Excuse-moi

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Mathys

Lui, assis sur son lit d'hôpital. Moi, confortablement installé dans mon "fauteuil de psychologue". Je ne sais pas qui est le plus gêné. Je décide de reprendre la parole.

- Vous dîtes que vous avez passé votre enfance avec elle et qu'elle était votre meilleure amie. Vous lui aviez dit ce que vous ressentiez pour elle ?

- Non, parce que...

- Parce que ?

- Je pensais qu'elle le savait.

- Imaginez, Jonathan : vous avez tué quelqu'un. Ce n'est pas en regardant un lieutenant de police dans les yeux que vous avouerez votre crime.

- Ce n'est pas la même chose, proteste-t-il en soupirant.

- Si, un peu.

- Non, pas du tout !

- Alors pourquoi ne lui avez-vous pas dit ?

- Je lui ai dit !, s'écrie-t-il.

- Quand ?

- Hier...

- Mais hier, elle était sous le choc ! Vous veniez de faire une tentative de suicide, ce n'est pas anodin ! Elle s'est disputée avec vous auparavant, et ne voulait pas garder ça sur sa conscience alors elle est venue vous voir.

- Avec son nouveau copain.

- Nouveau ?

- Bah oui, entre temps, elle s'en était retrouvé un autre. Elle s'est fait larguer il y a une semaine, et elle a le temps d'en retrouver un autre. Que j'ai viré de ma chambre, d'ailleurs.

- Et... Vous avez parlé ?

- Elle m'a fait la leçon sur les conséquences d'une tentative de suicide, et après elle a culpabilisé quand je lui ai dit que je l'avais fait à cause d'elle.

- Vous lui avez dit ça ???

- Bah en même temps, c'était un peu de sa faute. Elle est partie avec son peintre et elle m'a friendzoné.

- Friendzoné ??? Pardon, je suis un peu largué en vocabulaire...

- Bah, elle m'a fait comprendre que ça n'irait pas plus loin que l'amitié entre nous.

- Et comment vous l'a-t-elle fait comprendre ?

- Je lui avais proposé de partir chez elle ou chez moi parce qu'elle avait fait un malaise, alors elle m'a dit que je connaissais le chemin, et comme je ne partais pas, elle m'a envoyé un sms pour me dire de partir sans elle.

Je prends en note sur mon carnet : "friendzoner". Ça peut toujours resservir lors de futures consultations avec des jeunes. Je suis de plus en plus largué, par contre, ça me fiche un de ces coups de vieux...

- D'accord. Comment avez-vous réagi ?

- Je suis reparti chez moi, vu que c'est ce qu'elle voulait, et on ne s'est pas revus jusqu'à ma tentative de suicide.

- Parlons-en, de cette tentative de suicide. Est-ce que ça a été pour vous une forme de protestation suite à votre entrée dans la friendzone ? C'est votre mère qui vous a découvert en pleine hémorragie et qui a appelé les urgences, vous saviez que ce n'était pas Kate qui vous découvrirait en première, alors pourquoi avoir voulu protester de cette façon ?

- C'est pas pour protester, c'est juste que j'en avais marre, vous voyez ? Ça fait douze ans que je connais Kate, et je n'ai pas été fichu de lui dire que je l'aimais, alors que c'était évident, je croyais que c'était pareil pour elle tellement c'était évident, vous comprenez ? De toute façon, personne ne m'a compris. Ma mère croit qu'elle ne s'occupe pas assez bien de moi, mon père ne m'adresse plus la parole, et il a même fallu que j'explique à Kate pourquoi j'avais voulu mourir. C'est désespérant, non ?

Passons aux choses sérieuses...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant