Chapitre 24

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Point de vue : Louis

Je coupe mon téléphone et le glisse sous mon coussin. Je ferme les yeux un moment, comme si ça pouvait m'aider à réfléchir. Je ne sais pas qui croire et c'est justement le fait d'être dans cet entre-deux qui me fait perdre la tête. Pour la première fois de ma vie, je me sens perdu. Ma conscience peine déjà à discerner le vrai du faux. Dois-je vraiment m'approcher de Zayn, ou est-ce quelque chose à éviter ? Je ne sais pas. Le basané a réellement sut se montrer persuasif dans le but de lui laisser une chance. Et il faut dire que sur une personne telle que moi, ça a bien marché.

Je laissais l'air paisiblement rentrer dans ma chambre alors que j'étais toujours en train de réfléchir. Continuellement, je me demandais si cette histoire de Dead End était une véritable bonne idée. Après tout, j'y risque peut-être plusieurs heures de colle. Et puis, je ne m'amusais même pas à prédire la réaction de mon père après avoir entendu de la bouche de son fils qu'il s'amuse avec un inconnu de son lycée, au péril de sa scolarité. C'était débile je le savais très bien, mais ça m'occupait.

Tu joues à un jeu dangereux, me glissait ma conscience. Je l'écoutais, mais cela m'importait peu. Je ressentais comme le besoin de le faire, comme si ça pouvait m'aider à me libérer de quelque chose. Je méditais sur ça pendant encore une dizaine de minutes avant de peu à peu sombrer dans le sommeil.

Quelques heures plus tard, un bruit me réveilla. J'ouvris les yeux, sans bouger. J'attendais. Je patientais à l'idée qu'à nouveau, le fracas qui venait de me réveiller refasse surface, juste pour m'assurer qu'il était bien réel. Il ne me fallut que quelques secondes pour qu'il y ait de nouveau quelque chose. Je pus deviner que cela venait de la cuisine, à en juger par la résonance.

Je me leva sans la moindre envie. Je passa alors mes mains sur mes joues, puis traversa ma chambre en me remémorant les paroles du type des messages. Est-ce mal d'être curieux ? Dans ton cas, oui. Je secouais la tête.

En descendant les marches, un bruit étouffé de rire parvint jusqu'à moi. Je déglutis, et, pour me donner du courage, j'arrivai en bas tout en fixant le sol. Les voix se firent de plus en plus fortes dont celle de ma mère. L'homme qui parlait avec elle m'était complètement inconnu.

— Tu crois qu'il peut nous entendre ? demandait-il.

— Non, il est déjà au lit à cette heure-ci.

Le ton de ma mère semblait extrêmement calme, ce qui m'alerta immédiatement. Me cachait-elle quelque chose ? Et puis, qui est ce type avec qui elle est en plein milieu de la nuit ? Je fronçais les sourcils. Non, ce ne peut pas être ça.

— Tu es toujours aussi belle, Johanna.

Ma mère fit emplir son rire dans la cuisine.

— Arrête. Ce n'est pas parce que cela ne fait que quelques jours que nous ne nous sommes pas vu que...

— Crois-moi, c'est bien assez long pour moi.

Planqué derrière le mur qui me séparaient d'eux, je ne pus m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Ma mère ? Avec ce connard ? C'est une blague, n'est-ce pas ? Je dois être en train de rêver, ce n'est pas possible... D'abord Zayn, puis maintenant lui ?

— Non Jack, nous ne pouvons pas monter en haut. Louis est là.

Une larme réussit à passer la barrière de mes yeux. Elle coula le long de ma joue.

— Oui mais ton mari ne l'est pas Jo. Allez, c'est juste pour une vingtaine de minutes...

J'entends qu'il essaye de l'embrasser mais elle le repousse. Une chose est sûre, je ne pourrais plus jamais la voir comme avant. Elle reste ma mère mais... elle me dégoûte.

— Je t'ai dit que...

J'apparus dans l'encadrement de la porte, le visage fermé, rongé par la douleur. Je regarde d'abord son amant, puis elle.

— Louis, tu...

Elle tente de parler mais je la coupe.

— Ce n'est pas la peine d'essayer de t'expliquer, maman. J'ai compris.

Je la regarde le plus profondément possible et je discerne alors dans ses yeux de la peine, mais aussi de la honte. Elle n'était pas à l'aise avec le fait de tromper mon père avec un autre homme, mais pourtant elle l'a fait. Comment peut-on être aussi cruel ? Comment est-ce qu'on peut être aussi égoïste ? Que va penser mon père ? Comment va-t-il réagir ? Devrais-je lui dire ? Personnellement, je pense que ma mère n'osera pas donc... ce sera à moi de m'en charger. Je vois déjà ses yeux embués de larmes.

Aucun des deux adultes ne dit rien pendant un moment, mais je m'empressai de vite rompre le silence malsain qui régnait entre nous.

— Dis-le.

Elle me regarda avec de petits yeux.

— Dire quoi ?

Son amant resta en retrait derrière elle, la tenant par la taille. Je le mitraillais du regard avant de, de nouveau me concentrer sur la discussion entre ma mère et moi.

— Ose avouer que tu n'aimais pas mon père depuis le départ, que je puisse me barrer d'ici.

Un silence refit surface, et elle passa simplement la main dans ses cheveux sombre pour les placer derrière son oreille.

— Louis, ne dis pas...

— Maman, tu ne l'aurais pas trompé si tu l'aimais vraiment.

Elle resta de marbre, cherchant une réponse.

— J'aimais ton père, dit-elle finalement. Mais ça a changé. Beaucoup de choses ont disparus quand ton père a réussi à monter son entreprise.

Ma mère baissa d'un ton lorsqu'elle finit sa phrase.

— Il ne m'accordait pas autant d'attention qu'avant. Et d'ailleurs, c'est toujours le cas ! Elle marque une pause, au bord des larmes.

— Comprend-moi Louis, je t'en prie ! Je n'en pouvais plus de vivre dans ces conditions !

Ma génitrice hurle dans la cuisine à s'en déchirer les cordes vocales. Je pouvais sentir dans sa voix la douleur, mais je ne fis rien. Je... J'étais dégoûté.

— S'il te plait.

Elle me suppliait une dernière fois en s'approchant de moi mais je fis un pas en arrière pour m'écarter d'elle. Je n'arrivais pas à penser à ce que notre famille allait devenir après ça.

— Tu n'avais pas à faire ça quand même. Il y a d'autres moyens pour arriver à surpasser une situation comme ça. Même pour vous.

En lui lançant un regard, elle comprit de quoi je voulais parler. Malheureusement pour elle, je fis volte-face pour ne pas entendre ce qu'elle avait à dire. J'en avais assez entendu.

Je filais dans ma chambre, et alluma la lumière pour me précipiter sur mon téléphone qui était en train de sonner. Mon père.

— Allô ? répondis-je.

— Fils, comment est-ce que tu vas ?

J'entendais les voitures qui roulaient à toute allure à ses côtés, et la pluie qui coulait à flot sur le toit d'un arrêt de bus. Il me parlait directement des États-Unis, là où il était partit il y a une semaine pour son travail.

— Ça pourrait aller mieux, lui avouais-je.

Je sentais les pulsations de mon cœur à l'intérieur de moi, et je passais frénétiquement ma main dans mes cheveux pour tenter de me calmer. Je sais que ce n'était pas à moi de lui dire une chose pareille mais il fallait qu'il sache.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'une voix calme.

Je déglutis en fermant les yeux.

— Il faut que je te parle... sérieusement.

Dead End (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant