Kate : Passons aux choses sérieuses

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Le récit de Gaspard m'avait fait fondre en larmes. Mes parents avaient été assassinés et je ne savais pas par qui. J'avais appris une chose dont l'importance n'était pas moindre : Gaspard était mon parrain, et Laëticia ma marraine. Je pourrai compter sur​ eux à l'avenir. Il restait encore quelques zones d'ombre dans mon esprit. Pourquoi Gaspard ne me l'avait-il pas dit quelques années plus tôt ? Pourquoi ne fréquentait-il plus mes parents adoptifs ? Qui m'avait privée de mes vrais parents ?
Gaspard s'était mis à pleurer, lui aussi. Je n'essayais même plus d'essuyer mes larmes. Tout ce dont j'avais besoin, à cet instant précis, c'était d'Ethan. J'avais besoin d'Ethan plus que jamais. Je me rendais compte que je l'aimais plus fort que tout, que mon histoire avec Thomas avait été dérisoire. Soudain, j'ai entendu un bruit de course, une assiette qui tombe et qui se brise, et Ethan est apparu. Il s'est arrêté, essoufflé. Sa mèche de cheveux lui retombait légèrement sur les yeux. Il l'a repoussée, et il s'est avancé vers nous. Je me suis jetée dans ses bras. Le reste m'importait peu. J'étais blottie contre lui et je me sentais plus en sécurité que nulle part ailleurs. Il m'a embrassée comme si nous étions seuls dans cette pièce immense. J'ai fermé les yeux. Il fallait qu'on s'en aille. Il fallait que je lise la lettre.
J'ai pris la main d'Ethan et nous avons traversé la cuisine sous le regard approbatif de Gaspard, sous les yeux éberlués des cuisiniers, qui décidément étaient bon public. Le couloir était bondé. Nous n'avons pas eu le choix : nous sommes entrés dans la salle du restaurant. Le Président était monté sur une table et buvait cul sec une bouteille de Château Margaux. De la musique sortait d'enceintes surdimensionnées et nous assourdissait. Je n'étais pas au bout de mes surprises. Parmi les ministres, les membres du gouvernement, femmes et hommes eméchés emmêlés dans une même danse, il y avait ces usurpateurs, ces menteurs qui se font passer pour mes parents depuis bientôt douze ans. Le sang bouillonnait dans mes veines. J'ai hurlé.

- Menteurs !!!

Le temps s'est arrêté. Tout s'est arrêté autour de moi, autour de nous. Ils ont tous arrêté de danser. Même la musique a semblé être moins forte que quelques secondes auparavant. Ils se sont tous tournés vers moi, comme des fantômes. Mon oncle m'a reconnue, ma tante a tourné vers moi des yeux apeurés. J'ai continué à parler.

- Prouvez-le moi ! Prouvez moi que vous n'êtes pas des assassins, en plus d'être des menteurs !

Ils étaient tous ivres, incapables de me répondre. L'assemblée a eu un instant de lucidité en m'entendant et s'est tournée vers ceux que j'apostrophais, stupéfaite par mes éclats de voix. Ethan m'a pris la main et m'a tirée vers la sortie. Peut-être n'aurais-je jamais dû faire ça, mais maintenant ils savaient. Je n'étais pas une gamine à qui on pouvait mentir comme bon lui semblait. Je voulais être moi, être libre et ne plus jamais les revoir. Ethan et moi avons couru vers la sortie. À la fin du tapis rouge, Gaspard nous attendait dans son Dodge Durango v8. Une nuée de journalistes a pris des dizaines de clichés de nous nous enfuyant dans la nuit noire. Pour tout vous dire, je n'en avais rien à faire.

 Pour tout vous dire, je n'en avais rien à faire

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