Prologue

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                         Quelque part dans le Sud de la France ...


                          « C'est tellement cliché » fut la première pensée de l'individu. Puis il éternua. Pour le coup, il y avait bien trop de poussière par ici. Heureusement son odorat n'était pas aussi développé que celui d'un loup-garou. Il aurait à coup sûr rendu l'âme à force d'éternuer.

Encore faudrait-il que j'aie une âme pour ça.

Un petit sourire amusé prit place sur ses lèvres et il fut à deux doigts de laisser échapper un ricanement machiavélique. Décidément, le lieu déteignait sur lui. 

L'individu se trouvait dans un ancien monastère. Délabré, abandonné. Il n'en restait aujourd'hui que des ruines. Perdu dans des montagnes, on chuchotait que l'endroit était maudit. Et peu de gens s'étaient risqués à s'y aventurer pour le vérifier.

Il avait hésité devant la chapelle. Certes, ce n'était plus un lieu de culte. Mais il n'avait pas pour autant été déconsacré. Il avait avancé précautionneusement, de sa démarche féline, sans un bruit. Chaque pas était délicat et il était sur ses gardes. Il se serait presque attendu à être foudroyé brusquement. Transformé en un joli tas de cendres, bon à balayer.

Mais rien ne s'était passé. Imperceptiblement détendu, il s'était avancé dans la nef. Le toit était détruit par endroit, la pierre laissant à découvert des morceaux d'un ciel grisâtre. L'immense vitrail au-dessus du choeur avait été conservé et était en meilleur état que le reste.

Il enjamba un banc tombé à terre et diverses pierres et statues. Le lieu avait été saccagé, et pas seulement par le temps.

Il fallait dire que l'atmosphère était inquiétante. Etouffante même. Mais c'était loin d'être étonnant pour ceux qui savaient quel horrible massacre y avait eu lieu, quelques siècles plus tôt.

On se serait presque attendu à tomber sur un de ces monstres ridicules, comme dans les films d'horreur. Ne manquait plus que la petite musique stressante et la victime.

Un rictus amusé lui échappa. Ces humains avaient de l'imagination, il fallait le reconnaître. Mais ils n'avaient aucune idée de ce dont ils parlaient. Des vampires végétariens ! Et puis quoi encore ? Pourquoi pas des lapins-garous tant qu'on y était ! Les monstres, les vrais, étaient bien plus effrayants et restaient dans l'ombre ...

L'individu bifurqua soudain au niveau de la croix du transept pour rejoindre un petit escalier dérobé. Invisible pour un oeil humain, un léger renfoncement dans le mur indiquait son emplacement.

Il descendit les marches, fébrile. Il était certain d'avoir trouvé le bon endroit. Il ne fut pas déçu.

La tombe de l'abbé.

Curieusement l'abbé du monastère en question était mort quelques temps avant le massacre. Mais son corps n'avait pas été enterré avec ses prédécesseurs. Non, le secret de sa dernière demeure avait été gardé.

Jusqu'à aujourd'hui.

Il jubila. Dans sa précipitation il se prit les pieds dans une pierre et s'étala par terre. Il jura et se releva en se massant la tête. Heureusement qu'il était seul : ce moment était d'une importance cruciale. Historique même ! Et si Neil Armstrong était tombé en voulant planter le drapeau sur la Lune, devant tous ces téléspectateurs, cela aurait considérablement amoindri son effet. 

Remarquez, cela devait être impossible de chuter sur la lune, vu la gravité

L'individu chassa cette pensée en secouant la tête. Son esprit divaguait. Le moment était capital. Il allait tout changer. 

 Les inscriptions sur la caveau étaient devenues illisibles avec le temps. Il ne s'y attarda pas, certain de ne pas s'être trompé. Fébrile, il ouvrit le sarcophage de pierre.

Ayant été bien conservé, le corps n'était pas encore devenu poussière. La chair entrait lentement en décomposition. Mais cela n'intéressait pas l'individu. Il y prêta à peine attention.

Non, ce qui l'intéressait, c'était le livre soigneusement placé aux côtés du défunt. Il prit délicatement l'ouvrage, sentant ses doigts crépiter au contact de la couverture de cuir. Sa conservation était loin d'être naturelle, tout comme son propos.

L'individu lut impatiemment les lignes, son regard parcourant la calligraphie monastique. Enfin des mots attirèrent son regard. La langue latine n'avait aucun secret pour lui. Il les traduisit sans peine.

Dette. Sang.

Ce qu'il lut ensuite lui confirma qu'il avait bel et bien trouvé ce qu'il cherchait. Et, cette fois, il laissa bel et bien échapper un rire machiavélique. 


*********

La bienvenue aux nouveaux venus, et de joyeuses salutations à ceux qui suivent l'histoire. 

J'ai décidé de faire un prologue (je saaaais, j'écris un prologue alors qu'on est rendu à la moitié haha. La logique qui tue) étant donné que le premier chapitre est -je trouve- un peu long à démarrer. Donc voilà quelque chose de plus léger histoire de vous immerger dans mon univers (et vous inciter à poursuivre votre lecture hein, on est là pour ça ;) ) 

Pour ceux qui ont déjà lus les chapitres publiés, vous remarquerez sans doute qu'on ne voit pas vraiment de lien avec l'histoire qui suit. C'est normal, j'ai voulu créer une ambiance d'intrigue pour le prologue, et il s'agit surtout d'un prologue aux trois tomes prévus (pour l'instant) de LA DETTE DE SANG. Vous ne verrez donc pas forcément tout de suite le rapport avec SANG DE LOUP. 

Voilà en tous cas, j'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, si ça vous donne envie de poursuivre la lecture, si vous trouvez que c'est trop décalé par rapport à l'histoire qui suit etc ... J'adorerais avoir vos avis ❤︎ 

On se retrouve mercredi pour la suite ! (Edit du 23/01/17) 

Sang de loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant