Chapitre 41 - La malle

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Quand Lemie sortit de sa chambre, elle constata qu'Oli semblait toujours aussi morose. La mine fatiguée, triste, perdue, et peut être même un peu en colère, la jeune femme se vit en elle. Quelques jours plus tôt, c'était elle que l'on pouvait admirer de la sorte. Vide. Sans rien à attendre, à donner, à recevoir. Tellement vide. Soudain, elle vit Oli se lever et se diriger vers la porte d'entrée, puis partir sans dire au revoir.

Lemie ne sut quoi faire, mais elle refusa de se complaire dans un nouveau désespoir. Et puis, elle devait comprendre encore tant de choses. Elle décida d'aller, elle aussi, prendre l'air pour se vider l'esprit. A peine sur le palier, la jeune femme se sentit attirée par autre chose que son envie de sortir. Comme si une force l'appelait à faire demi tour. Pas pour rentrer dans son appartement, mais dans cette pièce extérieure, où demeurait cette malle impénétrable.

Elle se souvint de la discussion qu'elle avait eu avec Oli, tout en s'interrogeant. Son invitée lui avait dit que celle ci contenait une clé, des vérités, et son salut. Dans quelle mesure cela pouvait être vrai ? Elle entra dans la pièce, de plus en plus poussiéreuse. Elle s'approcha de la malle dont elle connaissait les moindres détails, tant elle l'avait obsédée au début de son emménagement. Elle s'installa en tailleur devant celle ci, sans se soucier de salir son pantalon. Ça n'avait pas grande importance.

Ses mains caressèrent le coffre, comme pour lui donner envie de s'ouvrir par lui même. Elle glissa son ongle dans une rainure du couvercle et se rendit compte que celui ci se soulevait. Comment était ce simplement possible ? Lemie se redressa un peu, et prit appui sur ses genoux. Elle posa ses deux mains sur la malle, et tenta de l'ouvrir. Lemie n'avait pas rêvé. Le coffre était ouvert, probablement depuis toujours. Elle qui avait tant voulu le déverrouiller, n'avait même jamais pensé à la possibilité que celui ci ne soit pas fermé.

Elle prit une grande inspiration, comme pour faire durer l'instant avant de découvrir le contenu de la malle. Elle baissa les yeux et vit, cachée dans l'obscurité du fond du coffre, une petite boîte en bois, avec une serrure, et une clé posée par dessus. Oli n'avait pas menti sur tout. Si elle n'avait pas encore trouvé de vérités ou le salut de son invitée, il y avait bien une clé. Elle prit la petite boîte et son sésame, referma la malle, et sortit de la pièce, son trésor en main.

Soudain, elle ne voulut plus du tout sortir. Elle s'installa sur son canapé et posa la boîte sur sa table de salon. Elle l'observa un long moment, en se demandant ce qu'elle pouvait contenir. Puis, au moment d'y insérer la clé, elle entendit un bruit venir du palier. Oli était manifestement de retour. Dans l'empressement, Lemie reprit son butin et se dépêcha d'aller le cacher dans sa chambre. Si son invitée venait à découvrir son intrusion, elle ne pourrait pas lui pardonner. Lemie le savait, elle ne réagirait pas différemment si c'était dans son sanctuaire qu'on entrait sans y être autorisé.

Après avoir enlevé toutes les traces de sa découverte, Lemie rejoint le salon où se trouvait déjà Oli, qui ne semblait pas aller mieux. Probablement pire d'ailleurs.

- Tu ne te sens pas bien ? Demanda Lemie.

- Je me sens... Comment dire...

- Cassée ?

- Peut être bien. Marmonna Oli.

L'invitée de Lemie semblait soudainement rattrapé par ses vieux démons. Ses angoisses lui revenaient en un bloc, sans raison. Juste comme ça. Lemie l'observait quand soudain, une pensée lui traversa l'esprit.

- Je sais. Lança t elle.

- Quoi ? Tu sais quoi ?

- Tu ne cherchais pas à oublier tes coups durs contrairement à moi. Affirma Lemie.

- Qu'est ce que tu racontes ?

- Tu ne vois pas ? Je cherchais à oublier, et mes angoisses m'obsedait. Je ne cherche plus, et je me sens mieux. Tu n'essayais pas d'effacer ta mémoire, et tu te sentais bien. Depuis que nous avons évoqués nos passés, tu es au plus bas. Parce que tu te rends compte que tu n'as peut être pas oublié ta détresse.

- Qu'est ce que tu racontes ? Tu te prends pour une psy maintenant ? Grogna Oli.

- Reflechis. Ça se tient.

- C'est ridicule.

- Tu ne vois donc pas ? Tu es toujours ce que je ne suis pas. Optimiste quand j'en suis incapable. Triste quand je me sens plus légère.

- Nous n'avons rien en commun Lemie.

- C'est précisément ce que je dis. Nous sommes comme la moitié chacune d'une entité complète, qui a décidée de se couper en deux, pour éviter de devoir cohabiter en permanence.

- Tu as perdu la tête. Vraiment !

- Ne me parle pas comme ça. Plus jamais.

- Sinon quoi ? Sortit Oli en haussant le ton.

- J'ai essayé de faire de toi mon amie, tandis que tu t'es débattue pour faire de moi ton ennemie. Ça ne te fait pas réfléchir ? C'est à ton tour Oli.

- A mon tour de quoi ?

- D'ouvrir les yeux.

Sur ces mots, Lemie quitta le salon sans laisser le moindre droit de réponse à Oli. Elle retrouva son sanctuaire, dans lequel se trouvait toujours la boîte. Il était temps d'en découvrir le contenu.

L'AppartementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant