Chapitre 14 - La tombe

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Georges est mort, Georges est bel et bien mort ! Ces mots ne cessaient de crier dans la tête de Lucie. Comme un château de carte, toute son hypothèse de départ venait de s'effondrer en un instant.

Georges est mort, Georges est bel et bien mort ! Ces mots ne cessaient de lacérer le cœur de Lucie. Comme un immeuble insalubre, toutes ses idées sur le complot de Christine venaient de se désintégrer sous une bombe fracassante.

Georges est mort, Georges est bel et bien mort ! Ces mots ne cessaient de frapper violemment son esprit.

Son corps collé au sol l'obligea à s'extirper lentement de sa léthargie pour remonter enfin à la surface de la réalité. Cette fois, les choses changeaient encore. Le dernier souffle de vie de Georges se répétait sans arrêt dans le théâtre de ses souvenirs. C'était une scène à laquelle elle ne pouvait plus échapper. Il n'y avait plus de doute : Georges était mort, il était bel et bien mort !

Lentement, elle se releva. Encore titubante, elle avança jusqu'à la cuisine, où elle décida de s'asseoir quelques instants. La fenêtre donnait sur le jardin. Elle s'amusa à regarder la grande prairie verdoyante qui resplendissait sous un soleil de plomb. La vue reposante lui donnait une sensation de calme qui relaxait ses muscles toujours tendus.

Elle ne savait plus exactement où elle en était. Une fois de plus, elle ignorait comment gérer cette situation impossible. Que devait-elle penser de ses allers-retours dans le temps ? Elle était si désespérée de ne pas savoir où donner de la tête, de ne pas pouvoir se dire que tout ceci n'était pas réel. Elle voulait s'échapper de son corps, être une autre femme. Elle voulait s'envoler comme une colombe libre et heureuse. Elle n'en pouvait plus de vivre dans de telles conditions.

Maintenant qu'elle savait que Georges était mort, ses hypothèses sur la vérité devaient être revues. Il était clair à présent qu'il n'avait pas comploté avec Christine pour faire croire à sa mort. Quelqu'un l'avait bien tué et si ce n'était pas elle, alors qui ?

Ses suspicions se portèrent immédiatement sur sa sœur Christine. Tout était encore possible. Elle avait pu tuer son mari par vengeance et envoyer sa sœur en prison.

Pourtant, cette idée lui était inconcevable! Elle serra les poings. La trahison de Christine était insupportable, presque inimaginable. Elle avait sacrifié sa vie pour elle, jusqu'à lui donner une place dans son lit. Alors pourquoi ? Pourquoi changer et détruire tout ce qu'elle avait tenté de construire depuis si longtemps ?

Cela ne correspondait pas du tout à ce que Georges avait dit avant de mourir.

Même si cela n'avait pas sens pour elle, elle savait que la folie poussait à faire des choses inexplicables. Et en y repensant bien, Christine avait tout de même des circonstances atténuantes. Georges avait abusé cruellement de sa confiance et Lucie n'était plus qu'un poids insurmontable pour elle.

Cependant, tant de questions restaient encore en suspend. Il lui tardait de connaître enfin la vérité, de pouvoir rentrer chez elle et respirer.

Elle se versa un verre d'eau tout en continuant de contempler la pelouse verte.

Soudainement, le soleil laissa place à l'obscurité et le ciel fut envahit par une marée de nuage noir. Elle sentait que ses souvenirs à l'apparence de visions surnaturelles allaient de nouveau la hanter. Il fallait qu'elle parte, mais elle ne pouvait pas. Une force surhumaine la poussait à quitter la cuisine pour se rendre dans le jardin. Pour lors, en obéissant à la contrainte de ses jambes, elle sortit du chalet. Il y faisait subitement sombre, la pluie tombait en trombe, le sol était fragile.

La foudre suivie de puissants tonnerres illuminait la surface du sol laissant apparaître à ses yeux horrifiés un énorme gouffre creusé sous ses pieds. Le corps de Georges y gisait paisiblement tandis que la pluie battante purifiait son visage de toute trace de sang.

NévroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant