Kate : Et si c'était vrai ?

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C'est le soir, et dans ma chambre il persiste cette obscure clarté qui pénètre faiblement par la fenêtre. Je joue à pile ou face avec une pièce de deux euros. Pile : j'appelle Ethan. Face : je n'appelle pas. Si il n'y avait pas eu l'altercation de tout à l'heure, je l'aurais appelé sans discuter, mais là j'hésite. Et je lance la pièce. Elle retombe par terre. Face. Émile s'en approche et commence à la renifler. C'est mon chat depuis bientôt six ans, et je l'aime énormément. Il adore jouer avec tout ce qui bouge et, contrairement à ce que j'avais craint au début, ne se plaint pas d'habiter dans un appartement. Mon portable traîne sur mon lit. Le contact d'Ethan y est affiché. Je continue à croire que je devrais aller voir Gaspard. Je suis persuadée qu'il sait. Il sait qui sont ces gens sur la photo, il sait si ils ont un rapport avec moi et il sait pourquoi je leur ressemble. La réaction de mon père m'a aussi beaucoup étonnée. D'habitude, il est très gentil avec mes amis. J'en ai assez de ne rien comprendre, j'empoigne mon portable et j'appelle Ethan. Il décroche dès la première sonnerie.

- Allô, Kate ? Comment tu vas depuis tout à l'heure ?

- Ça va. Je suis vraiment désolée pour mon père. Je ne sais pas ce que vous avez pu vous dire, mais il m'a interdit de te voir. Tu veux bien m'expliquer s'il te plaît ?, je lui demande.

- Hum, je... hésite-t-il. Bon, d'accord, mais il faut que tu crois ce que je te dis, parce que ce n'est pas franchement évident.

- C'est si grave que ça ?, je m'étonne.

- Oui, et je ne veux pas que tu penses que je te mens et que j'ai tout inventé. Tu sais, je crois que tes parents ne sont pas tes vrais parents et que tu as été adoptée. Je les connaissais avant, quand j'étais petit, c'était même des amis de mes parents. On les invitait chez nous et tu n'es jamais venue. Quand j'allais chez toi, tu n'étais jamais là et je ne savais pas que tu existais jusqu'à il y a une semaine. Quand j'en ai parlé à ton père, il m'a menacé. Il a eu peur que je te le dise. C'est quand j'ai vu la photo que j'ai commencé à y réfléchir, et quand je suis arrivé chez toi, j'ai reconnu le salon et j'ai fait le lien. Tu me crois ?, me demande Ethan.

- Je ne sais pas. Ça pourrait être vrai, mais... Pourquoi me l'auraient-ils caché ?

- Parce que tes vrais parents sont morts assassinés, et que ton père sait quelque chose en plus que les autres, me réplique-t-il.

- Je vais réfléchir. Merci de m'avoir ouvert les yeux, je réponds, et je raccroche.

J'ai peur. Je ne pourrai plus jamais regarder mes parents en face tant que je ne saurai pas si les propos d'Ethan sont avérés. Il faut que j'aille voir Gaspard, et ce, le plus vite possible. Je commence à préparer des affaires. Ce soir, je vais aller au Ritz. Je prends dans ma penderie une robe de soirée blanche et des chaussures blanches à talons. Ma robe à bretelles est serrée sous la poitrine par une ceinture agrémentée d'un nœud, puis finit au dessus du genou. Elle est magnifique. Mon portable vibre. J'ai reçu un SMS de ma mère. Mon père et elle sont partis dîner avec des amis et ne devront pas rentrer avant trois ou quatre heures du matin. C'est parfait. J'enfile ma robe et mes chaussures, me détache les cheveux et attache autour de mon cou une chaîne en argent. Je me maquille légèrement et je crois que je suis prête. Je prends mon sac à main dans lequel je glisse une veste, puis j'appelle un taxi. Ce soir, je saurai.

 Ce soir, je saurai

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