Chapitre I.

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5h36. C'est l'heure qu'indiquait le réveil. La chambre était sombre, et la seule lumière qui subsistait était celle, naturelle, qui filtrait à travers les volets alors que le jour se levait, associée à celle, plus artificielle, de la petite veilleuse lumineuse posée dans un coin de la pièce, sur une étagère. Aucun son n'était perçu, mis à part la respiration, saccadée et haletante du jeune homme qui occupait le lit. Il respirait bruyamment, comme s'il cherchait son air, et se débattait dans ses draps, pour chasser ses démons. Les larmes dévalaient ses joues en torrents, et des gémissements plaintifs, mêlés à des sanglots, passaient la barrière de ses lèvres, alors qu'il nageait en plein cauchemar.

Il manquait d'air, se débattait jusqu'à l'étouffement. Il se redressa dans son lit, réveillé en sursaut, le front trempé de sueur. Apeuré, ses yeux se promenaient dans l'obscurité, pour trouver ses repères, qui lui feraient comprendre que tout était fini. Son regard se tourna vers la petite source lumineuse à sa droite, et il soupira longuement, en tentant de calmer son cœur, qui battait à une vitesse quasi-incontrôlable, proche de la crise de panique. Il tâtonna son matelas d'une main tremblante, en pleine recherche. Il émit un soupir de soulagement lorsqu'il sentit entre ses doigts la petite oreille abimée de son lapin. Il saisit la peluche, qu'il porta à son visage, pour en respirer l'odeur, si rassurante, qui l'accompagnait depuis tout petit. Il attendit de s'être complètement apaisé pour regarder l'heure, sur son réveil, qui indiquait alors 5h51.

Le jeune homme savait que tenter de se rendormir serait peine perdue. Il préféra se lever, après avoir respiré une dernière fois l'odeur du petit lapin usé. Il se dirigea à pas lents vers la cuisine, où la lumière était déjà allumée, et où une fine odeur d'eau bouillante flottait. Le garçon encore endormi salua ses parents d'un simple signe de la main, avant de s'installer à table, et de baisser la tête, attendant le petit-déjeuner que sa mère était en train de lui préparer. Il fut néanmoins interrompu dans la contemplation de ses manches, par un léger coup de coude, donné par son père, pour qu'il le regarde.

- Alors Billy, mauvaise nuit ? » Articula le paternel, en faisant bien en sorte que son fils puisse le comprendre.

Ledit Billy secoua simplement la tête, signe que son père avait entièrement tout juste. À ceci, il ajouta ensuite une suite de gestes, qui étaient associés à quelque chose comme "je vais m'habiller", ou "je vais prendre ma douche". Le jeune homme se releva alors aussitôt, sans avoir pris la peine de manger les deux tartines gentiment préparées par sa mère, et sortit de la cuisine tout aussi vite, pour remonter dans sa chambre, chercher ses affaires.

Le père de Bill allait pour lui crier de revenir manger depuis sa chaise, mais se ravisa en se rappelant que malheureusement son fils ne pouvait pas l'entendre. Au lieu de cela, il continua simplement à boire son thé, en s'enfermant dans son journal.

Dans sa chambre, Bill attrapa de quoi s'habiller, et avoir l'air potable pour une journée de cours. Il fila dans sa salle-de-bain, avec un jean, un pull et une veste en cuir, et se déshabilla après avoir allumé l'eau de la douche, pour qu'elle chauffe. En pliant son pyjama sur le rebord du lavabo – il avait quelques penchants maniaques de ce côté-là – il tomba sur son reflet dans le miroir. Maigre, frêle, et si fragile. Un visage fin, et des traits tirant presque vers le féminin. Des cheveux longs et bruns, presque noirs. Des yeux chocolat, allant plutôt vers le noisette. Toutes ces caractéristiques, plutôt assez avantageuses au départ, constituaient tout ce que le brun détestait le plus, c'est-à-dire lui-même. Ce n'est pas tant son corps qu'il n'aimait pas, mais toute sa personne.

Bill refoula ses larmes, et entra sous la douche. Heureusement, il ne l'avait pas oubliée. Il lui arrivait, de temps en temps, d'oublier d'éteindre l'eau de la douche, ou du robinet, parce qu'il n'avait plus cette superbe faculté de l'entendre couler. Mais lorsque l'on n'est pas capable d'entendre un écoulement d'eau, que nous reste-t-il ?

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant