Chapitre XXXX.

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Les deux garçons avaient passé la nuit à discuter, en T-shirt et boxer sous les draps, trop heureux de dormir légalement tous les deux. La soirée avait commencée de façon plutôt torride mais finalement rien ne s'était accompli. Ils s'étaient arrêtés à un baiser passionnel et quelques caresses un peu osées. Bill était maintenant blottit dans les bras de son amoureux se refusant à les quitter de peur que ces heures qu'il passait dans sa compagnie soient en réalité les dernières. Cette simple réflexion le rendait mort d'inquiétude, et il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'aujourd'hui serait peut-être le dernier jour. La fin est un concept que l'être humain a bien du mal à digérer, et la fin, Bill Trümper ne pouvait tout simplement pas la concevoir. Chaque parole sonnait malencontreusement comme un adieu, une promesse silencieuse d'aimer l'autre toujours malgré les bourrasques. Car l'ouragan qui allait éclater leur couple était bien plus violent que tout ce qu'ils avaient traversé. Ils avaient foiré avec leurs parents respectifs, c'était sûrement maintenant, l'échec. Ils s'accrochaient à cette ridicule corde effilochée depuis le début, ignorant le fossé immensément profond en dessous. La chute ne les effrayait pas. A quoi bon vivre toujours dans le propre les napperons et la sureté. A quoi bon vivre vieux et en sureté mais mentir au monde entier, dont soi-même pour se donner une image semi heureuse mais pas trop. Car les extrêmes font peur, et les gens trop heureux sont inquiétants. Les deux adolescents avaient fait leur choix : préférer un bonheur court dangereux et intense à une prospérité aveugle. Bill passa une énième fois ses doigts délicats le long du ventre de Tom qui observait son petit ami avec toujours plus de fascination. Chacun des gestes de son androgyne semblait démesurément parfait, chacune de ses expressions faciales lui donnait plus envie de succomber. Il connaissait chaque détail de ce visage et pourtant il le trouvait toujours plus magnifiquement fascinant. Il aurait pu en inspecter les traits pendant des heures.

« Tu sais quoi... »

Le brun se redressa vivement, saisissant un paquet de mouchoirs sur la petite table. Leurs ombres filtraient à travers les draps fins du baldaquin, les deux garçons éclairés par une minuscule source de lumière. L'androgyne sourit, ses traits forcés par la mélancolie, ses doigts dansant en face de son âme.

« On n'a pas besoin d'eux »

Il plia la petite feuille blanche et fit un faux nœud papillon, tirant la langue puérilement pour se concentrer sur sa tâche. Le dreadeux s'assit en tailleur, curieux, et vit le brun lui déposer le faux nœud autour du cou, tout fier. Il en fabriqua un pour son compte et projeta le drap blanc sur sa tête en riant, sous le regard attendrit du blond qui le dévorait des yeux. Ses pupilles brillaient, amusées d'une lumière toute vivante, presque nouvelle. Il prit tendrement les mains de son amour et le fit signer en même temps que lui, tremblant légèrement.

« Tom Kaulitz, voulez-vous épousez Bill Trümper ? »

Le blond éclata de rire face à la situation et rentra dans son jeu en acquiesçant vivement, tout en baisant son front avec autant de douceur qu'un homme pouvait en procurer. Il enveloppa son amoureux dans le drap blanc qui dans leur cas présent se changerait en linceul aussitôt le pas de la porte franchit.

« J'le veux, j'le veux plus que tout au monde. Parce que ce fameux Bill c'est l'homme de ma vie. C'est ma raison de vivre. »

L'androgyne sentit les mots lui arriver droit dans le cœur et laissa une larme dévaler le long de son visage, profondément touché. Il caressa le visage du dreadeux du bout des pouces et dit à son tour.

- Je le veux.

Le blond caressa son nez du siens et fondit sur la bouche de Bill, câlinant doucement sa nuque. Le brun prit plus d'ardeur et commença à embrasser félinement le cou de son dreadeux, déposant de petites marques rouges partout où il passait sa langue taquine.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant