Chapitre XXXVII.

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- Rien.

Tom n'avait rien trouvé à répondre, alors que sa mère l'observait d'un regard mi- en colère, mi- triste. Le blond se sentait perdu entre la réalité du monde extérieur, et celle qu'il s'était construite innocemment avec Bill. Il savait d'ores et déjà que les répercussions seraient lourdes. Tous deux le savaient depuis le début, depuis qu'ils avaient commencé cette relation qui survivait sur des charbons ardents. L'amour avait été le plus fort pour un moment, mais l'autorité parentale était finalement entrain de reprendre le dessus sur le petit monde qu'ils s'étaient inventé, de les rattraper pour finir par les étouffer, le feu les consumant.

- Tom, j'aimerais une bonne fois pour toute que tu arrêtes de me mentir.

La voix de Chantale Kaulitz s'était faite plus douce, plus rassurante, et l'expression énervée qui régnait sur son visage s'était dissipée, laissant place à un visage maternel et presque plein d'amour. Ce changement soudain surprit son fils, qui pourtant ne releva pas. Il porta un regard fuyant à sa mère, qui le soutint des yeux bruns qu'elle lui avait transmis. Pour un instant, il eut semblé au dreadeux qu'une certaine forme d'osmose avait pris place entre lui et sa génitrice.

- Tom, chéri. Parle-moi, tu en as le droit, tu sais.

Il surprit une fine gouttelette salée dévaler sa joue, et se demanda une seconde si elle lui appartenait. Pour un instant, il pensa qu'après tout, c'était sa mère, et qu'elle pouvait bien écouter son fils, à défaut de le comprendre.

- Je...Maman. Je...J'suis amoureux, maman.

Tom balbutiait, il n'avait pas l'habitude de se confier à sa mère de cette façon. Pour lui, celle-ci ne représentait guère plus que la femme de son père, la femme un peu trop sûre d'elle, qui, la plupart du temps, parvient à retourner la situation en se ridiculisant. Parler à sa mère comme ça, c'était comme tourner une page, s'ouvrir un peu plus. Il avait l'impression de trouver, là, à près de minuit, dans sa chambre, avec sa mère, un certain réconfort, une douceur maternelle qui lui manquait, depuis qu'il était tout petit, Mme Kaulitz n'ayant jamais vraiment montré aux yeux du monde son amour pour son fils, par hautesse sûrement. Cette-dernière s'était quelque peu crispée à l'entente des mots de son garçon, mais ne réagit pas plus, l'incitant ainsi à continuer.

- Je...Je ne pensais pas que c'était possible, de tomber amoureux comme ça, tu sais. Je n'ai pas demandé à ce que ça me tombe dessus. Et...Je...Je voulais te dire, maman...Je l'aime vraiment. Ce n'est pas n'importe quoi, des conneries d'ado, ou même une recherche de moi-même. Je l'aime vraiment.

Silence.

- Dis quelque chose, maman.

La quadragénaire restait muette sur le lit. Elle, Chantale Kaulitz, ne savait pas comment réagir face à ça. Premièrement, son fils était amoureux. Ça avait l'air d'être ce genre de "vrai premier amour", celui que tout le monde trouve une fois. Elle réalisait peu à peu que son fils d'amour n'était plus le bébé qu'elle voyait constamment. Il avait grandi, était devenu un homme, et avait rencontré l'amour. Elle l'observa un instant, lui et ses cheveux beaucoup trop longs et excentriques à son goût, les courbes de son visage – elle se félicita de l'avoir fait aussi beau – et son menton imberbe, rasé très régulièrement. Son bébé était un homme. Et elle avait du mal à le réaliser.

La deuxième chose la chiffonnait un peu plus, mais elle paraissait bien trop sonnée par la première révélation de son fils, qu'elle penserait un peu plus tard à la suite. Tom venait par le biais de ses aveux sur l'amour et ses bienfaits de lui avouer officieusement que lui et Trümper, c'était quelque chose de sérieux. Et ça la dérangeait tout de même. Malgré tout, son instinct maternel reprit le dessus sur ses préférences quant à la vie de son profit, et elle tendit ses bras à sa progéniture qui, même du haut de ses 18 ans et un mois, vint se loger contre le corps fripé et maigrichon de sa mère, appréciant ce contact si rare, dû aux longues périodes conflictuelles entre eux deux. Aucun des deux ne parlait, et Chantale fit semblant de ne pas voir le mégot de cigarette coincé entre les deux pages du cahier de son fils, se voilant peut-être un peu la face, et passa sa main dans les dreads du blond, affectueusement.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant