Chapitre 28

9.8K 1K 44
                                    

[N'hésitez pas à écouter la chanson Nightcall pendant votre lecture, de préférence la version de London Grammar. J'ai écrit ce chapitre tout en l'écoutant. Vous la trouverez en média ;) ]

                         Autant me rendre à l'évidence : je n'arrivais plus à dormir. Je me repassais sans arrêt les paroles que j'avais échangées avec Blake. Je ne regrettais aucun des mots que j'avais prononcés.  Pas un seul. Mais je regrettais que Blake ait réagi ainsi. Bien sûr, je m'y étais attendue. Mais le début de notre discussion m'avait encouragée à lui parler et j'avais gardé l'espoir qu'il prenne tout cela un peu mieux. Je ne l'avais pas revu après et les autres membres de la meute non plus. Visiblement Blake avait besoin de se défouler et de réfléchir. Ce qui n'était pas forcément mauvais signe.

Ou alors, il réfléchit à la manière de déguiser ton meurtre. 

Je chassai la petite voix avec un léger frisson. Mais impossible de la faire disparaître totalement. Au fond, elle n'avait pas tort : l'alpha était furieux après moi. 

Je me levai finalement après un soupir, et ouvris la fenêtre pour respirer un peu d'air frais. La nuit était noire de suie et la lune brillait en un fin croissant. Je sentis avec plaisir le vent frais sur mes joues . Etrangement il ne faisait pas si froid.

Mes yeux se promenèrent sur le jardin. Tout était tranquille et ... incroyablement reposant. Je respirai lentement tout en observant les alentours, exercice relativement apaisant.

          Mon regard fut soudain attiré par une forme mouvante. Je mis quelques instants à la reconnaître à cause de l'obscurité. C'était un grand loup sombre qui avançait lentement en direction de la forêt. Sans même comprendre pourquoi, je refermai la fenêtre immédiatement et me précipitai vers la penderie. J'enfilai un sweat et des baskets en plus du jogging qui me servait de pyjama et sortis de ma chambre. Je traversai la maison endormie sur la pointe des pieds et me retrouvai rapidement dans l'herbe fraîche et humide. Le loup disparaissait juste entre les arbres. Je le suivis et m'enfonçai dans la forêt à mon tour, comme hypnotisée.

Les feuilles d'automne craquaient sous mes pas et je devais décaler les branches pour ne pas m'en prendre dans la figure. Je ne voyais plus l'animal mais je le savais proche. Peut-être même était-il en train de m'observer. Je continuai d'avancer, suivant mon instinct. J'étais incapable de dire pourquoi, mais il fallait que j'avance. Mes pas m'amenèrent bientôt jusqu'à la clairière et je m'aperçus qu'il ne m'avait pas trompé.

Il était là.

La bête me fixait, majestueuse, à l'autre bout de la clairière. Les rayons de lune éclairaient son pelage qui était gris, presque bleu avec la lumière. Il paraissait immense, bien plus grand que les autres membres de la meute. Il tenait plus du lion qu'autre chose. Son aura était également plus imposante, ne me laissant aucun doute sur sa nature d'alpha. Et donc son identité. 

Je m'avançai de quelques pas tandis qu'il restait immobile. Ses grands yeux argents ne me quittaient pas, guettant le moindre de mes mouvements. Je fus émerveillée de constater qu'ils luisaient faiblement à la lumière de la lune. Je m'arrêtai finalement à quelques pas de lui à peine. Sa stature me parut encore plus imposante et un coup de griffe de sa part aurait pu m'être fatal. Cependant je sentais qu'il ne me ferait aucun mal. J'étais incapable de l'expliquer mais tout dans son attitude m'incitait à le croire.

Peut-être que j'étais inconsciente. Peut-être que je n'avais plus aucun instinct de survie. Peut-être que j'étais tout simplement stupide.

Le temps semblait s'être arrêté autour de nous. Je l'observais sans aucune gêne, cherchant à graver le moindre détail de cette rencontre dans ma mémoire. J'eus l'envie subite de passer ma main dans sa fourrure pour voir si le poil était aussi doux qu'il paraissait.

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant