Chapitre XXIV.

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Éventré. L'androgyne déposa deux mains hésitantes sur sa poitrine, s'accroupissant devant la porte close de sa chambre, sentant en lui le gouffre qu'avaient creusé ses parents en une simple phrase. Les signes de la menace se rejouaient dans sa tête, chaque mouvement prenant une ampleur monstrueuse. Bill écarta les lèvres et hurla à s'en déchirer la peau, prenant ses cheveux dans ses mains pour les tenir fermement entre ses doigts. Les larmes débordèrent bientôt en masse, laissant l'androgyne dévasté, une myriade de questions sans réponses tournant dans sa tête. Il songea à la réalité, à ce qui allait se passer, à la violence, à Tom. Tout tournait. Et toutes ces interrogations le blessaient, indéniablement. Bill restait le fils de Jean, et il avait hérité de lui cette façon de simplifier et de se poser avant de péter les plombs, paradoxe par rapport à l'impulsivité qu'il avait héritée de sa mère. Il calma sa respiration progressivement et tenta de faire marcher les connexions dans son cerveau, alors qu'il se levait pour attraper son sac de cours et fourrer quelques vêtements dedans. Il ne pouvait pas rester ici. Le brun attrapa son téléphone et convulsa, l'appareil tremblant dans sa main, alors qu'il essayait d'écrire malgré son anxiété. Une larme coula, cette fois-ci en silence, un déluge s'abattant sur ses joues, bien moins haineux qu'il n'aurait pu le penser. Il voulait tenter d'euthanasier toute cette douleur qui s'emparait de son être, le laissant dans une position de faiblesse qu'il arborait. En vérité, il n'en voulait pas à ses parents. Il culpabilisait, et ce sentiment était bien plus difficile et saisissant, comme la brûlure du froid qu'il aimait tant ressentir. La même violence, le même chaos.

Le brun balança brusquement quelques bibelots importants dans le pauvre sac plein à craquer et enfila ses converses, déterminé. Il ouvrit son store et poussa un long soupir en tournant la poignée de la fenêtre. Les 5 mètres vertigineux qui le séparaient du sol lui faisaient peur, alors qu'il tentait de ne pas regarder en bas, les yeux aveugles de larmes. Bill sauta en plein dans le buisson qui réussit à amortir sa chute et s'enfuit en courant, courant à s'en faire mal aux jambes, pour l'instant voulant juste se rendre le plus loin possible. Il respirait enfin, passant deux mains tremblantes sur ses paupières pour chasser les dernières peines, et traça jusqu'au quartier de Lucie. Il avait parfaitement conscience que fuguer à 23 heures et en jogging T-shirt de Tom n'était pas l'idée la plus brillante qu'il ait pu avoir, mais il ne voyait en aucun cas d'autres solutions. Il atterrit enfin devant la maison de la blonde et frappa fort sans s'en rendre compte, criant d'une façon curieuse qu'on lui ouvre la porte, paniqué. Les convulsions reprirent, toujours plus prenantes, et le doux visage de la blondinette apparut enfin, semblant calmer le typhon intérieur que subissait Bill. Crise d'angoisse.

Elle l'observa quelques minutes, alors que l'androgyne se calmait progressivement. Il leva la tête vers son amie et fut surpris de la voir vêtu d'un T-shirt trop grand pour elle et d'une simple culotte mise à l'envers, ses boucles éparpillées sur ses épaules dénudées. Il fronça les sourcils et aperçu Georg à l'autre bout de l'appartement, qui semblait galérer à enfiler son boxer. L'androgyne sentit ses joues se tinter d'un rouge vif et plaqua ses mains devant ces derniers comme un enfant, bredouillant des excuses que ni lui ni Lucie ne purent entendre. La lycéenne rit et attira son meilleur ami dans son antre tout en fermant vite la porte, alors que Bill signait d'une main fébrile.

« Lucie, j'ai peur »

La bouclée fronça les sourcils et lui demanda de patienter avant de prendre son sac et le déposer dans l'entrée, invitant l'androgyne à venir lui expliquer plus clairement. Georg fit un rapide signe de la main au brun qui répondit par un sourire gêné, lorsque la blonde vint embrasser son petit ami.

« Je reviens, mon Billou à besoin de moi ! »

Elle emmena Bill dans la petite cuisine, étant donné que la chambre avait été occupée plus tôt par des activités torrides, et signa, rouge de gêne.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant