Alden Berkeley

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Aujourd'hui, malgré le fait que ce soit un jour férié, je n'ai pas arrêté de travailler. L'entreprise que j'ai fondée et dont j'assume la direction fabrique des drones pour l'armée française. L'État demande des modèles nouveaux de haute technologie. Je mets par conséquent toute mon énergie à améliorer mes drones pour les rendre plus discrets, plus performants et à la hauteur des attentes si particulières du Ministère de la Défense. Mon entreprise a la chance d'être la seule à qui l'État commande ses drones. J'emploie 1500 personnes, et chacune a ordre de ne rien dévoiler de son travail. J'ai confiance en eux. De toute façon, personne ne sait tout. Chaque employé connait une minuscule parcelle des secrets de mon entreprise, et avec le salaire qui défie toute concurrence que je leur verse et tous les avantages qu'ils ont à travailler pour moi, aucun n'oserait livrer mes secrets. Il n'y a que moi qui sache tout. Et j'aimerais autant que cela reste entre moi et ma conscience, car je ne souhaite pas reproduire les mêmes erreurs que dans le passé. J'ai déjà trop perdu pour envisager que ça se reproduise une nouvelle fois, et je regrette tous les jours ce que j'ai fait.
Aujourd'hui, j'ai eu une conversation téléphonique avec le nouveau ministre de la Défense. Il vient d'être nommé par le nouveau président de la République, et il m'a fait part de ses objectifs : combattre le terrorisme en Syrie et au Moyen-Orient est son but premier. Il ne veut pas perdre mon soutien économique et m'a assuré de ses meilleurs sentiments à mon égard.
Quand j'ai raccroché, j'étais lassé de me dire que je fabriquais de réelles armes de guerre. J'aide à tuer des gens. Même s'ils sont coupables de quelque atrocité, j'ai leur mort sur la conscience.
Je ne veux plus tuer.
J'ai déjà commis trop de dégâts autour de moi.
Je ne veux plus avoir à me faire des reproches. Je veux juste mener une vie normale comme chaque être humain sur cette planète.
Dans ces cas de déprime, j'ai besoin d'un remontant. Je sors ma bouteille de bourbon et un verre de leur cachette dans la table basse et je me sers un verre. Je bois le tout cul sec. Tout d'un coup, comme pris en flagrant délit, j'entends la sonnette retentir. Kate est peut-être rentrée ? Je m'empresse de dissimuler mon larcin. C'est bizarre, la sonnette continue son bruit, puis s'interrompt subitement. Je me dirige vers la porte d'entrée. Je n'ai pas le réflexe de regarder dans l'œilleton pour savoir de qui il s'agit. Dommage, ça m'aurait évité une surprise. Sur le palier de chez moi se tiennent Kate et un garçon de son âge, enlacés, trempés, qui s'embrassent sensuellement, comme si la fin du monde était pour demain. Ils s'arrêtent précipitamment lorsqu'ils s'aperçoivent que je les regarde. Alors c'est lui, le fils du chef Langlois dont m'a parlé Julia ? Kate est terrorisée par ma présence. J'ignorais que je pouvais être aussi menaçant. Je souris légèrement devant leurs mines défaites.

- Bonjour jeunes gens ! Vous avez l'air d'avoir passé une bonne journée, non ?

- Bonjour jeunes gens ! Vous avez l'air d'avoir passé une bonne journée, non ?

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