Au lendemain, on pouvait sentir le froid palpable qui régnait entre Oli et Lemie. Quelque chose s'était comme brisé, sans pour autant avoir eu réellement le temps de se construire au préalable. Lemie ne voulait pas se confronter à son invitée, pas plus que la brusquer compte tenu de sa situation, mais elle devait pourtant agir.
- Tu as des nouvelles de ton amie ? Demanda t elle, brisant ainsi le silence.
- Laquelle ?
Lemie resta perplexe. Jusque là, Oli n'avait parlé que d'une personne. S'il y en avait d'autres, elle ne pouvait le savoir. L'invitée constata le trouble dans le regard de Lemie.
- Et bien quoi ? Nous sommes amies également, non ? Ajouta Oli.
- C'est évident que je parle de l'ancienne locataire. Affirma Lemie.
- Alors non, il n'y a rien de nouveau sur la situation. Elle n'évolue pas.
- Tu vas retourner la voir à l'hôpital ?
- Pourquoi ? Tu veux un peu de solitude ? Répondit Oli.
Lemie avoua, sans gêne, qu'un peu de calme lui ferait grand bien. Sans vraiment la mettre dehors, elle invitait ainsi Oli à aller s'oxygéner, où elle voudrait. Cette dernière comprit rapidement le message et attrapa son manteau, prête à quitter l'appartement. Elle quitta les lieux sans un mot, n'étant déjà plus là avant même de partir.
Enfin, Lemie était à nouveau seule avec elle même. Avec la possibilité de faire ce qu'elle voulait, comme elle le voulait. Cette liberté était si intense, qu'elle semblait difficile à utiliser de la meilleure façon qu'il soit. Elle entra dans sa chambre, de laquelle elle put ne pas refermer la porte. Ce fut sa première folie de solitaire. Elle observa ses murs et se rendit compte qu'il lui restait encore beaucoup à faire. Le bilan était sans appel. Pourtant, elle savait aussi que la somme de son travail se comptait davantage en expériences vécues, qu'en temps accordé à son projet.
Lemie restait ainsi, devant ses murs, ses toiles. A se demander si le sens qu'elle cherchait à y mettre, lui permettrait, un jour, de se sentir mieux. Plus en phase avec le monde, les gens, elle même. La jeune femme en était à ces considérations lorsqu'elle entendit une voix.
- Le plus gros mensonge autour de toi est de penser que rien n'est réel.
Oli était déjà de retour et se tenait, sans la moindre gêne, à l'entrée de la chambre de Lemie. Cette dernière qui, sans même prendre le temps de la réflexion, se dirigea vers son invitée pour lui faire quitter la pièce. Lire cette simple phrase, c'en était déjà trop. Oli ne tenta pas d'esquiver l'invitation à quitter la chambre. Elle se laissa simplement faire. Mais le regard qu'elle lançait à Lemie en disait long.
- Pourquoi penses tu que tout n'est que mensonge ? Demanda Oli.
- Laisse tomber. Ce n'est qu'une phrase. Et puis, il me semble que tu es d'accord avec ça.
- Une phrase qui se trouve être sur une toile, sur le mur de ta chambre, tout de même. Et je n'ai jamais affirmé être en accord avec ce principe, je t'ai juste souligné que c'est souvent un fait.
- Ça ne change rien. Affirma Lemie.
- Peut être pas. Tu as raison. Mais de dormir à l'endroit où ces mots te rappellent sans cesse cette vérité que tu sembles croire, je ne suis pas sûre que cela te rend service.
- Tu ne sais rien de ce dont j'ai besoin. Souligna Lemie.
- Vraiment ? Et bien pourtant, je dirais que tu es triste. Que quelque chose s'est passé, et que tu cherches à tuer ce sentiment pour continuer à vivre. Sauf qu'il est ancré, imprégné, incrusté en toi, autant que ta propre ombre. Je dirais que tu es seule. Désespérément seule, même lorsque quelqu'un est près de toi. Je dirais que tu souffres de voir que le monde que tu t'étais imaginé, ne ressemble en rien à celui qu'il est réellement. Et enfin, je dirais que c'est parce que tu as cru les mauvaises personnes, les mauvaises paroles, que tu penses que tout n'est que mensonge.
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L'Appartement
Short Story"La solitude, autant qu'on peut la vouloir ou l'espérer, sonne comme un abandon quand elle s'éternise un peu trop".