Passons aux choses sérieuses...

Page blanche

Kate

Une page blanche. C'est ça que je voulais nous accorder. Le droit à l'oubli. Je voulais effacer tout ce qui avait pu se passer avant, un peu comme une ardoise magique. On efface tout et on recommence. Ce n'est pas seulement à Ethan que je voulais accorder une seconde chance. C'était aussi à moi. Je n'étais pas particulièrement heureuse du déroulement de la semaine passée. J'avais bouleversé la vie de personnes qui étaient jusque là inconnues pour moi. J'avais brisé un couple. J'étais sûre que je n'étais pas étrangère à la supposée dispute de Gaspard et Laëticia, et je m'en voulais d'avoir ravivé des souvenirs presque disparus. Il suffisait de souffler sur les braises de la discorde. J'étais coupable. Nous étions tous coupables, mais nous pouvions nous rattraper. Il suffisait de s'en donner les moyens. Et j'étais prête à tout faire pour nous retrouver, Ethan et moi. Cette nuit, je ne voulais pas la regretter. J'avais bien l'intention d'aller partout où on nous interdisait d'aller, en boîte par exemple. Danser jusqu'à en perdre la tête sur les dalles lumineuses lors d'une des grosses soirées de la capitale était ce à quoi je pensais. Me promener dans la nuit avec Ethan, faire le tour de Paris by night, tout ça pouvait être fantastique.

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Ethan

- Tu as prévu quoi pour ce soir ?

- D'abord, énumère Kate, on va se changer, puis on va manger à Montmartre, et ensuite on va danser en boîte. Après, si on tient encore debout, on ira se promener. Ça te va ?

- On va faire chauffer la carte bleue, alors..., je fais remarquer.

- S'il n'y a que ça qui chauffe, réplique la plus belle fille du monde et son air taquin.

Un klaxon résonne bruyamment dans la rue. Je hausse un sourcil. Kate se lève.

- Ah, c'est pour nous !

Je me retourne et découvre, stupéfait, une limousine noire et infinie qui patiente, le moteur allumé. Un attroupement commence à se former, scrutant les vitres teintées. J'ai bien l'impression que ce sera une soirée extraordinaire.

- Quand tu fais les choses en grand, tu ne laisses rien au hasard, balbutié-je en souriant.

- On y va ?, me lance Kate. On a encore plein de choses à faire ensemble.

- Ça aurait été bête de tout arrêter, non ?

- Ça aurait été bête, oui, reconnaît-elle.

Kate prend ma main et nous nous précipitons dans la limousine, qui démarre en trombe. La voiture roule vite, et la nuit tombe sur la ville lumière. C'est magique, et beaucoup trop habituel pour tous les Parisiens blasés. Pour moi, la lune qui brille est tout simplement fantastique. La tête féminine qui repose sur mon épaule y est sûrement pour beaucoup. On dirait un conte de fées façon Disney.

La limousine s'immobilise avenue des Champs Élysées, devant un immeuble haussmannien accueillant une marque de vêtements de luxe. Le chauffeur nous ouvre la portière et Kate me conduit jusqu'à un showroom rempli de dizaines de robes de soirée, de costumes cravate, de chaussures, de sacs à main, de... Je n'ai pas assez d'yeux pour tout voir et je n'arrête pas de me retourner pour tenter d'apercevoir chaque vêtement. J'interroge Kate du regard.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ce sont les ventes privées demain, et comme nous ne pourrons pas y assister, j'ai simplement pris de l'avance. Ça aurait été dommage de nous en priver.

Je vais de surprise en surprise, et ça m'étonnerait que ça s'arrête un jour. Je vois les portants remplis de vêtements, et ça me rappelle vaguement quelque chose. C'était il y a quelques années déjà. J'avais quatre ans, et mes parents avaient invité Alden, Julia, Laura et Arthur à la maison. Sauf que cachée derrière ses parents, il y avait une petite fille timide et espiègle. Je me disais : "Comment faire pour qu'elle accepte de jouer avec moi ?". Je n'en menais pas large, en me tortillant d'un pied sur l'autre. Mon père avait saisi mon étrange manège et s'était agenouillé près de Kate pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Le visage de la petite fille curieuse s'est éclairé d'un sourire, et elle a glissé sa petite main dans celle de mon père, qui l'a conduite jusqu'au dressing de ma mère. Je les ai suivis. Kate rayonnait. Jamais elle n'avait vu autant de vêtements rassemblés en un seul endroit. De plus, elle ne pouvait pas imaginer que ma mère ne les portait plus, alors qu'elle les trouvait si beaux ! Kate s'est alors emparée d'un foulard rose qu'elle a jeté négligemment sur ses épaules, s'est parée d'un collier aux perles roses et d'un diadème de princesse factice pour se regarder dans la psyché. Puis elle a décidé de s'occuper de moi, de me déguiser. La petite fille malicieuse m'a vêtu d'un manteau bien trop long pour moi et a trouvé je ne sais où une couronne de roi. Elle m'a couronné roi et s'est autoproclamée reine, puis nous avons joué à nous poursuivre en riant. C'était la dernière fois que je voyais Kate avant cette année.

Je me mets alors à chercher parmi les portants une écharpe rose similaire, un collier de perles, un manteau bleu sombre. Kate sourit, s'approche de moi et me saisit la main, tout doucement, exactement comme elle avait pris la main de mon père.

- Je me souviens, tu sais, me souffle-t-elle.

- On s'était bien amusés, non ?, remarqué-je en serrant plus fort sa main dans la mienne.

- Mon roi..., me susurre Kate.

- Tu ne t'enfuiras pas, cette fois ?

- Seulement si c'est avec toi, m'assure-t-elle avant de m'embrasser. Un beau, long baiser. À en détrôner tous les films romantiques et les contes de fées irréalistes. Je frissonne et serre Kate contre moi.

Nous nous séparons à regrets, car plus la soirée dure plus nous perdons de temps. Nous nous avançons vers les vêtements, les chaussures, les bijoux, les accessoires... Kate choisit une robe bustier bleu marine, des escarpins assortis, un collier bleu sombre et or et une pochette noire. Je mets plus de temps à me décider. Finalement, j'opte pour un jean brut, une chemise bleu clair, une veste de costume bleu foncé et des chaussures en cuir. Pas très original mais ça devrait faire l'affaire.

Kate est la plus belle princesse au monde. Elle est splendide, et nous sommes prêts pour aller manger. Nous dévalons les escaliers pour revenir dans la limousine, garée prêt de l'immeuble. Direction : Montmartre.

Bonjour tout le monde ! 🙋🙋🙋

Je suis vraiment désolée, j'ai mis énormément de temps à écrire ce chapitre, et le pire, c'est que je n'ai aucune excuse. Je reviens le plus vite possible avec un nouveau chapitre. N'hésitez pas à aller faire un tour sur ma nouvelle histoire, "Prête à tout", si ça vous intéresse. Sur ce, bonnes vacances à vous !

Alice 😘💕