Chapitre 6

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                         Je passai le reste de la journée à réfléchir en contemplant le plafond. Après ce fameux épisode le blondinet m'avait conduit à ce qu'il avait appelé « ma chambre » à l'étage. Comme si j'étais la nouvelle colocataire.

J'avais à peine jeté un regard aux murs vert sapin et m'était affalée sur le lit pour ne plus en bouger. Les mains sur le ventre, la respiration calme, je réfléchissais. Je me repassais en tête tout ce que je savais sur les loups-garous, c'est-à-dire peu de choses.

Premièrement, ils vivaient en meute et se transformaient à la pleine lune. Deuxièmement ils avaient des sens et des capacités surdéveloppées. Mais n'importe qui ayant lu du fantastique ou vu des films pouvait dire la même chose. Génial, j'en étais au même stade que les fans de Twilight. Par contre n'étais pas sûre qu'ils se transformaient uniquement une fois par mois. Certains n'étaient-ils pas capables de le faire à volonté ? Je réprimai un frisson à cette idée : cela ne me rassurait pas d'être entourée de ce genre de créatures surnaturelles. On les disait colériques et agressifs. Et de ce que j'avais vu du psychopathe en chef, cela ne m'étonnait pas. C'était sans aucun doute l'alpha. Et le blond devait être le bêta, vue la hiérarchie. Pour le reste ... Impossible d'en dire plus.

J'eus soudain envie de me donner une bonne paire de baffes. Je n'aurais jamais pensé croiser un jour des loups-garous et m'étais donc dépêchée de tout oublier à leur sujet. Aujourd'hui je le regrettai.

On frappa soudain à la porte et je me relevai en sursaut, méfiante. La porte s'ouvrit sur le blond et je me détendis. Juste un peu.

-On ne devrait pas tarder à passer à table.

Descendre leur servir de dîner ? Sans façon.

-Je n'ai pas faim, merci.

Il haussa négligemment les épaules.

-Comme tu veux.

Une fois la porte refermée je m'allongeai à nouveau et fronçai les sourcils. Comment allais-je me sortir de ce pétrin ?

***

Ce fut mon ventre criant famine qui me réveilla. Pour la cinquième fois à vrai dire. Il me faisait payer mon jeûne forcé. Si les événements de la veille m'avaient fait oublier ma faim et le fait que je n'avais pas pu déjeuner, la nuit s'était bien chargée de me le rappeler. J'avais amèrement regretté le fait de ne pas avoir dîné et aurait été prête à me jeter dans la gueule du loup -c'était le cas de le dire- pour de la nourriture. J'avais pris mon mal en patience et avais donc dormi tant bien que mal, ignorant les appels incessants de mon estomac.

La lumière à la fenêtre m'indiqua que l'heure était correcte pour un petit-déjeuner, ce qui m'incita à descendre. Lorsque j'arrivai dans la cuisine la vieille femme, Mindy si je me souvenais bien, m'accueillit d'une façon maternelle.

-Bonjour ma belle, installe-toi. Café ?

J'acquiesçai timidement et pris place sur une chaise en face du blond. Celui-ci releva le nez de son assiette et me lança :

-Toujours là ? J'aurais pensé que tu aurais tenté de t'enfuir au moins une fois.

A vrai dire j'y avais plus que pensé : j'avais été à deux doigts de le faire. Mais ma chambre se trouvait à l'étage, sans arbre ou une quelconque gouttière à côté. Et l'idée que mon sort puisse précipiter celui du gamin m'avait empêchée de faire des folies. J'étais bien décidée à éclaircir cette histoire de dette de sang d'ailleurs.

Je haussai donc les épaules et pris une gaufre dans laquelle je mordis avec bonheur. Le loup en face de moi sourit ironiquement mais ne fit aucun commentaire. Un bon point pour lui.

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant