Plus d'une demi-heure que Tom avait quitté la table, furieux. Il attendait, maintenant, allongé sur son lit à baldaquin, qu'il aimerait juste envoyer valser par la fenêtre, étouffé par tout ce luxe. Il attendait sa mère, son père, n'importe qui, mais il savait que les claques allaient tomber. Peut-être même plus. Conscient de son sort, il préférait juste l'attendre. Il pestait contre lui-même, en se disant que si, pour une fois de plus, il avait fermé sa gueule, tout aurait été très bien. Seulement, s'il n'avait rien dit, il conforterait ses parents dans cette idée d'hétérosexualité qu'ils avaient de lui. Et ce n'était pas ça qu'il voulait. Il voulait que ces-derniers puissent savoir, réaliser, et comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Il ne leur demandait même pas d'accepter. Juste de comprendre. Le blond pensa à Bill, et au gouffre dans lequel il venait de tomber, réalisant que les conséquences de ses actes seraient bien plus qu'une simple interdiction. Il songeait à la suite, à l'avenir qui lui était réservé, quand le bruit significatif de la clenche de la porte qu'on abaisse retentit, laissant apparaître le père Kaulitz, encore en costume, et chaussé de ses fidèles Birkenstock, qu'il avait ramenées d'Allemagne l'été passé. Tom aurait bien voulu rire face à ce portrait non flatteur, mais vu les circonstances, l'idée lui traversa l'esprit qu'il vaudrait mieux qu'il s'abstienne.
Son père restait là, immobile derrière la porte qu'il avait refermée derrière lui. Il regardait son fils, et se demandait ce qu'il avait pu faire pour rater à ce point son éducation. Maintenant, lorsqu'il le regardait, il ne voyait rien de plus que des erreurs. Cet accord qu'ils avaient donné pour ses cheveux en représentait une grande partie. Nom de Dieu, qu'avait-il fait pour avoir un fils pareil ? Néanmoins, ses dreads ne l'avaient pas empêché de l'aimer d'un amour paternel aussi puissant que réel. Seulement, cette homosexualité, pour lui, riche fils d'un père ayant fondé une dynastie, c'était un peu comme la goutte d'eau, la petite chose de trop.
- Papa... tenta Tom, pour essayer d'apaiser la tempête, et d'avoir une discussion autre que des cris et des larmes.
- Tais-toi.
- Tu sais...Je l'aime vraime-
- TAIS-TOI.
Le dreadeux n'osait plus bouger. Les cris de son père reflétaient totalement la violence ressentie par le quadragénaire, qui n'avait envie que d'une seule chose, c'était de le frapper jusqu'à-ce-que mort s'ensuive. Pour la première fois depuis un certain temps, Tom avait peur. Peur de son père, peur pour lui-même. Quand il était petit, jamais on ne lui criait dessus. Pas qu'il soit un enfant modèle, bien au contraire. Mais ses parents n'avaient jamais rien réglé par la violence avec lui. Et heureusement d'ailleurs.
- Je pourrais juste te tabasser Tom. Mais c'est beaucoup trop lâche de faire ça à son fils. Sache que je suis irrémédiablement déçu de toi. Je pensais que ta mère et moi t'avions éduqué correctement, et pas comme ces espèces de...gays. Néanmoins, nous avons réfléchi, et avons décidé de te laisser une chance. Invite-le à manger, et dormir, dans deux semaines, samedi. On verra bien ce qu'il vaut. Attention, ça n'efface pas l'immense déception que je ressens envers toi. Je te dis bonne nuit, et j'espère que ce dîner te fera réaliser que la personne qu'il te faut, c'est Marie, et que, sans être vulgaire, se les prendre à l'arrière, ça fait mal. Et en attendant, comme me l'a signifié ta mère, tu as interdiction formelle de le voir, j'espère que c'est clair.
Tom fut scotché des mots employés par son père. Jamais de toute sa vie il ne l'aurait cru capable de parler d'une telle façon, sur un tel sujet. Ça le choquait presque, venant de lui. Il ne protesta en rien, jusqu'à ce que son père ne quitte la chambre, refermant la porte par la suite. Là, le dreadeux se laissa tomber vulgairement sur son lit, où il s'était redressé plus tôt, un sourire béat sur les lèvres. Il allait revoir Bill, et passer la soirée, ainsi que la nuit avec lui. Il se demandait encore comment ses parents en étaient arrivés au fait de le laisser inviter le brun chez lui pour la soirée et jusqu'au lendemain. Peu importe, il était heureux de revoir enfin son androgyne. Seulement, Bill allait-il accepter ? Tom n'en savait rien. Il n'avait même pas eu le courage de répondre à son dernier sms. Mais le jeune brun lui manquait, c'était certain.
VOUS LISEZ
L'Amour en Sourdine.
Fiksi PenggemarBill est handicapé. Il est sourd, sourd car il a pris peur, sourd car il a vécu le pire, sourd car depuis qu'il a entendu les sons les plus monstrueux ses tympans refusent de fonctionner. A deux rues de là, Tom est seul, seul et enfermé dans une cag...