Chapitre 68

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Point de vue : Louis

Cette nuit-là, je n'avais pas du tout réussi à dormir. Mes yeux me brûlaient trop et l'impression que mon cœur pesait beaucoup plus lourd que ce qu'il ne devait m'empêchait de respirer correctement. J'avais liquidé deux boîtes entières de mouchoirs rien qu'avec toutes ces larmes, et une troisième avait fini au fond de ma chambre, par pure colère.

Au fond, je ne savais pas si j'en voulais réellement à mon père d'avoir fait ça. Je ne savais pas, je ne possédais plus assez de force pour réfléchir de manière cohérente.
Nous étions dimanche, et la première chose que je fis en me levant, fut de me diriger vers la salle de bains pour essayer de balayer ces cernes. Je faisais couler l'eau du robinet, sans parvenir à me détacher de mon reflet. Comment en étais-je arrivé là ?

Ce jeu avait viré en un véritable bordel, et ce depuis le début. J'avais perdu tout lien avec Harry, et mon petit-ami actuel s'était barré avec un autre. Je ne savais pas si c'était moi, mais j'avais le sentiment que les rôles qui avait été installés au départ s'échangeaient.
Harry, le garçon solitaire et insolent, arrivait tout de même à s'approcher de moi malgré le fait qu'il m'en avait interdit. Puis, moi, une personne qui sombrait de plus en plus dans les profondeurs de la dépression, et qui avait fini complètement seul.
En fait, je ne savais pas si je devais m'en réjouir ou non.

- Louis, le dîner est prêt ! mon père m'appela de la cuisine.

Une boule au ventre s'installa alors dans mon ventre. Comment allait se passer cette journée ? Non, comment allaient se passer toutes les autres ?
Je descendis le pas lourd les marches en bois après avoir enfilé mes chaussons en passant devant ma chambre.

La soirée d'hier m'avait achevé. Littéralement. Ces moments passés avec mon ex petit-ami étaient semblables à une douleur omniprésente au fond de moi. Quelle idée de l'inviter lui, ainsi que toute sa famille dans un dîner, le soir de notre séparation ? Putain.

Ethan et moi ne nous étions pas parlés plus que ça. Et je lui avais enfin rendu son téléphone. Ça ne l'avait pas réjoui, et il ne m'a pas adressé le moindre mot. J'en avais fait de même et plus tard dans la soirée, je l'avais vu me tourner le dos pour retourner dans la voiture de ses parents. Par la suite, celle-ci avait quittée l'allée et j'avais claqué la porte pour ensuite filer dans ma chambre.
Je me rappelai, ce soir-là j'avais les membres tout engourdis et je n'arrivais presque plus à marcher. Cette sensation était vraiment horrible.

- J'aimerai que nous parlions de ce qu'il s'est passé hier, annonça froidement mon père.

Paf, retour au présent.

Je laissai mes yeux fixer sans cesse mon assiette qui venait à peine d'être entamée. Je n'avais vraiment pas envie d'en parler maintenant, j'étais exténué.

- Louis, tu m'écoutes ? il secoua sa main devant mes yeux pour me faire revenir à la réalité.

- Quoi ?

Merde. Mon ton est beaucoup trop sec. En face de moi, mon père fronçai les sourcils.

- Ne joue pas à ça avec moi, Louis. Tu ne me parles pas comme ça.

Je me mords la lèvre inférieure.

- Bon, je soufflai. Qu'est-ce qu'il a ?

Je souriais de manière tellement insolente que cela m'étonnais que mon père ne m'en m'ait déjà mise une.

- Hier. Les photos. Qui c'était ?

Je le regardai un instant, avant de poser mes couverts des deux côtés de l'assiette.

- J'en sais rien, papa.

Je parlai d'une voix morne et sans émotion. Je n'avais pas envie d'en dire plus sur lui, ni sur personne d'autre. J'avais juste envie qu'on me laisse tranquille, de ne plus me forcer encore à parler de ça.

- Écoute Louis, il prit sa tête entre ses mains en se massant les tempes. Je ne sais pas ce qui t'arrive en ce moment. C'est quoi, la pression ? Tes notes ne remontent pas, Louis je ne sais pas quoi faire.

- Alors ne fait rien, je répondis froidement.

J'avais mal à la poitrine.

- Si je ne fais rien, qu'est-ce qui arrivera ? Il va falloir te faire redoubler pour que tu comprennes que c'est ton avenir qui est en jeu ?

Je ne réagissais pas, mais mon père continue son speech.

- J'aimerai que tu fasses des efforts, tu sais. Je pars à Londres la semaine prochaine, je ne serai donc pas là pour t'encadrer.

- Ok.

Je me levai et le regardai.

- Laisse-moi s'il te plait.

Mon père se précipite pourtant vers moi, malgré ma remarque.

- Attends, il me retint par le bras. Louis, je veux t'aider !

- Laisse-moi, putain !

Je me défis brusquement et fixai son regard vide, presque sans vie. Je fis volte-face et montai dans ma chambre, sans même avoir fini mon repas. Cette discussion m'avait complètement coupé l'appétit.
Je m'enfouis totalement habillé sous ma couette, après avoir enlevé mes chaussures.

Pourquoi tout se passait t-il ainsi ? Pourquoi tout retombait sans cesse sur moi ? J'avais l'impression d'être un vulgaire pion sur un échiquier, prêt à être éjecté à tout moment et je détestais ça.

C'était finalement plusieurs minutes plus tard, que je me levai, la tête lourde, et le dos tout engourdit, pour chercher mon paquet de cigarettes dans mes affaires. Je le trouvai finalement dans la poche de ma veste ainsi que mon briquet à la couleur métallique qui l'accompagnait.
Je rampai alors exténué, jusqu'à la fenêtre. À partir d'ici, je m'assis sur les toiles et allumai ma clope. L'air était frais, et la fumée se dispersait dans le ciel.

Je repensaiun instant à Ethan. Il y a seulement un mois, ou même une semaine nous aurionspu être là tous les deux, l'un dans les bras de l'autre à se répéter desphrases niaises au possible, juste pour pouvoir se dire que nous sommes commeles autres. Et pourtant, jamais je n'aurai cru que tout basculerai aussi vite.

Dead End (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant