L'année scolaire s'était terminée aussi vite qu'elle avait commencé, et le lycée était désormais désert, uniquement peuplé par les paquets de clopes vides traînant par terre, et les vieux chewing-gums abandonnés sur lesquels tout le monde à déjà marché. Cet environnement en rendrait presque nostalgiques certains. Ce début de juillet signifiait plutôt le début d'un superbe été à passer entre amis, à profiter des autres et à partager des choses ensembles. Georg et Lucie prévoyaient déjà de partir ensemble une petite semaine, car, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, leur couple tenait, fermement raccroché aux lianes de fer qui le soutenaient. Matt allait passer ses deux mois dans une villa hors de prix à Madrid – car c'est toujours à Madrid que les villas sont hors de prix – avec sa copine et sa moto. Tom, connaissant ses parents, ne partirait certainement pas. Ou bien avec la famille de Dondon, et cette perspective-là ne l'enchantait pas tellement.
Sa vie présentait une telle monotonie que personne ne la lui aurait enviée. Tous les jours, et ce depuis un nombre de semaines qu'il avait arrêté de compter, il se levait, et allait avaler ses gélules, que son médecin traitant qualifiait d'antidépresseurs, et qui ne lui apportaient rien de plus que des cernes sous les yeux, et des paupières gonflées. Tom déprimait, se rendait malade. Sa situation, et surtout sa santé ne faisaient qu'empirer de jours en jours, et tout le monde semblait le voir excepté lui. Il fumait cigarettes sur cigarettes, et "oubliait" de manger dès que ça l'arrangeait. Le manque de Bill le tuait. Bon nombre de fois, il avait tenté d'envoyer des messages, pour prendre des nouvelles, se voir, s'expliquer peut-être. Le brun ne lui avait jamais répondu. Il avait pourtant tenté de l'oublier comme il oubliait la bouffe, et de passer à autre chose comme il le ferait avec Marie Cécile. Sauf que là, tout était différent. Bill n'était ni la bouffe, ni Marie Cécile. Bill était bien plus que ça. Tom s'en voulait de se mettre dans un état pareil pour un mec. Sauf que dans ses analyses, il n'avait pas mentionné que le brun, aussi fragile soit-il, était devenu le pilier principal de toute son existence, et que sans lui, tout se cassait irrémédiablement la gueule sans qu'il ne puisse le contrôler. Et ses parents ne comprennent pas. Ils ne pourront pas comprendre que leur fils voue toute sa vie à un garçon handicapé et bizarre, en plus. Ils ne comprendront jamais.
Chez Bill non plus, rien n'allait. Il partirait peut-être, cet été. Plus loin de Tom encore sûrement. Ses parents l'emmèneraient sans doute dans un pays à l'autre bout du monde pour qu'ils ne puissent plus se voir. Mais quoiqu'ils fassent, Bill pensait au blond à longueur de journée, et la nuit aussi. Il ne quittait plus les pensées du jeune tressé, qui était lui aussi au plus mal, comme s'ils étaient connectés, reliés par une sorte de lien, qui les ferait se sentir affreusement mal dès qu'ils étaient loin l'un de l'autre. Le brun était parti, comme ça, du jour au lendemain, et lui-même n'avait pas été mis au courant. Ses parents avaient tout bouclé, et ils avaient quitté la ville, comme ça. Juste comme ça. Il n'avait eu le temps de prévenir personne. Pas même Tom, ou Lucie. Lorsqu'il avait débarqué dans sa nouvelle demeure, son père lui avait pris son téléphone, et depuis, il ne l'avait plus revu. À croire que tout contact avec son "ancienne vie" se devait d'être évité à tout prix.
Sa nouvelle maison était jolie, bien plus luxueuse que l'ancienne. D'un côté, cela ressemblait un peu au luxe de la villa de Tom, et à l'impression qu'il en avait eue lorsqu'il y était entré pour la première fois. C'était beau, et sa chambre était bien plus grande qu'avant. Mais ce n'était pas juste en lui offrant une grande chambre et une belle maison que Bill changerait sa vision des choses et son opinion par rapport à tout ça. Déçu, il n'avait plus aucune discussion avec sa mère, et encore moins avec son père. Ils vivaient dans la même maison, mais c'était comme si chacun était séparé par des grilles de fer, ou tout autre obstacle du même type. Le brun était plus renfermé que jamais, et avait cessé depuis quelques jours de prendre ses médicaments, somnifères et tout le reste. Il s'était convaincu tout seul que, sans Tom, plus rien ne servait à quoi que ce soit, y compris ces médicaments inutiles, auxquels son système nerveux s'était déjà bien trop habitué.
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L'Amour en Sourdine.
FanfictionBill est handicapé. Il est sourd, sourd car il a pris peur, sourd car il a vécu le pire, sourd car depuis qu'il a entendu les sons les plus monstrueux ses tympans refusent de fonctionner. A deux rues de là, Tom est seul, seul et enfermé dans une cag...