La fille que je préfère

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Quand j'arrive aux abords de chez moi, je me retrouve bloqué par une nuée de journalistes, caméras et micros en main. Je rajuste ma casquette et j'enfile mes lunettes de soleil par précaution. Je m'avance, timide, et c'est l'ouragan : tous les journalistes se ruent sur moi avec leurs caméras, leurs micros et leurs questions abracadabrantes.

- Vous êtes un voisin du couple Langlois ? Comment se passe la vie dans l'immeuble ? Quelles relations avez-vous avec eux ? Se disputaient-ils ? Parlaient-ils du meurtre de Laura et Arthur Berkeley ? Sont-ils infidèles ? Savez-vous où sont Ethan Langlois et Kate Berkeley ? Les connaissez-vous ? Ont-ils fait une fugue ou ont-ils été enlevés ?

Ce flot de questions me bouscule. Je tente de me frayer un chemin en faisant mine de leur répondre.

- Je ne connais pas Ethan Langlois et Kate Berkeley, ni Arthur, ni Laura, ni les Langlois. Je voudrais juste pouvoir rentrer chez moi.

Je m'avance vers le digicode, tape furieusement le code à l'abri des regards si possible et fais malencontreusement tomber ma casquette.

- Hé ! Regardez ! C'est Ethan Langlois !!!, s'écrie l'un des journalistes. Ethan Langlois !!! Où est Kate ?

En quelques secondes, je suis mitraillé de flashs éblouissants et quand je réussis à rentrer dans l'immeuble et à fermer la porte opaque derrière moi, je suis sûr qu'ils tiennent la une du jour avec ces photos. J'ai le souffle court, les mains tremblantes, et j'ai du mal à retrouver mes esprits. Je monte les marches de l'escalier quatre à quatre. À cet instant, je pense que l'ascenseur se révélerait trop lent pour ce que j'ai à savoir.

Je fouille mes poches pour retrouver mes clés, insère celle de l'appartement dans la serrure et évite de justesse un vase jeté contre le mur devant moi. Puis j'entends la voix de ma mère.

- Je le savais que tu aimais encore Laura ! Comment avons-nous pu fonder une famille, avoir un enfant et un foyer si tu n'as jamais pu l'oublier ?

- Mais elle est morte, Laëticia, tu comprends ? Morte ! Comment peux-tu être jalouse d'une morte ? Et de ta meilleure amie, qui plus est ?

- Tu l'aimes encore !, rugit ma mère. Tu l'as toujours aimée ! Et tu l'aimes toujours ! Comment as-tu pu me faire ça ?

Ils se statufient quand ils me voient dans le salon.

- Bon, si c'est à cause de ça que vous vous disputez, on n'est plus ensemble avec Kate. Si vous me cherchez, j'ai mon portable. Bonne journée !

Je leur tends mon sourire le plus angélique, puis je m'enfuis dans ma chambre. Je jette mes affaires dans un coin et je m'affale sur mon lit. Je lève les yeux vers mon oreiller : le livre de Kate est toujours là. Je repense aux questions des journalistes. Où est Kate ?  Mais pourquoi suis-je parti ? C'est sûr : il faut que je la rappelle. Mais malgré le fait que je l'appelle encore et encore, elle ne répond pas.

 Mais malgré le fait que je l'appelle encore et encore, elle ne répond pas

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