Chapitre IX.

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Il était assez tard lorsque Bill et Tom quittèrent finalement la plage, ce jour-là. La nuit était déjà tombée, mais ils n'avaient pas le moindre repère chronologique leur permettant d'évaluer l'heure, à l'à peu près. Pendant près de deux heures, ils étaient simplement restés l'un contre l'autre, assis sur le sable, un peu plus en retrait par rapport à l'eau. Bill se sentait trop faible pour dire ou faire quoi que ce soit, comme si le simple Pardon qu'il avait prononcé l'avait vidé de toutes ses forces. Et pour cause, cette excuse était lourde de sens. Pardon de l'avoir ignoré, pardon de lui en vouloir alors qu'ils n'avaient aucun compte à se rendre, pardon d'avoir envoyé ces photos, d'avoir eu envie de le rendre jaloux. Pardon pour toutes les choses qu'il ignorait encore par rapport à cette histoire, pardon pour tout. Pardon de lui avoir fait peur, pardon d'avoir voulu en finir. Pardon.

À un moment donné, Tom crut que Bill allait mourir de froid, tellement son corps était frigorifié par l'eau, à moins de dix degrés, la chaleur étant de moins en moins au rendez-vous. Le dreadeux avait retiré son pull, et l'avait enfilé au brun du mieux qu'il avait pu. Le tissu épais était déjà trop grand pour le blond, ainsi, il était ajusté à l'androgyne de telle façon qu'on aurait presque pris cela pour une robe. Bill avait apprécié l'attention, et en guise de remerciement s'était collé un petit peu plus encore contre le torse à présent nu et frissonnant de Tom.

Lorsque Tom sentit que son brun fut assez remis pour se lever et marcher, il l'aida à se redresser, ses vêtements toujours mouillés et pleins de sable sous le bras. Il passa son bras droit dans le dos du jeune sourd pour le soutenir, et ils prirent, à leur rythme, le chemin du retour, toujours en silence. Ils arrivèrent au coin d'une rue, où Bill se détacha doucement, presque à contrecœur de son blond. Ce dernier le regarda, sans comprendre.

"Je vais rentrer seul, j'habite à deux pas." signa-t-il. "Merci." continua-t-il.

"Tu ne veux pas que je te raccompagne devant chez toi ?" insista Tom, inquiet pour le brun.

"Ne t'en fais pas, ça va. Tu veux que je te rende ton pull ?"

"Garde le, c'est bon." sourit le blond, en serrant la main de son vis-à-vis, toujours dans la sienne.

"Rentre vite alors. Tu vas attraper froid." sourit Bill, faisant remarquer à Tom qu'il était encore torse nu en plein milieu de la rue.

"D'accord. Bon, bah...Salut, alors...?"

"À lundi, Tom. Bon week-end." finit le brun, offrant à Tom un de ces sourires qui le faisaient fondre, et partit sans se retourner, son sourire toujours figé sur ses lèvres.

Le dreadeux resta planté au beau milieu de la rue, un sourire pareil à celui d'un bienheureux scotché sur le visage, à regarder son brun disparaître au loin, avec sa dégaine étrange due à son pull trop grand. Les gens dans la rue le dévisageaient, et Tom se demandait intérieurement s'il n'avait pas un putain de problème psychologique. Mais non. Peut-être que Bill l'avait rendu dingue. Oui, c'était sûrement ça. Bill le rendait dingue, et lui faisait faire n'importe quoi.

Finalement, Tom secoua nonchalamment la tête, pour sortir de ses pensées. Il était quand même à moitié nu dans la rue. Il se dépêcha de rentrer chez lui, parce qu'il commençait à faire froid. En marchant, il consulta rapidement son téléphone, et faillit faire une attaque quand il vit qu'il avait au moins quinze appels manqués de la maison. À cet instant, il sentit qu''il allait en prendre pour son grade. Alors il accéléra encore un peu plus.

Et ça n'y manqua pas. Dès qu'il mit le pied à l'intérieur de la maison, sa mère ainsi que son père lui tombèrent dessus, en même temps. Il sentit la douleur passer.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant