Chapitre 8

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                         -Il va forcément arriver à temps. C'est impensable qu'il se rate.

Je grignotai une croustille à la cacahuète sans quitter l'écran des yeux.

-Et puis c'est quoi cette musique ? Ils veulent nous stresser, mais il va forcément les sauver. Il a quand même sa tête sur l'affiche. Dans ces films le héros s'en sort toujours.

Mike haussa un sourcil perplexe et je lui passai le sachet de biscuits apéritifs.

-Eh oui, quel intérêt sinon de nous avoir fait patienter pendant deux heures ? Le héros ne meurt pas dans les films d'action. Il sauve la fille au dernier moment et tout est bien qui finit bien. Ah, et la fille est tellement reconnaissante qu'elle s'offre à lui sur la plage de l'île déserte où ils se sont réfugiés.

Le géant ne put s'empêcher de laisser échapper un sourire et je me mis à rire en reprenant le sachet.

-J'avoue, c'est cliché, mais c'est souvent comme ça. Ou en tous cas il y a au moins un baiser. Et un départ en voiture de sport.

Ses yeux pétillaient tandis que je levai les yeux au ciel, faussement outré.

-C'est toujours comme ça, ces films sont faits par des machos arrogants. On manque de films où c'est la fille qui sauve le mec. Genre une fille badass.

J'arrivai désormais à saisir ses réactions sur ses traits et constatai qu'il avait sérieusement envie de rire. A moins que ce ne fut moi qui interprétai.

-Oui bon, d'accord. Il y a Kill Bill, Black Widow et d'autres. Mais sérieusement, pourquoi est-ce qu'on les met toutes dans des combinaisons ultra moulantes ? Tu ne vas pas me faire croire que c'est plus facile de sauver le monde dans un truc en licra qui risque de craquer à tout moment.

Je laissai passer quelques secondes, pensive, avant de reprendre :

-Remarque, ça explique peut-être pourquoi ils foutent le reste des meufs à moitié à poil. Plus de combinaison qui craque, un public masculin assuré. Non mais sérieusement, tu ne vas pas me faire croire que Wonderwoman n'a jamais froid aux jambes ?

Mike leva les yeux au ciel et me fit signe de me taire pour la fin du film. Je grignotai les dernières miettes de croustilles et ne put m'empêcher de réagir quand arriva la fin.

-Ah, tu vois ? Je te l'avais bien dit ! Il arrive à la dernière seconde et part avec la fille en voiture. Fin ! C'est tellement cliché.

Je croisai son regard et ne pus m'empêcher de sourire.

-Bon, d'accord, c'était plutôt distrayant. Mais la prochaine fois on met quelque chose de mieux.

Je me relevai et constatant que j'étais toute ankylosée, je m'étirai.

-Ohlahlah ... Je n'en peux plus, je ne supporte pas de rester à ne rien faire.

J'avais passé la matinée à tourner en rond et l'après-midi à regarder des films avec Mike. Autant dire que je n'avais rien fait. Mon esprit quand à lui ne pouvait s'empêcher de vagabonder, repassant en tête mes inquiétudes.

-J'imagine que pour toi non plus ça ne doit pas être une partie de plaisir de rester à me garder.

Musclor resta impassible.

-Ne me détrompe pas surtout, maugréai-je.

Je jetai un coup d'oeil vers l'escalier, guettant une quelconque présence.

-Où est Nathan ?

Mike haussa les épaules et je fronçai les sourcils. On lui avait peut-être interdit de me voir. Blake devait sûrement espérer que le lien s'effriterait si nous n'entrions pas en contact l'un avec l'autre. Et alors il pourrait me tuer à loisir.

Tu as sauvé son frère. Et Nathan a dit qu'il te protégerait.

Je chassai la petite voix en secouant la tête. Pour quelqu'un qui avait juré de me protéger, il brillait par son absence. 

***

          Bon, Nathan m'évitait, j'en étais maintenant sûre. Je ne vis même pas une seule fois son ombre dans les jours qui suivirent. Il semblait descendre dès que j'étais remontée dans ma chambre et restait cloîtré quand j'en sortais. C'était pour le moins désagréable.

J'interpellai Blake à part, un matin après le petit-déjeuner, pour en discuter avec lui.

-Je peux savoir pourquoi tu as dit à ton frère de m'éviter ? Tu as peur que je lui lance un sort ?

Il soupira et croisa les bras, me faisant me sentir comme une petite fille agaçante. Mais je ne baissai pas les yeux.

-Je n'ai pas dit à mon frère de t'éviter. S'il t'évite -et son regard m'indiqua que c'était le cas- c'est de son plein gré.

J'en perdis ma répartie cinglante. A l'idée que Nathan ne veuille pas me voir je me sentis blessée. Foutu lien.

-Aujourd'hui, reprit Blake sans une once de pitié, Mindy ne sera pas là, et nous allons rentrer tard aussi. Je te laisse avec Dean. Essaie de ne pas te faire arracher la tête.

Je haussai les épaules, peu concernée. Rendre Dean fou était devenu un passe-temps. Nous passions notre temps à nous lancer des piques et des insultes, et à ma grande joie, c'était souvent moi qui réussissait à le faire fuir et à l'enrager.

-Je croyais que tu devais faire attention à ma vie étant donné qu'elle est liée à celle de mon frère, grand manitou ?

Le brun leva les yeux au ciel et les reposa sur moi, blasé.

-Peut-être, mais vu le plaisir que tu as à le rendre fou, tu ne pourras pas te plaindre si tu te fais mordre. Essaie de te tenir tranquille pour une fois.

Pour une fois ?! J'avais été d'une patience extrême étant donné qu'ils me retenaient captive sans pouvoir mettre le nez dehors. Certes, je n'étais pas non plus enfermée dans une cave, enchaînée et torturée, mais j'avais plus l'impression d'être une prisonnière qu'une invitée. Mes contacts avaient les autres étaient d'ailleurs des plus limités : je n'avais plus vu Lexi depuis qu'elle m'avait apporté des vêtements et me contentais de voir Mindy pendant les repas. Le reste du temps j'étais accompagnée d'un des loups, et de préférence Mike. Cela m'étonnait d'ailleurs qu'il ne me surveille pas ce jour-là, mais Blake avait peut-être compris que nous nous entendions bien -je parlais et lui il écoutait en souriant- et avait décidé de ne pas nous laisser passer plus de temps ensemble. Après tout j'étais une sorcière. Je restai l'ennemi.

Blake me laissa avec mes pensées mais se retourna finalement sur le pas de la porte.

-Et non, je n'ai pas peur que tu jettes un sort à mon frère. Tu ne lui ferais pas le moindre mal. Après tout ta vie est liée à la sienne. Mais si jamais je constatais que tu préparais quelque chose, je serai obligé de prendre des mesures.

La note sombre dans ses yeux m'indiqua que je n'apprécierais clairement pas lesdites mesures. Je soutins son regard jusqu'à ce qu'il parte sans un mot.

-Imbécile de clebs, je marmonnai, avant de sortir à mon tour. 

**********

Un petit chapitre où  l'histoire n'avance pas beaucoup beaucoup (malgré l'image ^^'). En même temps, Ivy est captive hein. 

J'adore écrire des scènes de "conversation" entre Mike et Ivy. Ça me fait bien rire à chaque fois (oui, imaginez la fille qui rigole devant son écran)

En espérant que cela vous plaise ❤︎

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant