Sang de loup

Chapitre 32

                         -Blake !

J'étais sortie de ma chambre sans prendre la peine d'allumer la lumière du couloir, ce qui avait provoqué ma « rencontre » avec l'alpha. Rencontre voulant dire que je m'étais malencontreusement précipitée contre l'armoire à glace qu'était son torse. Je me mis à masser mon nez, innocente victime de ce choc.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

Bon, mes mains sur mon nez me donnaient un peu une voix de canard. Tout sauf glamour, donc. Mais il ne sembla pas le remarquer, trop préoccupé pour ça.

-Je voulais aller chercher un truc dans ma chambre.

Oh. Et peut-être s'isoler un peu aussi. Blake était au centre de l'attention depuis qu'il avait défié Heath quelques heures plus tôt. Nous attendions toujours la réponse. Personne ne s'était couché, le sommeil étant impossible à trouver. La tension était à son comble à l'intérieur, ce qui était un peu difficile à supporter. Moi-même j'avais fui et m'étais réfugiée dans ma chambre. 

La nature impatiente des loups rendait tout cela encore plus difficile. Que ce soit pour l'alpha ou pour les autres. Tous les membres de la meute présents dans la maison voulaient lui donner leur avis ou bien montrer leur soutien. D'autres n'osaient pas s'approcher de Blake par peur de le déranger, mais les regards pesants qu'ils portaient sur lui auraient suffi à rendre n'importante qui mal à l'aise. Bien qu'étant un alpha, Blake n'échappait pas à la règle. 

-Je vois. Je ne t'ai pas fait mal au pied ?

J'étais sûre de lui avoir écrasé un ou deux orteils lors de notre collision.

-Hein ? Quoi ?

Visiblement il n'avait rien senti. En quoi étaient donc faits ces foutus loups-garous ? En titane ? En tous cas, moi, je les sentais passer.

Mon nez peut en témoigner.

L'alpha paraissait dans un état second qui était loin d'être habituel, et pour cause. A sa place j'aurais sûrement été hystérique.

-J'aimerais pouvoir t'aider, Blake ... Je peux faire quelque chose ?

Je me sentais monstrueusement impuissante. C'était rageant. J'avais l'impression de faire partie des meubles depuis tout à l'heure. Dans le genre plante en pot. Bien inutile donc. Et rien ne semblait pouvoir y remédier.

-Non Ivy. Il n'y a rien.

Il se dirigea alors vers l'escalier, abandonnant toute politesse.

-Blake !

Il se retourna à mon appel. Se passant la main dans les cheveux, il rajouta avant de descendre :

-Tâche de ne pas faire de bêtises. Et de rester en vie.

J'aurais voulu lui prodiguer les mêmes conseils. Après tout c'était lui qui allait risquer sa vie le jour suivant. Moi j'allais simplement assister au spectacle. Impuissante. 

Mais les mots ne sortirent pas.

Je finis par descendre à mon tour, résignée. Cela ne servait à rien de rester cloitrée dans ma chambre. Je faillis changer d'avis lorsque je retournai au salon. C'était pire que quelques heures auparavant. L'atmosphère était lourde, le stress palpable. Changeant d'avis, je traçai ma route jusqu'à la cuisine où une porte donnait sur le jardin.

Je refermai la porte vitrée sans un mot et frottai mes bras, faible tentative pour me réchauffer. Certes, il faisait frais, mais ça valait toujours mieux que l'air étouffant de l'intérieur. Je poussai un grand soupir en fixant la lune qui en était à son premier quartier.