A la veille de reprendre le travail, Lemie attendait le serrurier patiemment. Il était convenu que celui ci viendrait pour 10 heures, ce jour là. Et, pour une fois, la jeune femme avait pris soin de rester face à son horloge, afin de ne pas rater ce rendez vous. Il était bien trop important pour elle. L'homme fut en retard, mais arriva malgré tout, quelques dizaines de minutes plus tard. Il se présenta à l'entrée un peu sale, un jean bien trop large pour son gabarit, et les cheveux grisonnants. Qu'importe pour la jeune femme, tant qu'il remplirait son contrat. Elle lui montra la porte en question, afin qu'il se mettre au travail aussi rapidement que possible.
Lemie ouvrit la porte, afin de s'assurer qu'Oli avait bien quitté les lieux, au petit matin, comme prévu. Elle découvrit la pièce vide, à l'exception d'un détail. Son invitée avait pris soin de lui laisser la fameuse malle qui la rendait si curieuse. Etait ce un présent que lui avait offert la jeune femme, ou le signe évident que celle ci finirait par revenir ? Si la réponse ne sembla pas évidente pour Lemie, elle ne pouvait nier une chose, Oli n'était plus là. Elle avait tenu parole. Ces pensées firent presque oublier à la jeune femme, qu'elle n'était pas seule, jusqu'à ce que l'homme prenne la parole.
- Madame, il faut que je commence, j'ai d'autres rendez vous après vous !
Lemie se recula, sortit de la pièce, et laissa l'homme travailler sans le déranger. Le bruit qu'il faisait en manipulant la serrure, agaçait profondément la jeune femme. En recherche de silence, elle prit son mal en patience, sachant que tout ce vacarme allait lui apporter la solitude tant attendue. Un peu moins d'une heure après son arrivée, le serrurier frappa à nouveau à la porte de Lemie.
- J'ai terminé madame. Voici vos nouvelles clés ! Annonça l'homme, en lui tendant un trousseau de trois clés flambant neuf.
- Je vous remercie monsieur.
- Il me faudrait une signature sur ce formulaire, et je peux vous laisser tranquille.
Lemie signa le papier qui indiquait que l'intervention du serrurier avait eut lieu en temps et en heure, puis elle vit ce dernier s'en aller. Le silence qui régnait enfin était délicieux pour la jeune femme. Elle ne sut pas très bien par quoi elle devait commencer. En profiter pour penser enfin un peu à elle, ou courir jusqu'à la pièce pour aller observer cette malle, et trouver le moyen de l'ouvrir. C'est alors qu'elle prit conscience qu'elle venait de laisser filer la seule personne, autour d'elle, capable de lui donner de véritables informations pour déverrouiller l'objet. Lemie courut dans les escaliers, priant d'avoir encore le temps de rattraper l'homme. Arrivée dehors, celui ci était tout juste en train de monter dans son véhicule utilitaire.
- Monsieur ! S'il vous plait ! Attendez ! Tenta d'interrompre Lemie.
- Que se passe t il madame ? Un problème ? Répondit le serrurier.
Lemie lui expliqua alors posséder une malle dont elle a perdu les clés, et lui demanda s'il connaissait une façon de l'ouvrir.
- C'est que, je suis un peu pressé, mais si vous voulez, je peux repasser dans la journée pour voir de quoi il s'agit.
Lemie accepta le nouveau rendez vous, sans même prendre en compte le fait que ce déplacement serait à ses frais, et qu'il l'empêcherait de profiter de sa dernière journée, seule. Tant pis, elle désirait trop savoir ce que contenait le coffre. Cela valait bien quelques sacrifices.
Dans l'après midi, l'homme revint, comme prévu. Il frappa à la porte, prêt à donner ses meilleurs conseils à la jeune femme.
- Alors, montrez moi cette malle. Demanda le serrurier.
Lemie le guida dans la pièce, et lui montra l'objet en question. Mais l'homme n'y prêta pas grande attention, et s'approcha de la jeune femme comme pour la séduire. Cette dernière fit un pas en arrière.
- Que faites vous ?
- Et bien, la malle n'était pas une excuse pour me faire revenir ? Demanda t il bêtement.
L'homme avait visiblement mal interprété la demande de Lemie, qui fut très gênée de ce malentendu évident. Le serrurier, pas vexé pour un sou, continua de faire du charme à la jeune femme, convaincu que ses "non" voulaient en réalité dire oui. Lemie tenta de se débattre, de se défaire de l'emprise de l'homme, qui était bien trop fort pour elle. Et alors que celui ci se montrait de plus en plus insistant, Lemie comprit que le moment n'allait pas être agréable, et se sentit totalement impuissante face à la situation. Alors que l'homme, un peu dégoûtant, tentait d'embrasser la jeune femme, celui ci s'écroula soudainement. Lemie, paniquée, ferma les yeux, et ne put croire à un miracle.
- Tout va bien ?
Lemie reconnu la voix d'Oli, et ouvrit les yeux, découvrant ainsi le serrurier au sol.
- Il est mort ? S'inquiéta la jeune femme.
- Qu'est ce que ça peut faire ? Il a tenté de te violer.
Lemie, bien que conciente du mal qu'aurait pu lui faire le serrurier, se jeta au sol pour tenter de savoir si l'homme respirait encore.
- Il respire. Il faut appeler les pompiers. Affirma Lemie.
- Tu rigoles ? Laisse ce porc reprendre ses esprits tout seul, et on lui fera un accueil qui lui passera l'envie de recommencer.
Lemie n'était pas d'accord avec le programme qu'Oli lui proposait mais, d'un autre côté, c'était cette dernière qui venait de la sauver. Il ne faisait aucun doute que son ancienne invitée savait mieux s'en sortir qu'elle, dans ce genre de situation.
- Alors ? Tu es d'accord ? Demanda Oli.
- Fais comme tu veux. Répondit Lemie.
- Très bien, alors on attend.
L'attente fut longue. L'homme avait été clairement bien assommé par le bâton de bois qu'avait utilisé Oli pour en venir à bout. C'est alors que, dans le silence de son réveil qui avait du mal à venir, Lemie s'interrogea.
- Mais que fais tu ici ? Tu n'étais pas partie ?
- Si, j'ai commencé à vider mes affaires ce matin, mais je ne voulais pas te déranger, et je cherchais quelqu'un pour m'aider à transporter la malle.
Lemie comprit qu'Oli ne lui avait pas du tout laissé le coffre en guise de présent. Elle n'avait juste pas trouvé le moyen de le déplacer. Les pensées de la jeune femme se lisaient sur son visage, ce qui n'échappa pas à son ancienne invitée.
- Tu croyais que je te l'avais laissé ?
- Non, pas du tout. Pourquoi dis tu ça ?
Alors qu'Oli allait répondre, les gémissements du serrurier stoppèrent net la discussion. Il se réveillait enfin. Lemie ne savait pas vraiment ce qui allait se passait à partir de là, mais elle sentait qu'elle allait découvrir une facette de la jeune femme, qu'elle n'avait pas encore soupçonnée.
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L'Appartement
Historia Corta"La solitude, autant qu'on peut la vouloir ou l'espérer, sonne comme un abandon quand elle s'éternise un peu trop".