Chapitre XXXV.

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Les deux garçons, trop pris dans la folie des événements, et l'amour qui s'en dégageaient, n'avaient pas vu la lumière du couloir filtrer sous et à travers les carreaux de la porte vitrée. Tom seul l'avait entendu grincer, et s'était stoppé net dans ses mouvements, la peur prenant place dans ses yeux, bouffant ses pupilles d'anxiété. Lorsqu'il avait osé relever les yeux vers la source de lumière qui l'éblouissait, il vit sa mère, peignoir et chaussons ringards aux pieds, son masque de nuit aux concombres sur la face, et un air plutôt endormi. En temps normal, Tom n'aurait pas caché son envie de rire. Seulement, ils étaient plutôt en mauvaise posture. Bill avait compris que quelque chose clochait, et il vit lui aussi Chantale se tenir droite comme un piquet dans l'encadrement. Le brun n'osait plus signer quoi que ce soit. Même respirer, il avait peur de le faire. Elle l'avait vu, elle avait vu son fils avec Bill dans son propre salon. Les deux jeunes pensaient déjà que tout serait fini pour eux dans les prochains temps.

- Tom ? Qu'est-ce-que tu fais là ? Il est trois heures du matin. Grogna alors Chantale en baillant.

Sa mère devait sûrement les avoir vu, bien qu'elle soit endormie et que la lumière soit éteinte. Pourtant, il lui fallait quelque chose. Une solution. Vite. Il sortit la première phrase qui lui était venue à l'esprit, et qui lui avait déjà sauvé la vie, une fois.

- Je...Maman...Je ne suis pas seul...Je suis avec Marie Cécile...

- Mais bon sang mais Tom qu'est-ce-que tu fais avec Marie Cécile à trois heures du matin dans le s...Oh. Oui. Je vois.

Le dreadeux se racla la gorge, pour signifier que la situation était un peu gênante. Ce qui laissa le soin à sa mère de penser qu'ils n'étaient pas forcément habillés, et qu'il valait mieux pour elle que la lumière reste éteinte, et qu'elle remonte se coucher.

- Tom, ça ira pour cette fois. Mais à l'avenir, essayez au moins d'arriver jusqu'à la chambre, chéri. Je veux bien que vous ayez une vie amoureuse et sexuelle épanouie, mais quand même.

- Promis. Je la raccompagne et je monte aussi.

La marâtre Kaulitz acquiesça, et referma la porte du salon, qui grinça une nouvelle fois dans le silence impétueux de la pièce. Tom entendit quelques pas dans l'escalier, et vit le halo de lumière disparaître de sous la porte. Il souffla un bon coup. Il n'arrivait pas vraiment à croire que Dondon l'ait sauvé, une nouvelle fois. Bill sentait le cœur de son blond battre à tout rompre dans sa poitrine, et bien qu'il ait été incapable de comprendre ce qui s'était dit pendant ces quelques minutes, il avait compris qu'ils étaient tirés d'affaire, cette fois-ci. Le dreadeux s'écroula de bien-être sur le canapé, entraînant le brun dans sa chute. Il l'enlaça tendrement, et déposa une multitude de baisers sur sa clavicule dénudée. Certain que sa mère ne reviendrait pas, il tendit le bras pour allumer la petite lampe de chevet qui traînait depuis dix ans sur la bibliothèque, parce que son père trouvait ça utile d'en faire une liseuse. Sur le coup, cela l'arrangeait bien, ça lui permettait de ne pas être obligé de se lever et d'allumer le grand lustre, qui ne rendrait pas ça vraiment discret.

Bill se redressa alors dans le canapé, repassant en position assise. Ses joues s'empourprèrent alors qu'il découvrait la situation. Tous deux étaient torse nu, et lui-même avait sa ceinture déjà débouclée, son jean prêt à tomber. Mais le plus spectaculaire restait leurs érections respectives, auxquelles ils n'avaient pas tout de suite fait attention. Ce fut la douleur qui le fit s'en rendre compte. Il regarda son homme, dans le même état que lui.

"J'suis désolé Bill. On aurait dû aller ailleurs..." signa Tom, qui se sentait coupable d'avoir tout arrêté parce que sa mère les avait surpris.

L'Amour en Sourdine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant