Chapitre XXXVIII.

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Le blond observa quelques longues minutes le visage angélique de son petit ami, pour en mémoriser tous les traits tant qu'il était encore frais et plein de vie. Ses pupilles brillaient d'amour et ses petites mains étaient logées sur ses joues, alors qu'il les caressait du bout des pouces. Il n'était pas prêt à voir ce si beau visage détruit en de simples phrases maladroites.

« Explique, Tom... »

Bill commençait à s'inquiéter, listant dans sa petite tête défectueuse tous les actes qui auraient pu contrarier le dreadeux. Il se sentit aussitôt déstabilisé, lâchant sa prise sur le blond pour le regarder d'un air suspicieux, craignant le pire.

« C'est les photos ? Ils... Tu vas partir ? »

« Non ! Enfin je ne crois pas, écoute, c'est bien plus compliqué que ça je... »

Il sentit les larmes lui monter en travers de la gorge et se reprit en main.

« Bill. Faut que tu saches que j'suis dingue de toi et que ce que je vais t'avouer ça me fout terriblement mal que tu le saches que maintenant, tu sais j'ai essayé de t'en parler plus tôt mais c'était jamais l'occasion et... »

Il reprit sa respiration et caressa la petite main de son androgyne, logée dans la sienne. Il sortit ensuite un petit papier plié et replié de la poche de son sweat ample pour le tendre à l'androgyne, craintif. Il lança un regard timide vers le brun en se sentant soudainement tout petit. Un petit qui aurait fait une grosse bêtise.

- Non...

Ça avait échappé à Bill qui resta bloqué devant la feuille qu'il tenait entre les mains, tournant et retournant les lignes pour être sûr de ce qu'il lisait. C'était un fairepart, un fairepart de mariage. Couleur rose pâle, orné de petits nœuds d'une laideur incontestée, sur lequel était écrit en lettre calligraphiées les prénoms de Tom et une certaine Marie. Il haussa un sourcil, sentant son émotion lui retourner l'estomac avant de questionner, perdu.

« Que ce que c'est que ce truc, Tom. »

« Mon billet pour l'enfer. »

Le brun releva deux yeux noirs de méfiance vers le blond, persuadé qu'il le prenait pour un con depuis le début.

« Ok tu vas m'expliquer ça parce que là je peux plus Tom. »

« Bill, écoute-moi. »

L'androgyne calma sa hargne et se décida à garder un minimum de contrôle sur lui-même.

« Depuis que je suis tout petit, mes parents ont toujours tout décidé pour moi. »

Le blond tremblait, le simple fait que de réaliser tout cet asservissement lui valant des efforts surhumains.

« De mes notes à mes jouets, jusqu'à ma vie adulte. »

Il se battait pour garder la main de l'androgyne dans la sienne qui ne demandait pourtant qu'à s'enfuir pour signer ce que le dreadeux devinait comme une quinte d'insultes en tout genre.

« Je suis fiancé depuis mes dix ans, Bill. »

Signer cette simple phrase avait demandé énormément de calme à Tom, qui se sentait encore tout émotionné de ce qu'il venait de dire. Il venait de reprogrammer la bombe nucléaire qu'enfermait Bill en lui. En huit ridicules mots il avait détruit un empire construit de sable fin de la plage d'à côté. Tout le quartier était silencieux, silence témoin de la gifle qui claqua sur la joue de Tom, se calquant à celle qu'avait donné Chantale plus tôt. Le brun sentait ce trop-plein soudainement, comment tout pouvait-il allait aussi mal en une seule soirée ? La simple annonce du dreadeux marié l'avait fait perdre tout espoir, se retrouvant donc sans repères. Son blond allait se retrouver à l'église, et pas à la mairie, devant l'autel y'aurais une nana siliconée, et pas lui dans un joli costume, et à son doigt il y aurait son alliance en or gravé de leur prénoms, et pas la bague qu'il avait prévu de lui offrir. Leur monde se craquelait sous leurs pieds, redoutant une petite apocalypse.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant