Ethan : Les contes de fées n'existent pas

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Ce soir, même un plat du Ritz cuisiné par mon père ne m'apporte aucun réconfort. Je n'arrête pas de penser à Kate. Ça m'obsède. Je me demande comment elle gère ça, parce que je ne sais pas comment je ferai à sa place. En face de moi, Laurent, le sous-chef, vérifie chaque assiette qui sort des cuisines avec application. Il est tellement rigoureux que j'en rigole tout seul, quitte à paraître complètement fou. Matthew, un cuisinier qui s'occupe des viandes, vient vers nous. Il s'arrête un peu plus loin et s'adresse à Baptiste, qui dresse une assiette.

- Tu sais quoi ? Le chef est revenu. Et pas tout seul, figure-toi. Il y avait une fille qui le suivait. Très jolie, d'ailleurs. Un peu jeune, mais jolie.

- Silence, le rabroue Baptiste. Tu n'as pas vu le gamin ! T'as de la chance, il n'a pas dû entendre. Tu vas te faire virer si tu continues à être aussi discret !!!, le prévient-il.

Sauf que j'ai entendu, messieurs, ai-je envie de leur dire. Bon, les cuisiniers font une fixette sur cette fille. Mais mon père n'est pas stupide. Si, et je dis bien si il avait une maîtresse, plus jeune de surcroît, jamais il n'aurait la bêtise de s'afficher avec elle dans les cuisines, là où des dizaines de paires d'yeux se feraient un plaisir de les épier. Il y a des limites à la folie, quand même. Cette histoire de maîtresse, je n'y crois pas. Mon père est plus subtil que ça. Si il est allé dans les cuisines avec cette jeune fille, il était conscient d'être vu de tous. Et si c'était... Je me retourne brusquement vers les deux cachottiers et dans un élan d'espoir je hurle presque.

- Matthew ! Où sont-ils allés ?

Matthew délaisse son entrecôte pour me répondre.

- Près du garde-manger, pourquoi ?

Je n'ai que faire de lui répondre, je saute de mon siège et je me précipite au garde-manger. Je manque de heurter Benoît qui tient un plateau sur lequel des coupes de champagne sont en équilibre. Au garde-manger, je m'arrête, surpris. Mon père est en grande discussion avec Kate, et ils s'interrompent dès qu'ils me voient. Kate est... sublime. Elle porte une robe de soirée blanche et des chaussures à talons, et ses cheveux détachés encadrent son visage baigné de larmes. J'ai le souffle coupé, car même triste elle est resplendissante. Je ne me rends pas compte que des larmes silencieuses coulent le long des joues de mon père. Je ne vois que Kate qui pleure à chaudes larmes. Elle sait enfin. Elle sait qu'on lui a menti. Je m'avance doucement vers eux et Kate se blottit contre moi, secouée par les sanglots. Je la prends dans mes bras et l'embrasse. Ses lèvres ont un goût salé.

- Je t'aime, me murmure-t-elle à l'oreille. Je t'aime tellement.

À cet instant, je sais que rien ne pourra jamais nous séparer.

À cet instant, je sais que rien ne pourra jamais nous séparer

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