Chapitre 15 - Les retrouvailles

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A peine arrivée à l'étage, Lemie fut surprise de voir là, assise sur le dernier escalier, Oli. C'était un peu comme si celle ci n'avait jamais quitté les lieux. Lemie se rappelait de leur première rencontre, et la curiosité que provoquait sa présence l'envahissait. A la fois heureuse et inquiète de ce que celle ci pouvait attendre d'elle, cette fois ci. 

- Tu étais sortie ! Lança Oli.

- Oui.

- Tu as pleuré ?

Lemie baissa les yeux et su qu'elle ne pourrait pas mentir à la jeune femme. Sa détresse se lisait sur son visage, et si elle avait pu s'échapper du SDF, cette solution lui semblait plus difficile à mettre en pratique face à Oli. Elle finit par admettre avoir versé une petite larme au parc, avant de raconter ce qu'elle venait de vivre à son ancienne invitée. Elle ne cacha aucun détail, et évoqua tant la présence du couple, que les mots qu'ils s'étaient échangés. En délivrant cette histoire, la jeune femme ne put s'empêcher de sentir, à nouveau, son émotion la gagner. Elle voyait bien qu'Oli n'était en rien réceptive à tout cela. D'ailleurs, celle ci le confirma rapidement. 

- C'est ridicule. Lui lança-t-elle, froidement.

- Ne me pose pas la question, si tu ne veux pas entendre la réponse.

- Ce n'est pas ta réponse qui est ridicule, mais le fait de pleurer sur le malheur des autres.

Lemie fut surprise. Oli était elle à ce point rigide, pour ne jamais être émue face à la tristesse d'une autre personne ? Du monde qui l'entoure ? C'est ce qu'en concluait la jeune femme. Et après ce constat, il était évident qu'il deviendrait difficile d'apprendre à l'apprécier réellement.

- Je ne t'ai pas invité à revenir. Répondit Lemie.

Oli ne fut pas étonnée de la réaction de son ancienne hôte. Elle l'avait mise à la porte après tout, et ses sautes d'humeurs semblaient être pathologiques chez elle. Toutefois, elle misait sur le bon fond de la jeune femme, pour lui offrir, une fois de plus, un toit pour la nuit. Après tout, celle ci pouvait se liquéfier face au sort d'un couple qu'elle ne connaissait pas, alors pourquoi pas pour elle ? 

- Tu pleures pour un couple qui se sépare, et tu n'aurais aucun problème à me laisser dormir dehors ? Interrogea Oli.

- Cela n'a rien à voir.

- ça a tout à voir, au contraire. Tu compartimentes les douleurs entre celles qui te touchent, et celles qu tu préfères laisser de côté. C'est d'une hypocrisie sans nom, et cela ne te correspond pas. 

- Tu n'en sais pas assez sur moi pour émettre un tel jugement.

- Vraiment ? Pourtant tu n'as aucun problème à m'imaginer insensible quand il est question de ne pas comprendre ton hyper émotivité. Répondit Oli.

Lemie fut bien contrainte d'admettre que la jeune femme avait raison. Mais elle n'aurait pas pris le risque de l'avouer à haute voix. Elle garda cette pensée au plus profond de son esprit, comme un secret inavouable. C'était vrai. Lemie, comme la plupart des gens, hiérarchisait la peine des autres. Elle ne le faisait pas exprès, c'était simplement ainsi. Cela ressemblait à quelque chose de finalement très naturel. Parfois plus émue face à une situation banale que face à un contexte tragique, la jeune femme comprit que tout était relatif au fond.

- J'ai marqué un point, n'est ce pas ? Souligna Oli.

- Ce n'est pas un jeu, il n'y a pas de point à marquer.

- Qu'en sais tu ?

- Tu n'en sais pas plus que moi.

- Laisse moi dormir ici, et tu le découvriras.

Oli avait l'intelligence des mots, et savait comment arriver à ses fins en les utilisant bien. La curiosité de Lemie étant grande, elle finit par se dire qu'elle n'avait pas grand chose à perdre que de laisser Oli, une fois encore, profiter de sa pièce extérieure. C'est ainsi que la jeune femme accéda à la requête de son invitée, et lui ouvrit la porte, une nouvelle fois. 

- Par contre, dès demain, il faut que tu trouves une autre solution. Tu dois quitter cette pièce, j'aimerai l'aménager. Affirma Lemie.

Le message fut clair pour Oli, qui n'en demandait pas plus, dans l'immédiat. Elle empoigna sa veste, et entra dans la pièce, laissant un peu d'intimité à Lemie. Et puis, de toute façon, demain était un autre jour, et cela laissait suffisamment de temps à Oli pour penser à la suite, et peut être, convaincre Lemie de réviser son jugement à son encontre. 


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