Dès le lendemain, elle commença à faire quelques cartons, ici et là, de façon désorganisée. Un peu dans le salon, un peu dans la chambre. Ne possédant rien de valeur, les choses allaient rapidement se dérouler de toute manière. La seule aide dont elle aurait besoin, serait le grand jour de sa migration vers son nouveau lieu de vie. Mais la jeune femme, ne voulant pas se compliquer la tâche, avait déjà tout réservé chez des professionnels, pour lui venir en aide. Même si elle dû faire le fond de ses poches pour s'offrir ce luxe, Lemie ne s'imagina pas faire autrement.
Si, pour elle, ces dix jours semblèrent une éternité, ceux ci passèrent rapidement en réalité. Juste ce qu'il lui fallait pour être dans les temps, et enfin, le jour J est arrivé.
Lemie n'eut rien d'autre à faire que de diriger les déménageurs. Ranger les cartons allait attendre au moins le lendemain. Lemie fut bien trop impatiente de profiter des lieux, en tête à tête avec elle même, ce qui lui sembla être déjà pas si mal.
Cette fois, elle put visiter les lieux, sans personne pour lui vanter l'endroit, qui n'avait rien de particulièrement charmant de toute façon. A peine dans l'entrée, depuis le couloir, elle se dirigea vers la gauche, dans ce qui allait devenir sa chambre. Les murs étaient abîmés, la tapisserie turquoise claire déchirée par endroit, et le sol brun semblait avoir vécu des siècles, sans parler des fenêtres qui donnaient l'impression de pouvoir se briser au moindre coup de vent. Elle poursuivit sa découverte en se rendant dans la cuisine, seule pièce approximativement convenable de l'appartement. Du moins, en apparence. Quand elle ouvrit les nombreux placards installés, elle ne put faire autrement que de se rendre à l'évidence, il allait falloir sortir toute son énergie pour redonner un coup de propre à l'intérieur de ceux ci. Ensuite, c'est dans le salon que Lemie s'égara. Le cœur de l'appartement n'avait rien à envier à la chambre, en matière d'insalubrité. Mais qu'importe, Lemie avait trouvé ce qui lui convenait parfaitement.
Au bout du couloir, se trouvait la salle de bain et les WC. Le tout dans la même pièce, ce qui ne gênait en aucun cas la jeune femme, puisqu'elle savait qu'elle n'aurait à les partager avec qui que ce soit. Sa visite s'acheva, puisqu'elle avait fait le tour de l'appartement déjà.
Tranquillement, elle se fit couler un bain, après avoir nettoyé le fond de la baignoire qui avait dû voir des tas d'âmes se laver dedans, tant elle paraissait avoir vécue. Et alors qu'elle se prélassait dans ce qui serait sûrement une pièce importante dans son plan, elle entendit un bruit. Pas du genre dont on peut distinctement en déterminer l'origine. Plutôt de ceux qui peuvent effrayer. Un son qui venait de loin, ou de tout près, dont le point de départ fit un tel écho, qu'elle ne put le définir. Ce fut toutefois un peu ridicule, puisque Lemie le savait, il n'y avait aucun voisin ici.
Curieuse malgré tout, elle sortit de son bain, passa de quoi se couvrir un peu et, les pieds nus et humides, longea le couloir qui menait à la porte d'entée. Sans s'expliquer pourquoi, c'est près de la pièce extérieure, fermée, qu'elle s'était convaincue qu'elle imaginait l'épicentre de ce drôle de son. Consciente qu'elle n'allait pouvoir y pénétrer, elle colla son oreille à la porte. Mais seul le silence résonnait. Lemie reprit ses esprits en secouant sa tête quelques secondes. Il n'y avait aucune raison pour que quelqu'un soit dans cette pièce, de toute façon verrouillée jusqu'à nouvel ordre. Lemie comprit qu'elle était ridicule et qu'elle avait dû ne rien entendre du tout, ou du moins rien qui ne méritait d'y prêter attention. Peut être était elle en train de somnoler dans sa baignoire, et avait tout imaginée. Néanmoins, le léger doute qu'elle conserva lui suffit pour ne plus du tout avoir envie de retourner dans ce bain qui lui avait pourtant fait tellement envie. Ce n'était que partie remise après tout.
Une fois au lit, la jeune femme ne trouva pas le sommeil. Les yeux fixés sur le plafond détérioré à cause, sans aucun doute, de plusieurs anciens dégâts des eaux, la jeune femme était perdue dans ses pensées. L'idée que quelque chose ait pu lui échapper tournait sans cesse dans son esprit. Jusqu'au point d'être obsédée par ce qui pouvait se trouver dans cette pièce scellée. La situation l'empêcha de s'endormir. Elle entendit tous les bruits de la rue, les quelques voitures qui passèrent à pas d'heure, les jeunes qui rentrèrent de soirée, les oiseaux qui chantonnèrent sous sa fenêtre. Rien ne lui avait échappé. Au petit matin, Lemie tournait encore en rond. Il était bien trop tôt. Aucun magasin ne serait ouvert à une heure si matinale. Elle se figea devant l'horloge fraîchement déballée d'un carton, en attendant de pouvoir sortir de chez elle.
Les aiguilles semblèrent s'amuser de la jeune femme. Il était évident que celles ci avançaient d'un pas lent. Lemie en fut convaincue, le temps tournait au ralenti. Pourtant, après une longue attente, celles ci se figèrent sur une heure plus convenable.
Enfin, elle put envisager de quitter les lieux, pour mieux les retrouver plus tard. D'un pas décidé, elle attrapa le premier bus qui passait par là, dans le but de se rapprocher d'un magasin de bricolage. Lemie n'y connaissait rien, mais elle savait qu'elle n'arriverait pas à ouvrir cette porte sans un peu de matériel. Arrivée sur place, elle ne se priva pas de remplir son caddie, sans pour autant être sûre de l'utilité de ce qu'elle embarquait avec elle.
Marteau, tournevis, clé à molette, perceuse et autre outils dont elle ignorait le nom se trouvaient sur le tapis roulant de la caisse. Lemie se dandinait, comme pour montrer son impatience. Et impatiente, elle l'était véritablement. Elle en était sûre, derrière cette porte, quelque chose se cachait. Sans pouvoir émettre une quelconque hypothèse, elle sentait qu'elle allait faire une découverte. Si cela venait à ne pas être le cas, Lemie allait être déçue, c'était certain.
>>>> A Suivre - Chapitre 3 : La Porte <<<<
VOUS LISEZ
L'Appartement
Short Story"La solitude, autant qu'on peut la vouloir ou l'espérer, sonne comme un abandon quand elle s'éternise un peu trop".