Tom s'en voulait. Encore une fois, irrémédiablement, il s'en voulait. Pour une fois, il n'avait rien fait de mal, de mauvais. Et là était bien le problème. Il n'avait pas eu le courage de porter ses couilles, et s'était simplement contenté de "passer une bonne soirée". Passer une bonne soirée. D'autres en seraient heureux. Mais le dreadeux trouvait ça terriblement insuffisant. Sa soirée avec Bill avait été plus que parfaite, et l'aurait été encore bien plus si il avait eu le courage de lui dire ce qu'il ressentait pour lui. Maintes fois, entre la dernière fois qu'ils s'étaient vus et cette soirée, il s'était imaginé la scène, pleine de douceur, de tendresse et d'amour. Le scénario se répétait inlassablement dans sa tête, si bien qu'au bout de quelques fois, il savait exactement quoi dire. Comme s'il avait joué dans une pièce de théâtre. Il avait la scène à l'esprit, et connaissait ses répliques par coeur. Comme tout bon acteur, il était ravagé par le trac, par la peur de mal faire les choses, d'aller trop vite, ou pas assez. Et ça l'avait empêché de faire le premier pas auquel il avait pensé depuis le début de la semaine, depuis le commencement de leur relation.
Tom était rentré chez lui, aux alentours de deux heures du matin, ce qui était une heure raisonnable, sachant que la fête battait encore son plein, alimentée par la bonne dose d'alcool et de substances illicites qui traversaient le flot de lycéens transpirants au rythme de la musique. Il avait raccompagné Bill, et s'en voulait encore de ne pas avoir été capable de faire plus que lui déposer un minuscule bisou sur sa joue blushée. Depuis, il était allongé sur le lit, et fixait le plafond, ce demandant ce qui ne tournait pas rond chez lui. Pourquoi ressentait-il des sentiments aussi forts et puissant, tout en étant incapable de les exprimer le moment venu ? Le dreadeux découvrait une facette de lui qu'il ne se connaissait pas. Depuis quand était-il devenu timide ? Depuis quand avait-il peur ? Depuis quand était-il devenu si bizarre. Parfois, il ne se comprenait pas vraiment.
Il n'avait pas dormi de la nuit. Il était 5h20, et il ne parvenait pas à dormir. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Il soupira. Qu'est-ce-qui clochait chez lui ? Plus il y pensait, et plus la réponse commençait à lui paraître évidente. Il était amoureux, foutrement amoureux de Bill. Bill. Dès que son prénom résonnait dans son esprit, son cerveau s'excitait, et son coeur aussi. Son coeur, qui déconnait vraiment, il lui faisait faire n'importe quoi. Le blond se redressa en tailleur sur son lit, et se prit sa tête entre les mains. Il en avait marre de ne plus pouvoir être en phase avec ses faits et gestes. Il n'avait plus le contrôle de son corps, et encore moins de son cerveau. Le blond songea à envoyer un message à Bill, mais se ravisa presque aussitôt, en se rappelant que le brun devrait sûrement dormir, à cette heure-ci. Il imagina son androgyne, endormi dans son lit, paisiblement, un air apaisé sur le visage. Ses pensées divaguèrent, et la vision paisible et endormie du brun se transforma en une image de lui féline et atrocement sexy. Bill, nu sous ses draps, le désir brûlant dans ses yeux. Tom secoua violemment la tête. N''importe quoi. Il en devenait fou.
Finalement, il ne résista pas à la tentation d'écrire ce SMS, bien qu'il n'ait que peu d'espoir pour que le brun lui réponde.
"Coucou :)Tu dors ?"
Il verrouilla son portable après avoir envoyé le texto, et le balança sans grand intérêt près de lui, avant de se laisser basculer en arrière à nouveau, en soufflant. 5h32.
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5h36. Réveil en sursaut. Bill tentait de reprendre son souffle difficilement, tandis que les dernières images de son cauchemar, toujours plus sanglantes, étaient encore bien ancrées dans son esprit. À force d'être terrifié par ces désastreux retours en arrière, le brun ne pleurait même plus. Son coeur battait à une puissance infernale, presque insoutenable, mais il avait l'habitude. Cette routine cauchemardesque devait presque grisante. Il se redressa doucement dans son lit, et attrapa son Doudou Lapin, cherchant cette odeur réconfortante qu'il dégageait. Il fixait sa veilleuse, tout en pensant que jamais il ne serait capable de passer une seule nuit sans ces deux choses là, qui lui étaient vitales depuis cette fusillade. Le psychologue qu'il consultait étant plus jeune avait dit à ses parents que cela l'aiderait à se reconstruire d'avoir sa petite source lumineuse et rassurante. À ce jour, il n'allait plus chez le psy. Ça ne changeait pas grand chose à sa vie, que quelqu'un sache ce qu'il pense du monde et de sa propre vie. Ça ne l'aidait pas à avancer. Il était heureux comme ça.
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L'Amour en Sourdine.
FanfictionBill est handicapé. Il est sourd, sourd car il a pris peur, sourd car il a vécu le pire, sourd car depuis qu'il a entendu les sons les plus monstrueux ses tympans refusent de fonctionner. A deux rues de là, Tom est seul, seul et enfermé dans une cag...