Des visions étaient une chose, mais les vivre comme elle les vivait, cela en était une autre. Elle avait senti le corps de Benjamin ensanglanté, il était bien réel, elle ne rêvait pas. Encore une fois, elle se confortait dans l'idée qu'elle n'était pas folle, que ce qu'elle avait vécu était bien la réalité.

Néanmoins, il y avait d'autres questions auxquelles elle n'avait pas de réponses :

A chaque fois qu'elle était retournée dans le futur, elle se retrouvait au point de départ du précédent voyage. Cependant, une et une seule fois, cela ne s'était pas produit. Après le Thalys, elle s'était directement retrouvée dans sa nouvelle maison. Pourquoi ? Pourquoi n'avoir pas vécu ce qui était arrivé entre le Thalys vers Liège et sa maison ?

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