Chapitre 73

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Point de vue : D.E

Je n'avais jamais ressentit une telle douleur. Celle du vide, de l'anéantissement. J'avais perdu tout ce que j'avais, et l'homme que j'aimais me prend pour un dégénéré psychopathe. Ce n'était sera pas le premier, ni le dernier d'ailleurs. J'avais depuis un certain nombre d'années, des troubles mentaux. Je m'énervai pour un rien, et la seule chose qui me permet de me calmer était de tout détruire sur mon passage. Absolument tout.

Je m'auto-détruisais. Je transformai la douleur, en violence et j'anéantissais. Comme le faisait mon père. Je ne sais toujours pas d'où lui est venu cette manie de toujours nous frapper même quand il était sobre. Il est devenu au fil du temps ainsi, complètement fou. J'ai vécu une certaine partie de mon enfance avec lui, et je suis devenu pareil.
Comment une personne comme Louis pouvait-elle m'accorder autant d'importance ? À moi ? Je paraissais insensible quand je parlais, parce que je ne ressentais plus rien. Aucun sentiment. À part de la peur. J'étais constamment effrayé, et cela ne changera pas. Je m'étais enfermé sur moi-même, au point d'avoir déjà tenté de tuer quelqu'un. J'étais un être dangereux, bipolaire et inhumain.

Quand je me réveillai, ma peau était chaude. Je transpirai. Mon cœur battait beaucoup plus vite que d'habitude et effrayé, je regardai autour de moi. Dès que je vis ces meubles qui ne m'étaient pas inconnus, tout de suite mon esprit s'allègeai. J'étais chez lui.

- Je finissais par croire que tu n'allais jamais te réveiller.

Louis rentra dans la pièce, une tasse à la main. Ses cheveux étaient un peu ébourrifés et ses yeux légèrement rouges. Je le fixai intensément, alors qu'il s'approcha de moi. Que s'était-il passé, bon sang ? J'avais l'impression d'avoir dormi pendant des années à ne pas me rappeler de ce qu'il s'était passé il y avait même pas une heure !

- Harry ?

La voix de Louis m'interpella.

- Tout va bien ? demanda t-il.

Je le regardai un instant.

- Ouais, ça va.

Louis soupira puis désigna la tasse.

- Je t'ai fait du chocolat si tu en veux. Ethan et moi allons repartir, et tu vas rester ici.

- Quoi ?

Je fronçai les sourcils. Il était avec Ethan ?

- Zayn l'a menacé, disait-il froidement. Il faut que je le raccompagne au lycée, et qu'on prévienne des adultes.

Rien qu'à l'entente de ce prénom, je vis rouge. Quel fils de...

- ... Entre Zayn et toi ?

Hein ? Peu à peu, je repris mes esprits. Qu'est-ce qu'il venait de dire ?

- Pardon ?

- Zayn et toi, répèta t-il calmement. Il y a quelque chose entre vous. Quelque chose de mauvais. Qu'est-ce que c'est ?

Je laissai un silence combler la pièce. Est-ce que je pouvais lui raconter ? J'en savais rien.

- Je...

- Tu n'es pas obligé de me le dire, tu sais, me coupa Louis. C'est personnel, je comprendrai.

Je m'en voulais tellement de ne pas lui faire confiance. C'étaitune des seules fois où j'étais calme et que l'on pouvait parler sans dégâts, et je n'étais même pas capable d'aligner deux mots.

- Ce n'est pas ça. C'est juste que...

- Je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit, Harry.

- Je sais.

Je regardai le mur en face de moi, alors que Louis se leva d'un trait.

- Ton chocolat va refroidir, disait-il. Tu devrais le boire maintenant.

- Ouais, merci.

Il se tourna vers moi,  et m'adressa un sourire.

- Si mon père rentre avant moi, tu lui expliqueras la situation. Il comprendra.

J'acquiescai d'un mouvement de la tête en le regardant partir. La porte se referma, me laissant dans le plus grand des silences. C'était dingue. Je me retrouvai chez Louis après tout ce que je lui avait dit. J'avais vraiment été odieux envers lui, et il acceptait quand même de m'accueillir chez lui.

- Bon, je soufflai.

Je buvais le chocolat d'un trait. Ensuite, je ne savais plus du tout quoi faire. Je regardai autour de moi, explorant des yeux les vieux murs dont la couleur me laissait perplexe. Je fixais ensuite mes mains. Elles étaient toutes abîmées. Cela me brûlait au niveau des phalanges mais je ne fis rien. Je ne pouvais quand même pas me servir comme si de rien n'était chez des gens que je connaissais à peine ! Et puis de toute façon, à quoi ça amènerait ? J'étais sûr que demain, je recommencerai. 

Au bout d'une heure à rien foutre, je me levai. Rester allongé allait finir par me donner le cafard, et je n'avais absolument pas besoin de ça pour me bousiller encore plus la journée. Mes pieds dévalaient sans peine, le grand escalier du salon, et j'arrivai directement dans la cuisine. J'empruntai un verre, versa de l'eau à l'intérieur puis le bus à grande gorgée. Louis m'avait servi du chocolat, mais j'avais tout de même cette impression de ne pas avoir bu depuis un siècle.

Je lavai le verre et le dépose dans l'évier, pour ensuite me diriger vers le sofa. Je m'affalai dessus, et allumai la télé. Il était à peine onze heures et putain je me faisais terriblement chier. M'imaginer être assis sur une de ces horribles chaises de cours en train d'écouter la voix d'un prof barbant me fatiguais plus qu'autre chose.  Je ne passai pas plus de deux heures à regarder des émissions débiles sur les animaux. L'écran m'avait fatigué et je me rendormis après être remonté à l'étage, regroupé sur moi-même en espérant que le temps passera plus vite.

Dix-huit heures.
J'avais cru que cette heure n'arriverai jamais, et heureusement pour moi j'entendis la serrure de la porte d'entrée se déverrouiller. Je m'étirai en rangeant la couverture, alors que la voix de Louis m'annonçait qu'il était rentré. Je déboulai les escaliers à vitesse grand V. C'était la première fois que j'étais aussi heureux de voir quelqu'un de ma vie ! J'avais l'impression que les minutes étaient passées comme des heures et que je n'allais jamais sortir de ce cycle morbide. 

- Louis ? 

Je l'appelai depuis l'entrée, mais il ne me répondait pas. Putain, j'ai pas rêvé ! Je regardai dans le salon. 

- Louis, putain !

Je commençai à m'énerver. Ce genre de blague ne m'amusait pas du tout, surtout avec l'horrible journée que je venais de passer. Je déboulai dans la cuisine. 

- Ah, tu es- 

Celui qui se retourna n'est pas Louis. Bordel de merde, ce n'était pas lui. 

C'était mon père

Je mis un instant à réaliser qu'il me faisait face. Sa voix résonnait dans la cuisine :

- Harry, fais-moi plaisir... Va m'attendre dans notre salle de jeux, tu veux?

Un immense sourire se traça sur son visage, alors que je sentis les larmes me monter aux yeux. 

Non, pitié pas ça... 


Dead End (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant