Chapitre 4

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                         -Tu conduis lentement.

-Si tu appelles « conduire lentement » respecter les limites de vitesse alors oui, je conduis lentement.

Concentrée sur ma route, je l'entendis seulement bougonner avant qu'il ne replonge dans son mutisme. Mutisme dont il ne ressortait que de temps en temps pour me donner des indications sur la route à suivre. Pour l'instant il s'agissait de conduire tout droit sur une route peu fréquentée et ça m'allait très bien. J'avais du mal à gérer les événements et à comprendre comment je m'étais retrouvée dans cette situation. La semaine précédente tout allait bien et aujourd'hui je me retrouvais poursuivie par des mecs que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, pour avoir porté secours à un gamin. Gamin qui m'emmenait je ne sais où, à bord d'une voiture volée. Bon sang, c'était trop pour mon pauvre petit esprit.

-Dis, c'était qui ces mecs qui nous poursuivaient ?

Pas de réponse. Ça commençait bien.

-Ils me poursuivent parce que je t'ai aidé ?

Toujours rien. Mes doigts tapotèrent sur le volant en signe d'agacement.

-Je ne sais même pas comment tu t'appelles.

-Nathan.

Sa réponse me prit au dépourvu : je m'attendais à ce qu'il m'ignore comme les autres fois.

-Moi c'est Olivia, mais tu peux m'appeler Ivy.

Il ne répondit pas et je tentai une nouvelle approche.

-Dis-moi Nathan, comment m'as-tu retrouvée ?

-Par l'odorat. A droite.

Je me retournai immédiatement vers lui. Grave erreur. Je tournai au dernier moment en donnant un coup sec sur le volant.

-Eh, fais attention ! Je tiens à la vie moi ! Tu as le permis au moins ?

Dit le gamin qui roule au-dessus de la vitesse autorisée. Je me retins de lui balancer une réplique cinglante et reportai mon attention sur la route. Me le mettre à dos ne servirait à rien à cet instant. Il avait parlé d'odorat ... Cela voulait-il dire ...

Un millier de questions fourmillaient dans ma tête et je n'arrivais pas à en choisir une. D'autant plus que la probabilité qu'il me réponde était quasiment nulle. Finalement je n'eus pas le loisir de l'interroger puisqu'il me fit entrer sur une propriété. Les roues atteignirent à peine le gravier qu'il se détacha et il n'attendit même pas que j'éteigne le moteur pour sortir. Je l'imitai et mon souffle fut coupé devant ce qui m'attendait. Une immense maison en pierre aux allures de grange réhabilitée me faisait face. Des plantes grimpantes s'accrochaient aux murs et et quelques rares fleurs ornaient encore le feuillage. Le tout sans cacher l'imposante bâtisse. J'en tombai instantanément amoureuse.

Le gamin entra et je le suivis à l'intérieur, prenant tout mon temps pour admirer la décoration de l'entrée et du couloir, qui se révéla moderne à ma grande surprise. Nous déboulâmes dans une salle de vie lumineuse aux grandes vitres et à la décoration basée sur un mélange de bois et de blanc. C'était tout simplement magnifique, et la cheminée acheva de me conquérir.

-Tu veux un truc à boire ?

-Tu as du café ?

Nathan acquiesça avant de m'en préparer un. J'enlevai mon manteau et m'appuyai contre le plan de travail, sidérée. Tout cela me semblait un peu trop irréaliste. Soudain je pris peur : le gamin avait volé une voiture. Il pouvait m'avoir emmenée n'importe où.

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant