Chapitre XXIII.

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La pseudo dispute et les questionnements de Tom, malgré le fait que ses parents n'aient pas vraiment revu leurs positions, était déjà presque oubliée. Le jeune couple continuait de se voir en cachette, bien que Bill n'aime pas trop ça. À chaque fois, il avait peur de se faire prendre lorsqu'il rentrait, de s'être fait découvert pendant son absence. Jusqu'ici, tout était allé dans leur sens, mais tous deux savaient que ça ne pourrait pas rester indéfiniment ainsi. Leurs parents finiraient par découvrir quelque chose. Nous étions aujourd'hui mercredi, une semaine s'était écoulée depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, et chacun manquait vraiment à l'autre. Tous deux avaient menti à leurs parents, prétextant un cours déplacé, une sortie scolaire, pour pouvoir passer l'après-midi ensemble, à travailler sur leur thèse. Il faisait beau, et presque chaud. Si bien qu'ils décidèrent de se rendre dans le parc, juste en face du lycée, avec leurs ordinateurs portables, pour taper leurs textes plus rapidement. Installés l'un en face de l'autre sur un banc juste aux abords du lac présent dans le parc, ils travaillèrent pendant près de trois heures, mêlant travail et discussion. Bill avait emmené un dictionnaire d'allemand avec lui, et les deux amoureux s'amusaient à chercher des mots plus stupides les uns que les autres, et en riaient, en les prononçant avec un accent horriblement exagéré. Ce fut bientôt l'heure pour les deux garçons de regagner leur chez eux, sous peine de se prendre une sacré réprimande. Bill ne voulait même pas penser à celle qui l'attendait si son père apprenait qu'il avait passé l'après-midi avec Tom.

"J'veux pas te quitter." signa le dreadeux en rangeant son ordinateur dans son sac.

"Je suis désolé Tom, je ne peux vraiment pas rester. Mais moi aussi, j'aurais tellement voulu."

"Je t'aime" lança le blond, lorsqu'ils se retrouvèrent tous les deux face à face, s'apprêtant à partir chacun de leur côté.

Bill vint embrasser timidement les lèvres de Tom, et juste avant qu'ils ne se séparent, foura les mains dans ses dreads et en retira le bandeau. Il le préférait encore et toujours avec ses cheveux lâchés. Il lui plaisait, démesurément. Le brun partit en souriant, et fit quelques mètres, avant de sentir une main attraper son bras, le faisant se retourner vivement.

"Je te raccompagne" signa rapidement Tom, le sourire aux lèvres.

"Mais, et tes parents ? Les miens ?" demanda alors Bill, inquiet.

"Tu sais quoi, on s'en fout, non ?"

Bill sourit et éclata de rire face à la mine satisfaite de Tom. Il prit alors son Amour par la main, et l'entraîna en sautillant le long des quelques rues les séparant de sa petite maison. Il avait l'impression d'être invincible, sa main dans celle du dreadeux, il pensait que rien ne les atteindrait, que rien ne pourrait leur arriver. Ils se rendaient bêtes et insouciants. Ils adoraient ce sentiment, cette sensation de planer qui traduit l'amour. Bill aimait l'Amour. Il se sentait flotter, et se trouvait bien au-dessus des nuages à ce moment même. Il pourrait même crever d'amour, parce que celui qu'il portait à Tom était beaucoup plus puissant que n'importe lequel. Et cette main qu'il tenait fermement dans la sienne, pour ne pas qu'elle s'échappe, représentait beaucoup plus pour lui que n'importe quoi. Tom était l'amour de sa vie, et il venait tout juste de s'en rendre compte. Le brun planait, il volait, se trouvant à 3 000 kilomètres de là. Son cœur battait plus fortement dans sa poitrine, et l'envie de vivre le tiraillait affreusement. Malgré tout ce que l'on pouvait penser de lui, d'eux, malgré tout ce que son père trouvait à redire là-dessus. Malgré le fait qu'ils resteront probablement toujours de grands incompris. Ils redescendirent rapidement de leur petit nuage rose, parce que la réalité n'est pas toujours aussi belle qu'on le pense.

Lorsque Bill entra chez lui, il invita Tom à entrer quelques minutes, histoire de peut-être boire quelque chose, pensant que ses parents n'étaient pas encore rentrés, vu qu'ils étaient censés être au travail. Il conduisit son homme dans la cuisine, et lorsqu'il se retourna vers le placard pour chercher deux verres, il croisa le regard de son père dans l'encadrement de la porte. Bill blêmit. Les yeux de son paternel étaient pires que menaçants, comme si Jean avait des envies de meurtre. Le jeune brun y voyait cette haine, ce désir de frapper, mêlés à une bonne dose d'alcool. Il ne savait pas depuis quand son père avait recommencé à boire. La seule chose qu'il savait, c'était que s'il réagissait, Bill était un homme mort, et enterré. Voyant qu'il ne bougeait étrangement pas, Bill referma la porte coulissante de la cuisine "pour plus d'intimité", prétexta-t-il auprès de Tom. Le brun eut soudain l'impression que la température ambiante avait augmenté de quelques degrés, alors qu'en fait, il était horriblement gêné d'avoir son blond dans la même maison que son père, mais surtout terrifié à l'idée que celui-ci n'entre dans la pièce.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant