Chapitre 36 - Viviane

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La pièce était sombre, elle était allongée sur son divan, songeuse. Julian, toujours Julian. C'était lui qui vivait encore dans l'esprit de Charlotte. Elle n'avait plus de larmes pour pleurer mais son cœur était si meurtri qu'elle avait du mal à respirer. Ces membres étaient engourdis, ses yeux n'avaient plus la force de rester ouverts. Ses mains s'accrochaient désespérément aux accoudoirs, seul point d'attache à la réalité.

Mais soudain, la porte s'ouvrit sans crier gare. Une femme aux cheveux roux flamboyant et au visage ridé entra sans mot dire. Son expression ne pouvait dissimuler une haine nourrie depuis longtemps dans l'antre de son cœur.

Charlotte sut à peine ouvrir les yeux. Lorsqu'elle reconnut sa sœur, une force vitale la régit immédiatement.

- Vivianne ! dit-elle choquée. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je ne pensais pas que tu me reconnaitrais après tout ce temps. La dernière fois que nous nous sommes vues remonte bien à une vingtaine d'année.

- Peut-être même plus. Pourquoi revenir maintenant ?

- Je voulais te présenter mes sincères condoléances, dit-elle amère. Je sais à quel point on peut souffrir de perdre un enfant.

Charlotte se leva, saisie.

- Comment sais-tu que Julian est mort ?

- Il y a énormément de choses que je sais !

- Je ne comprends pas...

- Si tu as réussi à cacher à la terre entière que Julian était ton fils, qu'y a-t-il d'étonnant à ce que je sache qu'il soit mort ? Après tout, je suis ta sœur.

- Une sœur qui se fait passer pour morte depuis des lustres. Une sœur qui a abandonné sa fille sans scrupules parce qu'elle était malade !

- Je t'interdis de dire ça !

- Où étais-tu quand Karin a fait ses premiers pas ? Où étais-tu quand elle a dit pour la première fois « maman » ?

- Tais-toi ! hurla-t-elle.

- Pourquoi ? Tu as peur que ta conscience te condamne ? Je ne pense pas que ça arrivera, tu n'es pas un être humain, tu n'es qu'une femme égoïste qui n'a toujours pensé qu'à toi !

La rage que Viviane portait en elle se concentra dans son estomac déjà noué. Ce fut par un effort surhumain qu'elle se retint d'arracher les cheveux à Charlotte. Au lieu de ça, elle prit place sur la chaise du bureau et tenta de rester calme.

- Je ne suis pas venue ici pour me faire insulter, dit-elle d'une voix contrôlée.

- Alors pourquoi es-tu venue ? Je doute que tu aies fait tout ce chemin uniquement pour me présenter tes condoléances.

- En effet. J'en profiterai également pour régler mes comptes avec toi.

- De quoi veux-tu parler ?

- Ne joue pas à l'innocente. Tu as tué ma fille ! dit-elle en vrac.

Charlotte recula d'un pas, horrifiée.

- Qui t'a dit cela ?

- A ton avis ? Qui à part toi était au courant ?

- Lucie... chuchota-t-elle incrédule.

- Exactement ! Celle qui allait devenir ta belle-fille en plus de ta meilleure amie t'a trahi jusqu'au bout ! Après avoir tué son mari, elle se débarrasse de sa mère ! Et devine où s'en va tout l'héritage ?

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