Les retrouvailles dont je rêvais ?

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Nous marchons dans le couloir de l'hôpital quand mon portable sonne. Je regarde rapidement : c'est Ethan. Qu'est-ce que je dois faire ? Décrocher ? Ne pas répondre ? L'infirmière qui nous accompagne me fustige du regard. Ses yeux me font l'effet d'une gifle.

- Les portables doivent être éteints à l'intérieur de l'hôpital, me gronde-t-elle.

Je m'exécute avec lenteur en répondant à l'infirmière.

- Mon père était neurologue dans cet hôpital, ma mère est morte dans cet hôpital et mon oncle vient de sortir du coma à cet étage précis, vous pensez que la vie a été juste avec moi ? Si même les règles sont injustes, sur quoi peut-on compter ?

Jonathan est éberlué, il doit me prendre pour une folle, mais j'en ai assez de me laisser faire sans rien dire, de laisser les évènements se jouer de moi et décider à ma place de ce que je suis. L'infirmière pâlit, tente de trouver une réponse, puis m'adresse une phrase ferme, et sa voix qui tremble se veut assurée.

- Mademoiselle, ce sont les règles, ce n'est pas discutable.

- Les règles sont faites pour être contournées, sans quoi elles n'existeraient pas, puisque le monde serait parfait.

- Mademoiselle, reprend l'infirmière, votre oncle ainsi que la police vous attendent pour vous interroger.

- Pour m'interroger ?, m'étonné-je. Bon. Alors allons-y.

Nous avançons dans le couloir d'un blanc immaculé, puis atterrissons dans une salle d'attente où patientent la police, ma tante et les Langlois. Je ne les salue pas. Je suis dure, cassante. Ma tante est pleine de remords. Les Langlois ne se parlent plus.

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Je suis la police dans une salle d'opérations utilisée en tant que salle d'attente. Un homme, une femme, tous deux en uniforme. L'homme ferme la porte derrière moi. Je suis silencieuse. La pièce est presque entièrement plongée dans la pénombre, elle a un éclairage diffus. L'homme m'invite à m'asseoir.

- Mademoiselle Kate Berkeley, commence la femme, où étiez-vous ce weekend ?

- J'étais à Granville, en Normandie, avec ma famille, dans ma résidence secondaire. Vous pouvez vérifier, si vous voulez.

- Nous n'allons pas nous priver, m'assène la policière. Qui peut témoigner de votre présence à Granville ?

- Ma cousine, mon oncle, ma tante, mes grands-parents... En fait, presque toute ma famille paternelle. Et...

- Oui ? Je vous écoute, mademoiselle.

- Ethan Langlois, soufflé-je.

Je ne veux plus prononcer son nom. Je me l'étais promis. Je cherche mon reflet sombre dans la vitre, mes cheveux noirs, mon perfecto noir, mon tee-shirt sombre et mon jean noir. Je suis perdue. L'homme prend la parole.

- Vous saviez que vous avez été adoptée par votre oncle et votre tante ? Ce ne sont pas vos vrais parents, je veux dire.

- Je l'ai appris cette semaine, par hasard. Mes parents sont morts le jour de mes quatre ans. Pourquoi ? Ça vous intéresse ?

- Ce qui nous intéresse, mademoiselle, ne vous concerne pas. Quand avez-vous Alden Berkeley pour la dernière fois ?, continue la femme.

- Mercredi, au Ritz. Je ne suis pas rentrée chez moi depuis.

- Pourquoi ? Où étiez-vous, de mercredi à vendredi ?

- Chez mon parrain et ma marraine, les Langlois, qui sont à côté d'ailleurs, dans la salle d'attente. Je n'ai pas supporté qu'ils m'aient caché l'existence de mes vrais parents, alors j'ai demandé asile à des amis de longue date de ma mère et mon père.

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