Un peu plus tard dans la soirée, elle entendit la porte d'Oli claquer. Cette fois, c'était sûr, elle était seule . Plus personne d'autre qu'elle ne se trouvait dans le bâtiment, elle pouvait enfin envisager de passer à l'action. De surfer entre son besoin et sa mauvaise conscience. Lemie n'avait que quelques pas à faire pour se rendre dans la pièce, et enfin mener à bien son objectif. Elle sortit de son appartement, se dirigea vers la fameuse porte, l'ouvrit, et se retrouva nez à nez avec la malle. Allait elle lui résister longtemps ou se montrer peu récalcitrante ? Lemie n'en avait aucune idée, mais il fallait qu'elle tente sa chance. Peut être davantage pour faire fuir Oli, que pour finalement en connaître le contenu. Ses priorités avaient changé du tout au tout, si rapidement.
Elle s'approcha de l'objet, silencieusement, et le scruta de chaque côté pour en immortaliser les contours dans son esprit. Elle n'était pas abîmée, aucune rayure sur son bois. C'en était troublant tant elle paraissait neuve. Il était évident qu'Oli en avait pris soin comme personne. Elle se baissa enfin et tenta d'insérer un tournevis dans la serrure. A peine celui ci avait frôlé la malle, qu'elle entendit les pas d'Oli retentir. Celle ci n'était pas partie longtemps. Du moins, trop peu pour lui laisser l'occasion de faire quoi que ce soit. Lemie, prise de panique, cherchait une solution pour se sortir de cette situation. Qu'allait elle bien pouvoir raconter pour ne pas paraître coupable ? L'idée même d'y réfléchir pouvait sembler étrange, tant le but de la jeune femme était bien d'énerver suffisamment son invitée, pour que cette dernière ait enfin l'envie de partir. Malgré tout, Lemie cherchait une raison, afin de se justifier. Elle n'aurait pas supporté qu'on l'imagine malhonnête, alors que ses intentions étaient toute autre. Et puis, elle n'avait pas envie de réellement se disputer, frontalement, avec Oli.
- Tu fais quoi ? Lança Oli en entrant dans la pièce.
- Rien. Répondit la jeune femme, s'étant rapidement rapprochée de la vitre.
- Tu fais souvent du rien avec un tournevis à la main ?
- ça ? Non, ce n'est pas ce que tu crois.
- Je ne crois rien. Affirma Oli.
Lemie s'engagea sur un terrain complexe, assurant avoir entendu la fenêtre claquer, et avoir voulu la réparer à sa façon, comme si elle en était simplement capable, pour que son invitée ne soit pas gênée en pleine nuit.
- Ne t'en fais pas pour moi, je ne dors pas tellement la nuit. Répondit Oli, qui semblait ne pas remettre en question les propos de son hôte.
- Très bien ! Comme tu veux... Conclut Lemie.
- Et toi, tu ne dors déjà plus ?
- Si, bien sûr, je vais y aller.
- A cette heure ci ? Mais il est presque 6 heures du matin.
Lemie baissa les yeux sur sa montre, et constata que l'heure que venait de lui donner Oli était bien exacte. A nouveau, elle comprit qu'elle avait oublié de manger, de dormir, de vivre. La jeune femme semblait troublée par la situation qu'elle ne s'expliquait pas.
- Tu as perdu la notion du temps ? Demanda Oli.
- Non ! Enfin, je ne sais pas. C'est étrange, je ne vois pas les heures passer depuis que je suis ici.
- C'est normal ! Ici, le temps ne compte plus.
Lemie ne comprenait pas ce que voulait lui dire Oli. Elle estima que la jeune femme devait être dans un de ses fantasmes impossible à suivre. D'ailleurs, depuis le début, elle n'avait encore jamais réellement su la cerner, en partie à cause de sa façon énigmatique de s'exprimer. Qu'importe, Lemie devait repartir vers ses appartements, et laisser Oli vaquer à ses occupations.
Au moment de partir, Oli la rattrapa, lui barrant le passage.
- Attends ! Dis moi, qu'est ce que tu fais dans ta chambre ?
- ça ne te regarde pas, je te l'ai déjà dit.
- Tu ne veux plus connaître les histoires de cet appartement ?
- Si, bien sûr, mais ça n'a aucun rapport.
- Et si ça en avait un ? Demanda Oli.
Lemie ne répondit pas. Il n'y avait pas grand chose à répondre, lui semblait il. Oli finit par la laisser passer pour quitter la pièce et retourner chez elle. Une fois seule, Lemie se mit à réfléchir, autant à ce que lui avait dit son invitée, qu'à une solution pour ouvrir cette malle. L'ouvrir ne pouvait être son sésame pour la solitude. Il fallait qu'elle trouve mieux, plus efficace, plus sûr, et moins culpabilisant. Quelque chose qui lui permettrait de continuer à se regarder dans le miroir, chaque matin. Bien que cela faisait déjà longtemps qu'elle avait abandonné cette activité.
>>>> A suivre - Chapitre 9 - Une solution <<<<
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L'Appartement
Short Story"La solitude, autant qu'on peut la vouloir ou l'espérer, sonne comme un abandon quand elle s'éternise un peu trop".