Chapitre 41

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Point de vue : Louis

C'était quoi ? Peut-être deux bonnes heures plus tard, je crois ? Non, en fait je pense que je ne m'en rappelle plus. Ou bien que j'ai seulement envie d'oublier. De l'oublier.

La pluie tombait sur moi comme un torrent. Je n'arrivais plus à marcher. Mes pieds étaient comme ancrés dans le sol, j'étais épuisé. J'avais pleuré, tellement versé de larmes que j'avais mal au cœur et mes yeux me brûlaient.

Je n'arrivais tout simplement pas à réaliser ce qu'il est en train de se passer. Ce message, l'attitude de Zayn... Pourtant tout semblait si évident mais j'ai simplement été trop absorbé par mes sentiments pour lui que tout me paraissait si naturel. Je ne me serais jamais douté de rien. S'il n'avait pas laissé imbécilement son téléphone sur la table, je n'aurai jamais su qu'il ne m'avait jamais aimé et que tout ce qu'il voulait c'était me baiser.

Je ne savais pas depuis combien de temps il y pensait, mais c'était un comportement horrible, tellement con que je ne saurai pas mettre un mot de plus dessus.

D'ailleurs, pendant que j'étais dans mes pensées, affalé dans ma grotte, je n'ai pas vu que la pluie s'était arrêtée. Je n'ai plus de batterie, seulement juste assez pour vérifier l'heure. Vingt-deux heures. Mon père allait me tuer.

J'avais d'ailleurs  vu dans la précipitation qu'il m'avait laissé plusieurs messages, mais je savais bien qu'au fond, ce n'était que des menaces qu'un parent faisait à son enfant pour qu'il rentre plus vite.J'étais déjà suffisamment dans la merde que les choses ne pouvaient qu'empirer.

Or, là je n'y pouvais vraiment rien ; mes habits étaient trempés, mes cheveux décoiffés et je commençais à ne plus sentir mes pieds du tout. Dans un dernier souffle, je me forçais à me lever. Un mal de tête surgit brutalement, j'essayais juste de ne pas y penser. 

Je marchais pendant ce qui me semble être une éternité. Je ne comptais même plus les arbres que j'ai vu défiler devant mes yeux tellement que j'en ai vu. Merde, cette phrase est complètement débile. Mais on s'en fou car personne ne peux entendre tout ce que je pense. Alors tout va -presque- bien. 

Les lumières de la ville m'apparaissent au loin et j'ai l'impression que cela fait des années que j'ai quitté la civilisation d'aujourd'hui. Que je suis en quelques sortes d'un autre monde. Comme si on m'avait arraché au mien. 

Je déambulais dans les rues comme un zombie, les quelques passants me regardaient étrangement. Je n'avais plus de force, mais j'avançais, et je continuerai d'avancer tant que je ne serai pas arrivé chez moi. Et heureusement, à quelques pâtés de maisons de là, je vis la supérette où j'allais quand j'étais encore au collège. Pour moi, c'était encore hier. Comme le temps passe vite. 

Devant la porte d'entrée, je restais planté là comme un piquet. Je savais que mon père allait m'en mettre une ou quelque chose d'aussi violent, mais pourtant j'avais envie d'y entrer, juste pour pouvoir sentir autre chose que de l'eau glacée sur ma peau et enfin coiffer les derniers cheveux qui me tombaient lâchement sur le visage. 

Dans un dernier souffle, je pressa ma main sur la poignée et pénétrais à l'intérieur de l'immense maison. Il y faisait froid, mais légèrement moins qu'à l'extérieur. Mes membres étaient frigorifiés et je cherchais maladroitement mon père du regard. 

J'aperçus alors au loin, la lumière de la lampe du salon. Il devait être en train de lire, sûrement pour attendre son fils qui revenait à des heures tardives. J'avalais difficilement ma salive, et m'avança pour être dans l'antre de la pièce. 

Mon père avait ses lunettes posées sur le nez et lisait calmement son journal. Sans le quitter des yeux, il me parla d'un ton ferme et sévère. 

— Je peux savoir où tu étais ? 

Je baissais le visage vers le sol, comme si il pouvait me voir et comme si il était déjà en train de me faire la morale. 

— Euh, je ... 

Je n'avais même pas le temps de baragouiner quelque chose de cohérent que le tas de papiers qu'il était en train de lire s'écrasa durement contre la table de bois et je le sentis s'approcher de moi d'un pas ferme. 

— Écoute Louis, je peux tolérer que tu traînes avec tes amis le soir. Mais je ne tolère en aucun cas, que tu rentres comme à cet instant, sale et ... 

Je relevais des yeux pleins de pitiés vers les siens, son expression était pleine de dégoût. Ma gorge s'assécha d'un coup, et il rompit notre contact visuel en partant tourner en rond autour du canapé tout en passant sa main sur son visage. Il semblait fatigué.

— Monte te doucher. Nous en reparlerons au dîner. 

— Tu n'as pas mangé ?

Ma question avait tellement l'air de le choquer qu'il me lança un regard noir. J'avais l'impression que ça le dérangeait que je m'inquiète pour lui.

- Non, je t'attendais figure-toi. 

Il fixa la télé éteinte en face de lui, attendant sûrement que je fasse quelque chose. Et, sans un mot de plus, je filais à l'étage pour prendre la bonne douche dont je rêvais tant depuis des heures. 



Dead End (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant