Tom se sentait totalement impuissant face à ce qui se déroulait devant ses yeux. C'était la deuxième ou troisième gifle que Bill recevait de son père, et le blond ne comprenait pas pourquoi il se laissait faire, pourquoi il ne réagissait pas, pourquoi sa mère restait à côté et les regardait, l'air de dire que ça ne la concernait pas. Qu'est-ce-que c'était que cette famille bordel ? Il vit au loin Bill continuer de signer d'un air insolent, tenant tête à son père toujours plus fermement.
"Pourquoi tu ne m'acceptes pas, Papa ? Pourquoi tu ne m'aimes pas juste comme je suis ? Pourquoi tu ne me laisses pas vivre, merde ? Si je suis heureux ? Je suis peut-être une pédale, comme tu aimes m'appeler, mais je l'assume Papa, que tu le veuilles ou non. Et je suis heureux comme ça. Pourquoi tu te mets en travers de mon chemin comme ça ?"
Nouvelle gifle. Le cœur du dreadeux se serra encore un peu plus fort, lorsque la dure main du père s'abattit sur la joue déjà meurtrie de son fils.
"Je sais, je n'ai plus le droit de t'appeler "Papa", hein ? Mais Papa, pourquoi tu agis juste comme un connard d'homophobe ?" signa encore Bill, les larmes dévalant ses joues.
Le brun sentit qu'il était allé beaucoup trop loin, et Jean frappa encore une fois son propre fils. Cette gifle-là était plus dure encore que les autres, et claqua avec encore plus de puissance sur visage. Mais M.Trümper ne s'arrêta pas là, et chacun de ses gestes glaçaient le sang de Tom. Ce dernier se demandait pourquoi et comment Bill en était arrivé là avec ses parents. Il voulait réagir, et se demandait en même temps pourquoi diable personne ne sortait de chez soi là tout de suite, pourquoi personne ne voyait rien. Ils avaient peur. Un homme battait son fils en pleine rue, le voisinage voyait peut-être, mais ils avaient peur. Tom lui-même avait peur d'alerter la police. Il avait peur des représailles. Son sang battait dans ses tempes, tandis que les battements de son cœur étaient prêts à faire exploser sa cage thoracique. Ce cœur meurtri, blessé puis rafistolé avec un vulgaire bout de scotch ayant pour nom Marie Cécile. Mais la petite bande de ruban adhésif ne suffisait pas à combler le trou béant de la balle qui était venu se loger là, dans le coin gauche de sa poitrine, aussi vite qu'il avait reçu ce sms. Tom avait mal, et se sentait con d'avoir fait encore plus de mal à Bill, sans savoir que c'était son père qui exerçait une pression sur lui depuis le début.
Son cœur battait à une vitesse incroyable, que même lui ne pensait pas pouvoir atteindre. Mais d'un coup, c'était comme s'il avait loupé un battement, puis deux, puis trois, alors qu'il voyait le petit corps fragile et maigre de Bill basculer et s'écrouler lourdement sur le sol, comme dépourvu de toute vie. Il observa avec stupeur la mère de Bill qui rentrait dans la maison, et Jean, seul avec son fils, lui jetant encore un coup de pieds bien entre les reins. Tom s'était retourné, pour ne pas voir ça, mais il entendit le cri perçant de douleur et de souffrance de l'androgyne à terre, et il sentit tout son être trembler. Jean Trümper n'avait-il donc plus aucune limite ? L'alcool lui faisait faire n'importe quoi. Etait-il allé trop loin ? Le dreadeux était sûr que oui, mais l'acteur des faits lui-même était incapable de se décider là-dessus. Il ne savait pas et il ne voulait pas savoir. Il rentra chez lui, abandonnant son fils, qu'il ne considérait plus vraiment comme tel, devant la porte de leur chez eux, s'étouffant seul, haletant et pleurant, recrachant ses tripes et frôlant l'inconscience.
Tom, effaré, voulut appeler quelqu'un, et la première personne à qui il avait pensé était Lucie. Il enclencha l'appel, se souvenant au dernier moment que la jeune femme était sourde, elle aussi, et qu'elle n'entendrait strictement rien de ce qu'il allait lui dire. Il pesta contre lui-même, en se maudissant d'être aussi con, avant de raccrocher rageusement. Il avait déjà un appel en absence et sans doute un message vocal de Marie, mais sa pseudo copine n'était pas vraiment le plus important, là tout de suite. Bill ne s'était pas relevé, agonisant longuement sur le sol, perdant la force de crier à l'aide. Et son souffle qu'il peinait à distinguer parmi les battements de son petit cœur, déchiré, malmené de toutes parts. Et ses yeux qui se fermaient lentement alors qu'il revoyait l'image du terroriste, le doigt sur la gâchette, l'AK47 pointé vers lui.
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L'Amour en Sourdine.
FanfictionBill est handicapé. Il est sourd, sourd car il a pris peur, sourd car il a vécu le pire, sourd car depuis qu'il a entendu les sons les plus monstrueux ses tympans refusent de fonctionner. A deux rues de là, Tom est seul, seul et enfermé dans une cag...