Une erreur ?

96 21 14
                                    

Kate est sortie de la pièce, et je ne comprends pas. Il y a deux minutes j'aurais pu jurer qu'elle m'aimait encore. J'ai essayé de la retenir, de lui montrer que j'avais fait une erreur et que je m'excusais pour ce que j'avais fait. Je l'aime bien plus que tout ce que j'aurais pu imaginer auparavant. C'est presque obsessionnel. J'ai besoin d'elle près de moi, j'ai besoin de l'aimer et voir qu'elle se détourne de moi me tue. Ça me tue. J'ai envie d'exister vraiment pour elle, comme pendant ces journées que nous avons passées ensemble chez Marc, à Montmartre, chez elle ou chez moi.
Je suis pathétique, les policiers retiennent à grand peine leur fou rire et m'ordonnent de déguerpir, ce que je fais à contrecœur. Je pousse la porte de la salle d'opérations pour revenir dans la salle d'attente. Là, je m'arrête. Mes parents n'osent plus se regarder, Jonathan est en pleine conversation avec la tante de Kate et des éclats de voix proches nous parviennent.
À ma vue, Jonathan, très BCBG, interrompt poliment sa conversation avec Julia Berkeley et vient à ma rencontre. Très arrogant, faussement gentleman. Les rôles se sont inversés. Maintenant, c'est moi qui bous de rage. Kate est inaccessible, Jonathan a les meilleurs rapports du monde avec elle. Il a gagné, j'ai perdu et je m'en mords les doigts.

- Comme on se retrouve..., ironise-t-il avec son sourire narquois.

- Quelle bonne surprise, je réponds sur le même ton.

- Tout va bien ?, s'enquiert-il, faussement poli.

- Ça va mieux ?, lui demandé-je avec un sourire mielleux.

- Oui, tout va bien, maintenant. Les envies suicidaires, ça vient après la friendzone. Faites attention à vous, d'ailleurs, me prévient-il.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je serre les poings. Il sait... Je dois me calmer, ne serait-ce que pour Kate. J'ai envie que ça change.

- Écoutez, Jonathan, je suis conscient que vous ne me portez pas dans votre cœur, mais je ne vous demande pas de m'aimer. Vous avez le droit de me détester, de penser que je suis, pardonnez-moi l'expression, le pire des connards, mais vous n'avez pas le droit de me le dire. Ne me le faites pas ressentir, s'il vous plaît. La seule chose que j'attends de vous, c'est du respect. C'est tout ce que je veux.

- Je suis particulièrement rancunier, Ethan. Mais j'accepte. Dans l'intérêt que nous portons mutuellement à Kate, et uniquement dans cet intérêt.

- Je peux vous tutoyer si ça ne vous dérange pas s'il vous plaît ?

Jonathan hoche la tête avec réticence. Il tient à son statut de "meilleur ami de Kate" qui le rend "supérieur".

- Je m'en veux de t'avoir rencontré de cette façon. Je me suis comporté n'importe comment avec Kate, j'ai paniqué. Je me demandais où était ma place, et si j'arriverais à la conserver. Tout s'est passé en moins d'une semaine, ça allait extrêmement vite. Au début, j'ai pu passer toutes mes journées avec elle, et peu à peu, elle s'est détachée de moi pour se tourner vers sa famille, ce que je comprends, dans un sens. Mais j'ai eu peur de perdre Kate. J'ai cru qu'elle avait fini par me remplacer par sa famille. Kate est devenue une part de moi, elle me manque horriblement. J'ai pris goût à la douceur de sa voix, à sa vie mouvementée, à son port de tête altier, à ses yeux envoûtants et à sa respiration régulière quand elle dort dans mes bras. J'aimerais qu'elle quitte son air brisé pour retrouver la beauté de son sourire. Mais bon, je comprends qu'elle ne veuille plus me voir. Si j'avais été à sa place, j'aurais sûrement fait la même chose, voir pire. Bonne journée, Jonathan. Tu diras bonjour à Kate de ma part, ajouté-je avant de tourner les talons.

Je traverse la salle d'attente en sens inverse et je quitte définitivement l'hôpital.

★★★

Passons aux choses sérieuses...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant