Chapitre 40 - La souffrance

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De retour chez elle, Lemie se sentit plus légère. Pas au point de ne plus toucher terre, mais moins lourde de tout ce qui l'encombrait depuis tant de temps. Avant de rentrer, elle fit un détour par le magasin le plus proche, puis elle se dirigea enfin vers chez elle. C'est alors qu'en passant la porte, elle vit Oli, qui semblait l'attendre de pied ferme.

- Tout va bien ? Demanda t elle à son invitée.

- Tu es partie si longtemps, que je me demandais si tu reviendrais. Déclara t elle.

- Quoi ? Mais je ne suis partie que quelques heures, tout au plus.

- Je t'attends depuis notre dispute, pour mettre les choses à plat entre nous, mais tu as disparue subitement.

- Et bien, comme tu me l'as dit la dernière fois, je ne t'ai pas abandonnée, puisque je ne t'ai jamais rien promis de tel. Répondit Lemie.

- Certes ! Et ça, c'est quoi ? Demanda Oli, en pointant du doigt le sac plasique que Lemie tenait dans sa main.

- Tu vas voir. Suis moi.

La jeune femme guida Oli jusqu'à la salle de bain, et sortit de son sac un miroir flambant neuf, qu'elle installa en lieu et place de l'ancien, celui qui était cassé.

- Je fais des réparations. Déclara Lemie, souriante.

- Et tu penses que changer un miroir répare tout ?

- Non, mais c'est un début. Viens te regarder dedans, tu verras, le reflet n'en est que plus que joli. Assura Lemie.

- Je ne préfère pas.

Oli eut vite fait de faire un pas en arrière. Elle ne voulut pas découvrir son reflet dans la glace, et laissa la place à Lemie, qui semblait émerveillée par son nouveau miroir.

- Que t'arrive t il Lemie ?

- Et bien quoi, un peu de bonne humeur me va si mal que ça ?

- Pas du tout. Mais ça surprend. Répondit Oli.

- Et toi, que t'arrive t il ? Tu n'as pas l'air en forme.

- Je ne sais pas. C'est comme si mes émotions se mettaient à me rattraper.

- Tu ressens quelque chose à nouveau ?

- Je m'en passerai bien. Affirma Oli.

- Viens avec moi.

Lemie tira son invitée par le bras pour l'emmener dans le salon. Elle l'invita à s'installer sur le canapé et attrapa, posée sur la table, la bouteille de vodka entamée.

- Tiens ! Ça panse toutes les blessures.

Oli se mit à sourire, à cause de cette impression de déjà vu. Les rôles s'étaient pourtant inversés.

- Tu sembles si différente.

- Je crois que je le suis Oli.

- Que s'est il passé ?

- Je ne sais pas. Peut être que j'ai simplement ouvert les yeux.

- Alors comme ça, tout va mieux ? Interrogea Oli.

- Non. Mais je dois tenter d'aller de l'avant. Ce n'est pas ce que tu disais ? Et puis, j'ai bien compris. On ne suit pas la tristesse, alors je ne dois plus être que ça.

- Je ne sais pas. Je ne sais plus.

- Qu'y a t il Oli ? Quelque chose que tu ne me dis pas ?

- Je te dis que je ne sais pas. Je n'ai pas envie de boire, ni même de parler. Je vais me reposer je crois. Lança Oli, l'air dépitée.

- Bien ! Comme tu veux. Je te laisse.

Lemie se leva, emporta la bouteille avec elle dans sa chambre, et après en avoir bu quelques gorgées, elle prit un pinceau.

«Je dois me délester de ma souffrance».

Pour la première fois, Lemie semblait plus confiante, désireuse d'en finir avec ce gouffre dans lequel elle avait plongé sans en savoir la raison. Elle se mit debout sur son lit et observa autour d'elle. Et sans lire le moindre mot qu'elle y avait inscrit, elle le sentit au plus profond de son âme, son projet arrivait bientôt à son terme.

L'AppartementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant