Névrose

Chapitre 20 - Le coupable

C'est non sans amertume que Karin ferma la porte de son appartement. Même si elle se sentait vide de l'intérieur, quitter ce qui fut sa maisonnée pendant plus de deux ans était plus que déchirant. Elle avait l'impression de se déposséder de sa vie toute entière. Elle avait été forcée de quitter cette vie qu'elle aimait tant auprès de son mari. Son rêve s'était réalisé et brisé si vite qu'elle aurait préféré ne jamais le vivre. Mieux valait rêver l'impossible et éviter ainsi les souffrances que la réalité lui avait infligée.

Mais maintenant c'était trop tard pour regarder en arrière. Elle devait impérativement clore le premier chapitre de sa vie amoureuse et en commencer un autre.

Le taximan plaça ses bagages dans le coffre. Avant d'entrer dans la voiture, elle regarda derrière elle pour la dernière fois. Elle versa une timide larme et ferma la porte.

- Où allons-nous, madame ?

- A la gare des Guillemins. Un train pour Bruxelles m'y attend.

Les agents envoyés par le chef de la police arrivèrent enfin à la gare. Ils cherchèrent activement le coffre qui correspondait à la clé qu'ils avaient trouvé dans la poche de la veste de Georges. Lorsqu'ils ouvrirent le verrou, ils découvrirent un dossier contenant divers documents. Immédiatement, ils l'apportèrent au commissariat pour l'analyser.

Karin attendait maintenant sur le quai que son train arrive. Un vent soutenu balayait avec hargne ses cheveux roux délavés par la tristesse qu'elle portait en elle. Ses yeux gonflés traduisaient la fatigue, le stress creusait des cernes noirs et ses traits tirés ne pouvaient que confirmer son désarroi.

Soudain, le train arriva. Après avoir placé ses valises à l'endroit prévu à cet effet, elle prit enfin place. Quelques minutes plus tard, un jeune homme s'assit à ses côté.

- Luca !? s'exclama-t-elle surprise. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Salut, ma belle ! Je sais que tu m'attendais à la gare Centrale de Bruxelles mais je n'ai pas pu résister à l'idée de faire le voyage avec toi !

- Comme je suis contente de te revoir !

Elle l'embrassa comme elle pouvait embrasser son grand frère, avec plein d'amour et de tendresse. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus vu un visage si plaisant.

Luca était un homme qui approchait de la trentaine. Il était de taille moyenne, les cheveux châtain foncé et la barbe assez prononcée. Il était élancé et doté d'un corps d'athlète, dont il ne se vantait jamais. Plutôt réservé, il ne parlait pas beaucoup aux gens, il se contentait toujours d'écouter et de s'expliquer lorsque c'était vraiment nécessaire.

- Moi aussi je suis content de te revoir. Depuis que tu es partie vivre à Liège, je me sentais bien seul.

- Tu sais que tu pouvais me rendre visite quand tu voulais... mais tu ne l'as pas fait.

- Je ne sais pas si ton mari allait apprécier...

Elle se mit à rire.

- Au contraire, je crois que ça l'aurait arrangé.

Il sourit, timidement.

- Sérieusement, tu m'as manqué.

Elle lui prit la main avec tendresse. Il rougit.

- Tu sais que tu as toujours été comme un grand frère pour moi. Toi aussi tu m'as terriblement manqué. Nous avons passé tellement de beaux moments dans cet orphelinat et je suis très heureuse de pouvoir travailler avec toi et ton père. A propos, comment va le grand Monsieur Turnon ? dit-elle souriante.